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Il est certain que cet objet du spectacle tragique n'est jamais mieux rempli, que lorsque l'innocent succombe; mais d'un autre côté, l'exemple en est encourageant pour le crime, et dangereux pour la faiblesse. C'est pour cela que Socrate et Platon reprochaient à la tragédie d'aller contre la loi, qui veut que les bons soient récompensés et que les méchants soient punis.

Pour éluder la difficulté, Aristote a exigé, dans le personnage malheureux et intéressant, un certain mélange de vices et de vertus: mais quels étaient les vices d'OEdipe, de Jocaste, de Méléagre? Il a fallu imaginer des fautes involontaires; solution qui n'en est pas une, mais qui donnait un air d'équité aux décrets de la destinée, et qui adoucissait, du moins en idée, la dureté d'un spectacle où l'on entendait gémir sans cesse les victimes de ces décrets.

La vérité simple est, que la tragédie ancienne n'avait d'autre but moral que la crainte des dieux, la patience, et l'abandon de soi-même aux ordres de la destinée. Or tout cela résulte pleinement d'une catastrophe heureuse pour les méchants, et malheureuse pour les bons. Après cela, quelle était pour les mœurs la conséquence de l'opinion que donnaient aux peuples ces exemples d'une destinée inévitable, ou d'une volonté suprême également injuste et irrésistible? C'est de quoi les poëtes s'inquiétaient assez peu, et ce qu'ils laissaient à discuter aux philosophes qui

voudraient, bien ou mal, concilier la morale avec la poésie.

Cependant la preuve que les poëtes grecs ne s'étaient pas fait une loi de terminer la tragédie par le malheur du personnage intéressant, c'est l'exemple des Euménides d'Eschyle, du Philoctète de Sophocle, de l'Oreste d'Euripide, et de l'Iphigénie en Tauride du même poëte, dont le dénouement est heureux.

Dans le systême de la tragédie moderne, il est bien plus aisé d'accorder la fin morale avec la fin poétique; et les catastrophes funestes y trouvent naturellement leur place, leur cause, leur moralité dans les effets des passions. Voyez

TRAGÉDIE.

et

CESURE. Dans la poésie ancienne, on appelle ainsi une espèce de suspension, placée après le second pied de certains vers, comme l'asclépiade, le pentamètre, l'hexamètre; et marquée par une syllabe qui, à la fin du mot, se détache du pied qui la précède, pour faire seule un demi--pied, suivi d'un silence qui achève la mesure; ou pour se joindre, sans aucune pause, à une ou deux syllabes du mot suivant, et former un pied avec elles.

Il semble que, dans le premier cas, le silence qui achève la mesure demanderait un sens suspendu; et cependant on ne voit pas que les poëtes se soient fait une loi de suspendre le sens à la césure.

Odi profanum vulgus, et arceo.

Districtus ensis cui super impiá
Cervice pendet, etc.

Tu, quum parentis regna per arduum

Cohors gigantum scanderet impia. (HORAT.)

Dans le premier de ces exemples, le sens n'est suspendu qu'au milieu du troisième pied; dans le second exemple, il n'y a de repos qu'à la césure du vers suivant; dans le troisième, il y a deux vers de suite sans aucun repos: rien de plus ordinaire dans les odes d'Horace.

Dans le second cas, c'est-à-dire lorsque la césure ne suppose aucun silence après elle pour achever la mesure, et qu'elle se joint immédiatement aux premières syllabes du mot suivant, les poëtes ont encore moins pensé à y ménager un repos. Virgile, au contraire, a eu grand soin de varier les repos du sens; c'est l'un des charmes de son style; et parmi ses vers les plus harmonieux, on n'en trouve quelquefois pas un qui se repose à la césure.

Qualis populeá mærens Philomela sub umbrá
Amissos queritur fœtus, quos durus arator
Observans, nido implumes detraxit; at illa
Flet noctem, ramoque sedens miserabile carmen
Integrat, et mæstis latè loca questibus implet.

Il en est du vers saphique et du vers élégiaque, comme de l'asclépiade et de l'hexamètre;

Latiùs regnes, avidum domando
Spiritum, quàm si Libyam remotis

Gadibus jungas, etc. (HORAT.)

On voit dans le premier et dans le troisième vers la césure ou syllabe en suspens après le second pied, suivie d'un repos; mais dans le second vers le repos se trouve placé au milieu du second pied, et nullement après la césure.

Il en est de même des vers élégiaques ou pentamètres.

Arma gravi numero, violentaque bella parabam

Edere, materid conveniente modis.

Par erat inferior versus : risisse Cupido

Dicitur, atque unum surripuisse pedem. (OVID.)

On voit ici le repos placé après les dactyles edere, dicitur; et il n'y en a point après la

césure.

Ainsi, soit que la césure du vers reste isolée, comme dans l'asclépiade, soit qu'elle s'unisse aux premières syllabes du mot suivant, comme dans l'hexamètre; les poëtes latins ont également négligé d'y suspendre le sens et d'y ménager un repos. A quoi servait donc la césure?

Pour rendre raison de la césure de l'hexamètre, on a dit que, sans cela, il arriverait souvent que la fin d'un vers et le commencement de l'autre formeraient un vers de la même espèce, et qu'afin d'éviter cette confusion, il fallait que les vers fussent coupés au dixième temps, c'est-à-dire

au milieu et non pas à la fin d'un pied. Mais la véritable raison, ce me semble, est que la chûte du second pied, s'il tombait sur la fin d'un mot, romprait trop brusquement le rhythme, qui, soutenu par la césure, ou le demi-pied suspendu, en devient plus majestueux.

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CHAIRE. (ELOQUENCE de la.) Chez les anciens, l'éloquence n'entrait point dans les fonctions du sacerdoce; et ce qui répondait le plus au genre de l'éloquence de la chaire, c'étaient les leçons des philosophes, les déclamations des sophistes, et les harangues des rhéteurs. Ceux-ci distinguaient deux genres d'éloquence, l'indéfini ou celui des questions, et le fini ou celui des causes. La question était générale, la cause était particulière. L'une tendait à établir une opinion, une maxime, une vérité de spéculation : et l'autre, à constater un fait, ou à déterminer sa qualité morale; à décider si une chose avait été, si elle était, si elle serait; s'il était juste, honnête, utile, possible, vraisemblable ou non, qu'elle fût, ou qu'elle eût été, de telle où de telle façon.

Or dans des républiques, où non - seulement le salut des citoyens, mais celui de l'état, se trouvait tous les jours entre les mains de l'éloquence, les causes personnelles et la cause commune étaient d'un si grand intérêt, qu'on regardait comme un parleur oiseux celui qui s'amu

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