Obrazy na stronie
PDF
ePub
[merged small][merged small][merged small][ocr errors]

AVANT-PROPOS

I

Ce second volume des Sermons est le plus remarquable de toute la collection des Euvres de saint François de Sales au point de vue des matières inédites dont il est enrichi. On pourrait même dire que le volume entier est inédit, puisque sur les quatre-vingt-quinze pièces qu'il contient, neuf seulement ont été précédemment publiées.

Mais, à l'importance des matières, ce volume joint un autre mérite; car nous pouvons affirmer qu'il n'est aucune partie de la publication dont les éditeurs soient en mesure de garantir l'authenticité d'une manière aussi absolue. Pour les ouvrages précédents, il leur a fallu souvent se contenter de fixer le texte d'après les éditions princeps; quant à celui-ci, ils ont eu les Autographes entre les mains durant plusieurs années, ce qui leur a permis d'en contrôler avec un soin minutieux toutes les spécialités, d'étudier et de reproduire les abréviations, les renvois, les notes marginales, etc.

L'ordre chronologique suivi dans le tome VII pour la répartition des pièces, est conservé en celui-ci; les conjectures qui en justifient le classement sont même beaucoup mieux fondées; mais il n'a pas été ordinairement besoin de recourir à des conjectures, car la majeure partie des sermons sont datés par le saint Orateur lui-même.

SERM. II

A

Dans le cas contraire, la date attribuée à chaque pièce est justifiée par une note spéciale.

Cependant, nous ne nous le dissimulons pas, après la lecture du volume précédent, celui-ci réserve peut-être quelque déception à une certaine classe de lecteurs. Ils se persuadent que saint François de Sales, fidèle à la coutume prise en sa jeunesse d'écrire ses sermons in extenso, allait, pendant la brillante période de son épiscopat, composer des discours encore plus étendus et rédigés avec plus de perfection. Ainsi devaient procéder un peu plus tard les maîtres de l'éloquence sacrée en France; mais, pour l'Evêque de Genève, il n'en alla pas de la sorte. Libre de ses loisirs et défiant de ses propres ressources, il avait pu, durant les premières années de son apostolat, donner beaucoup de temps et de soin à la préparation de ses sermons; dans la suite l'Orateur est plus sûr de son talent, ou plutôt le Saint se confie davantage en l'Esprit du Père céleste qui parle par sa bouche. Il n'écrit plus de discours suivis ce sont des sommaires, des plans, parfois des notes fort brèves, une simple réunion d'extraits de la Sainte Ecriture. Mais à travers ces ébauches, apparaissent fréquemment des divisions claires et méthodiques, des rapprochements inattendus, des applications aussi neuves qu'ingénieuses des textes sacrés; toujours une profondeur de doctrine, une richesse de pensées, une fraîcheur d'imagination qui étonne autant qu'elle ravit.

Qu'on nous permette de le dire, nulle part notre Saint n'est plus lui-même que dans ces canevas tracés souvent à la hâte, et toujours sans prétention aucune de réputation et de gloire humaine. Ordinairement il compose en latin, au courant de la plume, dans l'impétuosité de l'inspiration; s'il arrive que l'expression propre lui échappe, sans s'interrompre, il l'écrit en français, réunit parfois plusieurs synonymes, et passe outre avec autant d'aisance et de rapidité que s'il n'eût rencontré aucune hésitation. D'autres fois, craignant de ne pas trouver dans la langue de Virgile des nuances assez douces pour refléter toute la tendresse de ses sentiments,

[ocr errors][ocr errors]

c'est une ou même plusieurs phrases françaises qu'il intercale dans sa rédaction latine (voir, par exemple, p. 119). On goûte un charme secret à le surprendre dans ce travail; et, pour peu que l'esprit soit accoutumé à vivre dans l'intimité de notre Saint, il n'a pas de peine à saisir la pensée qu'il laisse inachevée, les développements qu'il indique à peine, les comparaisons qu'il énonce à demi. C'est quelque chose de la noble jouissance que ressent un amateur des beaux-arts lorsqu'il se trouve en présence de l'œuvre à peine ébauchée d'un grand maître la pureté des lignes lui laisse deviner ce que seront la majesté de l'ensemble, la grâce des détails, le fini de l'ornementation, et ce qu'il pressent le ravit plus encore que ce qu'il aperçoit. Telle est, nous n'en doutons pas, l'impression qu'éprouveront les lecteurs de ce second volume des Sermons de saint François de Sales.

Cependant, des jouissances d'un ordre plus élevé les attendent. Assurément on est accoutumé à trouver dans l'Evêque de Genève l'homme supérieur, aussi remarquable par la fécondité de son génie que par l'étendue de son érudition. Mais ici c'est le Docteur de l'Eglise qui nous apparaît dans le plein exercice de sa mission; il enseigne avec une précision, une fermeté qui subjuguent et ne laissent place ni au doute ni à la moindre tergiversation. A ses accents, on reconnaît bien l'Apôtre du Chablais, prêchant avec autant de feu et plus d'éloquence encore que dans sa jeunesse les dogmes fondamentaux de notre croyance : la vertu des Sacrements, l'autorité de la Tradition, la divinité de l'Eglise, l'infaillibilité du Pontife romain. Ses discours, aussi bien que le Traité des Controverses, contiennent des sentences qui, réfutant d'avance les hérésies modernes, préviennent de trois siècles les décisions du Concile du Vatican. Il en est qui mériteraient d'être écrites en lettres d'or, celle-ci par exemple (p. 286):

PAPA ERRARE NON POTEST EX CATHEDRA DOCENS.

II

Dans l'Avant-Propos du tome précédent, nous avons jeté un coup d'œil rapide sur la première période de la carrière oratoire de saint François de Sales, période qui correspond à sa prévôté (1593-1602). La seconde époque peut encore se subdiviser en deux parties très marquées : l'une qui embrasse les six années comprises entre le sacre du saint Evêque et la composition de l'Introduction à la Vie devote (1602-1608); l'autre, de moitié plus longue et aussi de beaucoup la plus brillante, qui se prolonge jusqu'à la mort de notre Saint (1608-1622).

Quelque belles que fussent les années de sa jeunesse, elles n'étaient, comparées à celles de son épiscopat, qu'une aurore auprès du plein midi. L'expérience acquise dans la mission du Chablais, un séjour assez prolongé à Paris, pendant lequel il s'était mis en rapport avec les meilleurs esprits de son temps, avaient développé en lui toutes les qualités qui constituent l'orateur : justesse d'appréciation, élévation de pensées, onction pénétrante, sûreté et étendue de doctrine, connaissance approfondie des besoins et des misères de ses contemporains. Que l'on joigne à ces dons une diction toujours claire et soignée, la noblesse du geste, la grâce de l'élocution. et par dessus tout, le prestige de la sainteté, et l'on ne s'étonnera pas que l'Evêque de Genève ait possédé au plus haut degré le don de convaincre les esprits et de toucher les cœurs.

On peut se figurer quelles sympathies lui étaient acquises, quand, à trente-cinq ans, il prit possession de son siège épiscopal. Se souvenant que, d'après le Concile de Trente, «< la prédication est le principal devoir d'un Evêque, » notre Saint se prodigua sans mesure à son peuple. Sa parole avait une puissance irrésistible et un

[ocr errors][ocr errors][ocr errors]
« PoprzedniaDalej »