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est présent réellement, sous les espèces du pain et du vin, le corps naturel du Christ, conçu de la Vierge Marie, et aussi son sang naturel.

Pareillement, qu'après la consécration, la substance du pain et du vin ne reste pas, ni aucune autre substance, si ce n'est la substance de l'Homme-Dieu.

Pareillement, que dans la messe est offert le vrai corps de Jésus-Christ et son vrai sang, sacrifice propitiatoire pour les vivants et pour les morts.

Pareillement, qu'à l'apôtre saint Pierre et à ses successeurs légitimes sur le Siège Apostolique, comme vicaires du Christ, a été donnée la puissance suprême de paître et de gouverner l'Église militante du Christ et

de confirmer ses fidèles.

Pareillement, que le pouvoir de traiter des matières qui regardent la foi, les sacrements et la discipline ecclésiastique, et de les définir, a toujours appartenu jusqu'à présent, et doit appartenir uniquement aux pasteurs de l'Église, que l'Esprit-Saint a placés à cette fin dans l'Église de Dieu, et non à des laïques.

Laquelle déclaration, attestation de notre foi, nous offrons, par les présentes et pour les raisons susdites, à vos Paternités, nous, membres du clergé inférieur, afin que, puisqu'il ne nous est pas possible de notifier autrement nos sentiments et notre intention à ceux qui y sont intéressés, vous, qui êtes nos pères, vous vouliez les faire connaître aux ordres supérieurs. Or, en cela, nous le croyons, vous remplirez un devoir de charité et de piété, vous pourvoirez (comme il convient) au salut de votre troupeau, et vous assurerez vous-mêmes vos âmes (1). »

1. Wilkins, IV, 179, cité par Tierney. Dodd's Church History, vol. II, p.

CCLX.

Ce fut dans les premiers jours de mars que la convocation présenta cette profession de foi à la chambre des lords. Le 10 du même mois, Bonner, évêque de Londres, informait les membres qui l'avaient souscrite, qu'une copie, envoyée à Oxford et à Cambridge, avait été signée par les deux universités du royaume. Mais que pouvaient ces protestations de la foi et de la conscience contre la haine et la peur conjurées ? Poussé par la reine et ses ministres, le parlement n'en devenait que plus lâchement opiniâtre dans sa résolution de rompre avec l'unité catholique. Les avertissements, toutefois, et les sages conseils ne manquèrent point à cette assemblée, et même, avant de consommer la grande iniquité, elle eut encore à entendre une de ces voix solennelles qui semblent comme un dernier avertissement du ciel aux peuples entraînés sur les bords de l'abîme.

Ce nouveau champion qui descendait dans l'arène était l'abbé de Westminster, l'un des hommes les plus vénérables du royaume. Né de parents pauvres au territoire de Winchester, Feckenham s'était fait remarquer de bonne heure par cet ensemble de qualités qui commandent le respect. L'université d'Oxford lui avait donné la science; il avait achevé de se former à la vertu dans l'abbaye d'Évesham. Chassé comme ses frères de cet asile sous Henri VIII, il le fut plus tard encore par les courtisans d'Édouard VI enfant. En présence de l'hérésie qui pénétrait de toutes parts dans le royaume, Feckenham, sans crainte du danger, se posa en défenseur de la foi. Sa parole était redoutée : on le condamna à finir ses jours à la tour de Londres. Mais à peine Marie Tudor fut-elle parvenue au trône qu'elle l'appela dans ses conseils, et lui confia le rétablissement

de l'antique abbaye de Westminster. L'abbé s'acquitta de cette mission avec sagesse. Sa piété douce et éclairée, son inépuisable charité envers les pauvres, son attention à secourir les plus secrètes infortunes, lui avaient gagné tous les cœurs. Élisabeth elle-même, si elle ne fut pas sensible à ses vertus, parut l'être du moins à sa bienveillance, alors que des menées coupables contre sa sœur l'exposèrent aux justes rigueurs du pouvoir. L'humble bénédictin reçut de sa bouche l'expression d'une reconnaissance attestée par l'histoire. Aussi, devenue reine à son tour, voulut-elle laisser à Feckenham son titre et son abbaye. Elle fit même, pour maintenir sa communauté, des instances qu'il importe de signaler. Il entrait, en effet, dans son dessein de conserver un ordre religieux, qui, en adoptant la réformation, donnât à son simulacre d'église une apparence d'observation des conseils évangéliques. Un jour donc, un message de la reine se présente à la porte de la vieille abbaye. C'était peu de temps avant qu'Élisabeth y vint ellemême recevoir l'onction royale et la couronne. Feckenham, à qui l'envoyé avait ordre de s'adresser, était occupé à planter dans les jardins du monastère des ormeaux, qui y subsistèrent plusieurs siècles. L'homme de Dieu, dit son biographe, songeait sans doute à cette autre plantation, spirituelle et céleste, recommencée cinq ans auparavant, et qui paraissait de nouveau menacée par une affreuse tempête. Quittant sur le champ son travail, l'abbé suit le messager au palais, où la reine lui propose d'adopter avec ses frères la réforme qu'elle a résolu d'établir en Angleterre le premier siège du royaume, l'archidiocèse de Cantorbéry, sera le prix de sa soumission aux royales volontés. Un refus modeste et énergique fut toute la réponse de Feckenham. Tel

est l'homme qui prenait en ce moment la parole au sein du parlement anglais.

<< Deux religions différentes sont en présence, dit-il: l'une, pratiquée en Angleterre depuis quatorze siècles; l'autre, renfermée dans un livre qu'il s'agirait d'y faire adopter et suivre prochainement. Trois règles ou principes, exposés devant l'honorable chambre, suffiront pour reconnaître la différence qui existe entre la vraie religion établie de Dieu et une religion fausse et mensongère. »

« Premier principe: laquelle de ces deux religions a une plus haute antiquité et a été plus suivie dans l'Église de Jésus-Christ, par tous les hommes, dans tous les temps et en tous les lieux; second principe: laquelle, étant la plus stable par elle-même, toujours visible et extérieure, reste cependant une et invariable; troisième principe: laquelle des deux religions forme des sujets plus obéissants envers Dieu, envers notre souveraine maîtresse, Sa Majesté la reine, et envers tous les pouvoirs supérieurs. >>

<< Quant au premier, il n'est personne assurément pour affirmer, ni même penser, que cette religion nouvelle ait été observée en tous temps et en tous lieux, puisqu'elle n'a été suivie dans ce royaume que deux ans environ, sous le règne d'Édouard VI, tandis que celle dont vous êtes aujourd'hui en possession a commencé il y a plus de quatorze siècles, à l'époque où vivait Lucius, premier roi chrétien de Bretagne. A la réception des lettres que lui adressait ce prince, le pape Éleuthère fit partir deux saints religieux, Damien et Fugat. Ambassadeurs du Siège Apostolique, ce sont eux qui apportèrent alors dans ce royaume cette religion que vous professez et l'usage de la langue latine,

comme le témoigne notre ancien historiographe Gildas au prologue mis en tête de son Histoire de la Bretagne. Or, cette religion, reçue ici il y a quatorze siècles, a été pratiquée non seulement par les habitants de l'Angleterre, mais encore par tous les chrétiens répandus dans le monde jusqu'à l'époque peu éloignée du règne d'Édouard VI. Pour quiconque veut voir et comprendre, il est manifeste, d'après ce principe, que l'ancienne religion, l'ancien culte, par lesquels nous servons Dieu maintenant, sont la vraie et parfaite religion, la religion que Dieu lui-même a établie. »

Abordant ensuite le second principe, Feckenham continue « Daignent vos seigneuries considérer laquelle de ces deux religions est la plus invariable, toujours visible, une et conforme à elle-même. Que la religion exposée dans ce livre (le livre de commune prière, common prayer-book) ne soit pas invariable, une et conforme avec elle-même, qui ne le voit clairement? Pratiquée, il y a peu de temps, sous Édouard VI, n'at-elle pas été changeante et variable en toutes manières? Chaque année voyait inventer un nouveau livre, et jamais aucun de ces livres n'était conforme aux précédents. Le premier admet les sept sacrements et la présence réelle du corps de Jésus-Christ dans la sainte Eucharistie: le second nie positivement. Un de ces livres affirme que le corps du Sauveur est présent dans le sacrement, qu'il doit être reçu sous une seule espèce, les genoux en terre, avec grande révérence, et que le pain, matière du sacrement, ne doit pas être fermenté: l'autre veut que l'on reçoive la sainte communion sous les deux espèces, que le pain soit un pain ordinaire, et qu'on ne donne aucun témoignage de respect si ce n'est au corps de Jésus-Christ dans le ciel.

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