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pièce de théâtre avant l'âge de quatorze ans. Il acheva de bonne heure ses études à l'université, et s'attacha ensuite à quelques protecteurs qu'il avait trouvés à la cour. Peu satisfait cependant de ses premiers pas dans le monde, il s'engagea comme simple soldat, et fit quelques campagnes en Italie et dans les Pays-Bas. Ce nouveau genre de vie ne l'empêcha pas de cultiver les lettres, et la réputation de son talent pour la poésie dramatique, qui se répandit bientôt en Espagne, fit espérer au public un poète égal ou même supérieur à Lope de Véga. Le roi Philippe IV, qui fit plus de dépenses pour le théâtre qu'aucun de ses prédécesseurs, et qui daigna même composer quelques pièces, crut avoir trouvé dans Calderon l'homme qu'il lui fallait pour donner un grand éclat au théâtre de la cour. Il l'appela à Madrid en 1636, et le fit bientôt après chevalier de Saint-Jacques. Depuis ce moment, Calderon fut enchaîné à Madrid, et son jeune monarque, qui ne connaissait pas d'affaire plus importante que les fêtes et les amusements, eut soin de l'entretenir dans une perpétuelle activité. Aucune dépense n'était épargnée pour représenter avec toute la pompe imaginable les pièces par lesquelles Calderon contribuait aux plaisirs de la cour. On lui demandait aussi des conseils pour l'ordonnance des fêtes et des solennités publiques; il fut consulté, par exemple, pour l'érection de l'arc de triomphe sous lequel la nouvelle reine, Marie d'Autriche, devait faire son entrée en Espagne.

Dans la cinquante-deuxième année de son âge,

Calderon se consacra à l'Église sans renoncer entièrement à ses occupations précédentes; mais il donna depuis la plus grande partie de son temps et de ses soins à ses autos ou comédies du SaintSacrement, qui obtinrent la préférence sur toutes les pièces du même genre antérieures aux siennes. Admiré de sa nation, et richement pourvu de bénéfices, de pensions et de gratifications honorifiques, il atteignit à un âge très avancé. Ses pièces ont éclipsé la renommée de toutes celles que ses prédécesseurs et ses contemporains avaient données au théâtre; mais l'auteur, dans sa vieillesse, attachait peu d'importance à ses comédies profanes. Le duc de Veragua l'ayant prié, par une lettre très flatteuse, de lui envoyer une liste complète de toutes ses pièces, parce que les libraires vendaient souvent des pièces d'autres auteurs sous le nom de Calderon, celui-ci, alors âgé de quatre-vingts ans, n'envoya au duc que la liste de ses autos. Dans la lettre qu'il y joignit, il témoigne son mécontentement contre les libraires qui ont mis sous son nom des ouvrages étrangers, tandis qu'il avait déjà bien assez de ses propres fautes, et qui ont encore tellement défiguré ses propres ouvrages, qu'à peine pouvait-il les reconnaître au titre. Il ajoute qu'il veut suivre leur exemple, et ne pas faire plus de façons qu'eux avec ses pièces; mais que, pour l'amour de la religion, il met plus d'importance à ses autos*.

On trouve la lettre du duc de Veragua et la réponse de Calderon avec les listes qui y ont rapport, dans le Théâtre espagnol publié par La Huerta, part. II, t. 3.

Calderon mourut en 1687, âgé de quatre-vingtsept ans. Ses comédies furent imprimées plusieurs fois de son vivant, et son frère Joseph Calderon en donna une édition en 1640, mais Calderon n'eut aucune part à ces éditions partielles ; et quant à l'édition complète de toutes ses pièces, que son ami Juan de Vera Tassis y Villaroel entreprit en 1685, il n'est guère possible de croire que Calderon, à l'âge qu'il avait alors, ait pu y prendre même assez de part pour établir l'authenticité de tout ce que ce recueil renferme. On peut donc mettre en question si les cent vingt-sept comédies qui portent le nom de ce poète sont toutes, et sont entièrement de lui. Ce doute est d'autant plus permis, que Juan de Vera Tassis, qui a commencé ce recueil, porte le nombre des autos de Calderon à quatre-vingtquinze, tandis que Calderon, dans sa liste adressée au duc de Veragua, ne compte que soixante-huit de ces derniers, en y comprenant même ceux qui ne sont point imprimés; et il n'est guère croyable qu'il en eût fait encore vingt-sept après avoir passé sa quatre-vingtième année *.

Schlegel a traduit en allemand ses meilleures pièces, dont deux, Le Prince constant, et La Vie est un Songe, ont été jouées avec succès sur le théâtre de Weimar.

La meilleure édition des oeuvres de Calderon est

* En lisant les pièces de Calderon que La Huerta a insérées dans son Théâtre espagnol, on ne fait qu'imparfaitement connaissance avec le génie de ce poète : car toutes ces pièces, à l'exception de deux, sont des comédies de cape et d'épée.

VI.

15

TAYLOR

INSTITUTION

UNIVERSITY 3 1 MAR 1960

OF OXFORD

LIBRARY

1

ΙΟ

la dernière, réimprimée à Madrid, en 1760, 10 vol. in-4°.

BOUTERWECK, Histoire de la Littérature espagnole.

JUGEMENTS.

I.

Les autos sacramentales ont déshonoré l'Espagne beaucoup plus long-temps que les Mystères de la Passion, les Actes des Saints, nos Moralités, la Mère sotte, n'ont flétri la France. Ces autos sacramertales se représentaient encore à Madrid il y ́a très peu d'années. Calderon en avait fait pour sa part plus de deux cents.

Une des plus fameuses pièces, imprimée à Valladolid, sans date, et que j'ai sous les yeux, est la Dévotion de la Missa. Les acteurs sont un roi de Cordoue mahométan, un ange chrétien, une fille de joie, deux soldats bouffons, et le diable. L'un de ces deux bouffons est nommé Pascal Vivas, amoureux d'Aminte. Il a pour rival Lelio, soldat mahométan. Le diable et Lelio veulent tuer Vivas, et croient en avoir bon marché, parce qu'il est en péché mortel : mais Pascal prend le parti de faire dire une messe sur le théâtre et de la servir; le diable perd alors toute sa puissance sur lui.

Partout ailleurs, un tel spectacle aurait été une profanation que l'inquisition aurait cruellement punie, mais en Espagne, c'était une édification.

D'autres pièces, en très grand nombre, ne sont point sacramentales : ce sont des tragi-comédies et même des tragédies; l'une est la Création du monde,

l'autre les Cheveux d'Absalon. On a joué le Soleil soumis à l'homme, Dieu bon payeur, le Maitre-d'hótel de Dieu, la Dévotion aux trépassés; et toutes les pièces sont intitulées : La famosa comedia.

Qui croirait que dans cet abîme de grossièretés insipides il y ait de temps en temps des traits de génie, et je ne sais quel fracas de théâtre qui peut amuser, et même intéresser.

Peut-être quelques-unes de ces pièces barbares ne s'éloignent-elles pas beaucoup de celles d'Eschyle, dans lesquelles la religion des Grecs était jouée comme la religion chrétienne le fut en France et en Espagne.

Qu'est-ce en effet que Vulcain enchaînant Prométhée sur un rocher, par ordre de Jupiter? qu'estce que la Force et la Vaillance, qui servent de garçons bourreaux à Vulcain, sinon un auto sacrementale grec? Si Calderon a introduit tant de diables sur le théâtre de Madrid, Eschyle n'a-t-il pas mis des furies sur le théâtre d'Athènes? Si Pascal Vivas sert la messe, ne voit-on pas une vieille pythonisse qui fait toutes ses cérémonies sacrées dans la tragédie des Euménides? la ressemblance me paraît assez grande.

Les sujets tragiques n'ont pas été traités autrement chez les Espagnols que leurs actes sacramentaux, c'est la même irrégularité, la même indéla même extravagance. Il y a toujours eu un ou deux bouffons dans les pièces dont le sujet est le plus tragique. On en voit jusque dans le Cid. Il n'est pas étonnant que Corneille les ait retranchés.

cence,

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