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Conquête de l'Angleterre par les Normands.

11; mécon

rassent les droits tradi tionnels du Saint-Siège.

d'aller à Rome même remercier Dieu de ses bienfaits. Il ne tint pas au monarque que sa promesse ne fût accomplie ; mais les affaires de l'état exigeaient sa, présence, et Léon IX, plus désireux encore de voir refleurir l'Église et la monarchie anglosaxonne que de presser sur son cœur le vertueux descendant d'Alfred, d'Egbert, d'Offa et de tant d'autres rois, commuait son vœu et l'autorisait à remplacer son pèlerinage au tombeau des saints Apôtres par la construction d'un monument digne de sa piété. Telle fut l'origine de cette majestueuse abbaye de Westminster, à laquelle se rattachent tant de souvenirs religieux et patriotiques, et qui fut comme le dernier mais impérissable témoignage de la foi des rois anglo-saxons au déclin de leur puissance.

Quelques années plus tard, en effet, Guillaume-le-Bâtard abordait avec ses Normands sur les côtes d'Angleterre, et sa rapide conquête commençait comme une ère nouvelle dans l'histoire de ce royaume. La domination des vainqueurs présente tout d'abord les caractères les plus opposés aux sentiments et aux habitudes des vaincus. Autant les dynasties anciennes avaient été reconnaissantes envers le Saint-Siège et dévouées à l'Église romaine, autant les rois normands se montrent pour l'ordinaire égoïstes, jaloux et hautains. Les princes anglo-saxons n'avaient jamais considéré le Pape que comme le père commun de tous les fidèles; ils vénéraient dans les évêques des hommes de Dieu, souvent aussi riches en science qu'en vertu ; ils se plaisaient à multiplier, à resserrer les liens d'union intime qui attachaient l'Angleterre à la Chaire apostolique, d'où par saint Grégoire leur était venue la lumière de la foi. Une brusque réaction se produit aussitôt. que les Normands sont au pouvoir, et elle ne tarde pas à exciter des violences, dont les résultats passagers n'étaient rien auprès des calamités dont elles devaient être un jour la source. Le Pape, à leurs yeux, ne cesse pas, il est vrai, d'être le chef de l'Église universelle et le père commun des chrétiens; mais on le regarde surtout comme un prince étranger. Des évêques seront encore appelés de la solitude du cloître au gouvernement des églises; mais le plus souvent les fils cadets des familles nobles y scront poussés par l'ambition et l'avarice. On reconnaîtra avec respect les doctrines catholiques et les décisions dogmatiques du Saint-Siège; mais on flétrira du nom d'abus ces privilèges ou même ces libertés inhérentes à sa cons

titution, dont l'Église avait joui de temps immémorial en Angleterre. Ainsi la royauté normande, cupide, licencieuse, opiniâtre et surtout jalouse de domination, vint se heurter violemment contre des droits que les rois anglo-saxons avaient toujours reconnus et respectés. Habiles à se prévaloir de la faiblesse des prélats courtisans ou de la condescendance peu réfléchie de ceux à qui la résistance paraissait dangereuse, les successeurs de Guillaume-le-Conquérant prescrivaient, après quelques années, contre le droit, et établissaient en coutumes incontestables du royaume des actes que la crainte avait fait tolérer pour un temps. De là les persécutions brutales exercées par les rois les plus vicieux de la race normande contre les plus saints archevêques de Cantorbéry, qui tentaient de les arrêter dans cette voie d'arbitraire et de despotisme, comme Lanfranc, saint Anselme, saint Thomas Becket et tant d'autres. De là aussi ces luttes que durent soutenir les Papes, défenseurs nés de la liberté de l'Église et des peuples aussi bien que de l'autorité des rois et des princes.

Toutefois, au milieu de ces discussions et de ces débats irritants, le dépôt sacré de la foi n'eut jamais à souffrir.

Aussi, quand l'hérésiarque Wiclef commença à prêcher ses crreurs dans le royaume, un cri de réprobation et de colère s'éleva contre le novateur sacrilège. Ce cri ne fut ni moins fort ni moins général quand Luther osa s'attaquer au Chef suprême de la chrétienté; et l'Angleterre donna alors, dans la personne de son jeune monarque, un témoignage de fidélité à la Chaire de Pierre unique dans l'histoire et digne des plus beaux siècles de l'Église. Henri VIII se constituait lui-même le champion du Saint-Siège, et l'adversaire de Luther et de ses erreurs. A la face du monde catholique, il lui jette hardiment le défi «de nier que la communion chrétienne tout entière ne salue dans Rome sa mère spirituelle. Il déclare que rien au monde n'égale son dévouement au Siège Apostolique et qu'il ne pourra jamais trop faire pour l'honorer. » Henri VIII enfin, par son zèle et par ses écrits, méritait d'ajouter à son titre royal celui de Défenseur de la Foi, qu'il transmettra à tous ses successeurs au trône d'Angleterre. Hélas! qui eût pensé que ce roi si dévoué au vicaire de Jésus-Christ allait lui-même devenir son plus implacable ennemi, et que ce défenseur de la foi aurait pour successeur un fils hérétique et persécuteur?

Mais ils respectent le dé pôt de la foi.

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393909 Le Schisme. WDSFOS AVSKOS

C'E

'EST, en effet, au règne du royal antagoniste de Luther que se rattache l'histoire de l'hérésie en Angleterre et de toutes les persécutions qui en ont été la suite. C'est à Henri VIII qu'il faut remonter pour comprendre et expliquer les phases diverses de l'erreur dans ce royaume, depuis l'origine du schisme sous ce prince jusqu'au fatal triomphe de l'anglicanisme sous sa fille Elisabeth. Seule, une passion criminelle suffit pour détruire, en quelques années, toutes les espérances que l'Église semblait pouvoir établir sur un prince si ferme dans sa foi, et pour faire succéder aux effusions de l'amour et du respect envers le Saint-Siège les colères et les violences de la plus implacable haine. Cartel a été le caractère distinctif de la révolution religieuse opérée en Angleterre; et s'il est vrai qu'il n'est point de nation hérétique qui se soit moins éloignée du symbole de l'Église catholique, il l'est également que nulle n'a poussé plus loin son animosité contre elle. Ainsi l'enfant le plus aimé et le plus comblé des bénédictions de sa mère devait être celui qui lui déchirerait le sein avec le plus de fureur et d'opiniâtreté. La reconnaissance lui avait inspiré dans les siècles passés des actes de piété héroïques; son ingratitude le poussera à tous les crimes qu'inspire la vengeance la plus dénaturée.

Le premier de ses crimes fut le schisme, qui, à cette époque d'insubordination orgueilleuse, ouvrait la porte à toutes les crreurs de l'hérésie. Les faits le proclament hautement, et les historiens anglicans eux-mêmes sont unanimes à le reconnaître. « Si nous considérons, dit le docteur Burnet, évêque anglican de Salisbury, les grandes choses qui ont été faites par Henri VIII, nous devons reconnaître que ce fut une providence signalée de Dieu que l'élévation au trône d'un prince de son caractère, pour éclairer la voie à cette œuvre bénie qui s'ensuivit. Aussi puis-je très convenablement lui appliquer la spirituelle pensée d'un écrivain ingénieux, qui compare Luther à un postillon aux bottes cirées et aux habits couverts d'huile, lançant ses chevaux à travers tout et éclaboussant tout sur son passage. >>

« Ce caractère convient mieux au roi Henri (sauf le respect dù à sa couronne). lequel, comme un postillon de la réforma

tion, lui trace un chemin à travers toutes sortes de boues et d'ordures. Il abolit le pouvoir du pape, il supprima les monastères et déclara que l'Église d'Angleterre, avec l'autorité et le concours de son chef, le roi, pourrait examiner et réformer toutes les erreurs et corruptions, soit dans la doctrine, soit dans le culte. Mais, au milieu de tous ses changements, il semble que le monarque ne voulait qu'intimider la cour de Rome et contraindre le pape à se rendre à ses désirs. Dans son cœur, en effet, il resta toujours attaché à quelques-unes des opinions les plus extravagantes de cette Église, de telle sorte que, jusqu'à la fin de sa vie, il fut plus papiste que protestant (1).»

Ainsi trompé par sa passion qui le poussa au schisme, Henri VIII le fut également par ses principaux conseillers. Eux, après lui, entraînèrent la nation dans l'hérésie, en dépit des rigueurs par lesquelles ce prince, aussi aveugle que criminel, voulait arrêter ses sujets devant l'abîme entr'ouvert sous leurs pas. Deux hommes surtout concoururent à cette œuvre impie, Thomas Cromwell et Thomas Cranmer. Le premier, fils d'un foulon des environs de Londres, soldat aventurier en Italie, boutiquier à Venise, puis attaché au service du cardinal Wolsey, ministre de Henri VIII, gagna la confiance du monarque par ses résolutions hardies et violentes contre la cour de Rome. Luthérien ou zwinglien de croyance, il dissimula habilement ses opinions et n'en afficha d'autres que celles qui pouvaient flatter les passions du maître. Tel est l'homme qui, après avoir reçu le titre inoui de vicaire-général du roi pour les choses spirituelles, siège dans les convocations du clergé, ou même s'y fait remplacer par un secrétaire, pour porter des ordonnances ecclésiastiques. A ses côtés paraît Cranmer, qui, deux fois marié déjà et luthérien de cœur, reçoit la consécration épiscopale et fait les serments prescrits par la liturgie romaine, après avoir protesté en secret et consommé dans son âme sacrilège le premier de ses nombreux parjures. Ces deux courtisans du pouvoir, qu'on pourrait appeler les mauvais génies de Henri VIII, poussent, durant de longues années, leur audacieuse dissimulation et leur servilité dégradante jusqu'aux dernières limites de l'infamie.

Que si l'on demande comment ces deux hommes, le premier détesté de la noblesse, le second suspect et même odieux 1. Burnet, Hist. of Reform. Préface,

Thomas Cromwell et Cranmer.

Cupidité de

la noblesse.

Faiblesse de éiscopat.

à l'immense majorité du clergé, ont pu exercer une telle influence et devenir les arbitres de toutes choses en Angleterre, la raison s'en trouve dans la condition même de ces deux grands corps, qui avaient abandonné l'un et l'autre le véritable sentiment de leur dignité et de leurs droits avec celui de leurs devoirs.

La noblesse, tombée de lassitude et d'épuisement aux pieds de Henri VIII après les guerres civiles des deux Roses, avait perdu tout à la fois son antique puissance et cette énergie qui l'avait si bien servie dans d'autres temps. L'amour du plaisir succédait aux fatigues des combats; l'orgueil de la domination, après avoir fléchi devant la royauté victorieuse, se relevait plus opiniâtre et plus fier devant le clergé et le peuple; et enfin la cupidité, que stimulaient encore des pertes énormes et récentes, faisait jeter un regard d'envie sur les biens de l'Église, si propres à les réparer. La noblesse, préparée à la spoliation et à la licence, était presque gagnée à l'apostasie.

Le clergé, affaibli dans sa discipline, avait également subi les funestes résultats de la lutte entre les maisons d'York et de Lancastre. Soit crainte, soit illusion ou séduction peut-être, l'épiscopat d Angleterre donna sous le règne de Henri VIII le plus triste comme le plus humiliant spectacle. La défection fut générale; et si l'on excepte le noble et courageux évêque de Rochester, pas un des évêques du royaume n'ouvrit la bouche pour protester contre de sacrilèges violences et répéter la parole évangélique du Précurseur au nouvel Hérode: Non licet, << il n'est pas permis. » Jean Fisher seul l'osa, et sa tête, comme celle de Jean-Baptiste, tomba sous le fer du bourreau. Ainsi, le sel de la terre s'était affadi dans l'Angleterre, et les flambeaux qui devaient éclairer cette nation étaient eux-mêmes enveloppés de ténèbres. Plus occupés de leurs intérêts que de ceux de JÉSUS-CHRIST, tous les premiers pasteurs abandonnèrent cette Église dont le Saint-Esprit leur avait confié le gouvernement, pour se faire les instruments des caprices d'un prince de la terre. Il faut l'avouer en gémissant, la faute de l'épiscopat fut immense, et rien ne peut en atténuer la gravité. Dès les premiers jours où la question du divorce de Henri VIII fut agitée, le clergé avait pu voir le fond de l'abîme où on voulait l'entraîner, et les actes par lesquels on attaqua aussitôt sa hiérarchic sacrée et ses inaliénables droits, devaient lui faire pressentir les coups plus rudes qui lui seraient portés dans la suite.

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