« vid et de tous les rois de Juda ». De là vient que l'il lustre et savant prélat (1) de qui j'ai emprunté ces paroles appelle Joas le précieux reste de la maison de David. Joseph en parle dans les mêmes termes : et l'Ecriture dit expressément que Dieu n'extermina pas toute la famille de Joram, voulant conserver à David la lampe qu'il lui avoit promise. Or cette lampe, qu'étoit-ce autre chose que la lumiere qui devoit être un jour révélée aux nations? L'histoire ne spécifie point le jour où Joas fut proclamé. Quelques interpretes veulent que ce fût un jour de fête. J'ai choisi celle de la Pentecôte, qui étoit l'une des trois grandes fêtes des Juifs. On y cé= lébroit la mémoire de la publication de la loi sur le mont de Sinai, et on y offroit aussi à Dieu les premiers pains de la nouvelle moisson; ce qui faisoit qu'on la nommoit encore la fête des prémices. J'ai songé que ces circonstances me fourniroient quelque variété pour les chants du chœur. Ce chœur est composé de jeunes filles de la tribu de Lévi, et je mets à leur tête une fille que je donne pour sœur à Zacharie. C'est elle qui introduit le choeur chez sa mere. Elle chante avec lui, porte la parole pour lui, et fait enfin les fonctions de ce personnage des anciens choeurs qu'on appeloit le CORYPHÉE. J'ai aussi essayé d'imiter des anciens cette continuité d'ac= tion qui fait que leur théâtre ne demeure jamais vuide, les intervalles des actes n'étant marqués que par des hymnes et par des moralités du chœur, qui ont rapport à ce qui se passe, On me trouvera peut-être un peu hardi d'avoir osé mettre sur la scene un prophete inspiré de Dieu, et qui prédit l'avenir. Mais j'ai eu la précaution de ne mettre dans sa bouche que des expressions tirées des (1) M. de Meaux. prophetes mêmes. Quoique l'Ecriture ne dise pas en termes exprès que Joiada ait eu l'esprit de prophétie, comme elle le dit de son fils, elle le représente comme un homme tout plein de l'esprit de Dieu. Et d'ailleurs ne paroît-il pas, par l'Evangile, qu'il a pu prophétiser en qualité de souverain pontife? Je suppose donc qu'il voit en esprit le funeste changement de Joas, qui, après trente années d'un regne fort pieux, s'as bandonna aux mauvais conseils des flatteurs, et se souilla du meurtre de Zacharie, fils et successeur de ce grand-prêtre. Ce meurtre, commis dans le temple, fut une des principales causes de la colere de Dieu contre les Juifs, et de tous les malheurs qui leur ar= riverent dans la suite. On prétend même que depuis ce jour-là les réponses de Dieu 'cesserent entièrement dans le sanctuaire. C'est ce qui m'a donné lieu de faire prédire tout de suite à Joad et la destruction du Mais comme les pro temple et la ruine deha consolations aux me= phetes joignent naces, et que d'ailleurs il s'agit de mettre sur le trône un des ancêtres du Messie, j'ai pris occasion de faire entrevoir la venue de ce consolateur, après lequel tous les anciens justes soupiroient. Cette scene, qui est une espece d'épisode, amene très naturellement la musique, par la coutume qu'avoient plusieurs prophetes d'entrer dans leurs saints transports au son des instruments; témoin cette troupe de prophetes qui vinrent au-devant de Saül avec des harpes et des lyres qu'on portoit devánt eux; et témoin Elisée lui= même, qui, étant consulté sur l'avenir par le roi de Juda et par le roi d'Israël, dit, comme fait ici Joad, Adducite mihi psalten. Ajoutez à cela que cette prophétie sert beaucoup à augmenter le trouble dans la piece, par la consternation et par les différents mouvements où elle jette le chœur et les principaux acteurs. ACTEURS. JoAs, roi de Juda, fils d'Ochozias. SALOMITH, Sœur de Zacharie. ABNER, l'un des principaux officiers des rois de Juda. AZARIAS, ISMAEL, et les TROIS AUTRES CHEFS des prêtres et des lévites. MATHAN, prêtre apostat, sacrificateur de Baal. NABAL, confident de Mathan. AGAR, femme de la suite d'Athalie, TROUPE de prêtres et de lévites. SUITE d'Athalie,, LA NOURRICE de Joas. CHOEUR de jeunes filles de la tribu de Lévi. La scene est dans le temple de Jérusalém, dans un vestibule dé l'appartement du grand prétre. ABNER & Oui, je viens dans son temple adorer l'Eternel; Où sur le mont Sina la loi nous fut donnée. Au Dieu de l'univers consacroient ces prémices: Je tremble qu'Athalie, à ne vous rien cacher, JOAD. D'où vous vient aujourd'hui ce noir pressentiment? ABNER. Pensez-vous être saint et juste impunément ? C'est peu que, le front ceint d'une mitre étrangere, Ce temple l'importune, et son impiété Pour vous perdre il n'est point de ressorts qu'il n'im vente: Quelquefois il vous plaint, souvent même il vous vante; Il affecte pour vous une fausse douceur ; Il lui feint qu'en nn lieu que vous seul connoissez |