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ration des peuples que Louis XIV trônant au milieu des merveilles de Versailles. Mais c'est que le saint Roi était environné de tout ce qu'il y avait de plus éclairé et de plus pur dans son royaume, et que le plus bel ornement de son palais était la simplicité chrétienne; tandis que la cour du grand roi n'était rien moins qu'admirable par la pureté des mœurs et par la probité politique. L'histoire est là qui nous apprend que ce sont les misères morales de cette cour, au milieu de tant de grandeurs, qui en ont terni la gloire et éclipsé la majesté, qui ont enfanté les mœurs de la régence, qui a préparé à son tour la corruption du règne qui suivit. Ce sont ces misères qui ont frayé le chemin à une philosophie impie et qui ont dressé l'échafaud que le roi martyr a inondé de son sang. Malheureux prince, digne d'un meilleur sort, que l'oubli de la religion et des mœurs catholiques de la part de ses aïeux avait détrôné avant de régner; car la couronne de Charlemagne et de saint Louis, devenue le jouet d'ignobles courtisanes, avait été traînée dans la boue avant de rouler dans le sang.

Concluons donc. Les Pouvoirs chrétiens ont besoin qu'on les exhorte moins à s'abaisser qu'à s'élever, moins à s'humilier qu'à être fiers à leurs propres yeux, moins à oublier qu'à bien connaître la grandeur de leur dignité : Agnosce, christiane, dignitatem tuam. Ils apprendront par là à se préoccuper avant tout de la pratique de la religion et de la pureté des mœurs dans leurs personnes et dans tout ce qui les entoure, afin de faire honneur au cachet divin que Dieu a imprimé sur leur front, de sauvegarder l'élévation du rang où Dieu les a placés, et de demeurer ce que Dieu les a faits,

le reflet de ses attributs et les dépositaires de son autorité. C'est à de telles conditions que Dieu les couvrira de sa protection comme ses représentants fidèles; c'est à la vue de ces prodiges de la vraie grandeur et de la vraie vertu que les peuples les entoureront de leur respect et de leur amour, et seront heureux de les avoir et de les garder pour leurs rois : Cum vidissent signum, venerunt ut facerent eum regem. AINSI SOIT-IL.

SIXIÈME DISCOURS.

SUR LES EXEMPLES DES GRANDS.

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« Quis ex vobis arguet me de peccato?

« Qui de vous pourrait me convaincre du moindre péché (Ev. du 5° dim.) ? »

SIRE,

1. COMBIEN

OMBIEN peu d'hommes peuvent porter à leurs semblables, même dans un sens relatif, ce défi qu'aujourd'hui le Fils de Dicu a adressé aux Juifs, comme lui seul pouvait le faire, dans un sens absolu! Combien peu d'hommes peuvent affirmer que personne ne saurait rien trouver à reprendre dans leur conduite: Quis ex vobis arguet me de peccato?

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Cependant nous avons entendu ce divin Sauveur disant à ses disciples : « La lumière de vos œuvres << doit resplendir de manière que les autres hommes qui en sont témoins puissent en rendre gloire à Dieu « votre Père qui est au ciel. » C'est nous dire que nous devons faire les plus grands efforts pour vivre d'une vie à laquelle on ne puisse rien reprocher: Quis arguet nos de peccato? et que c'est un devoir pour nous tous de donner à nos frères de bons exemples.

Ce devoir, qui oblige tout le monde, oblige d'une façon particulière les chefs des sociétés. Car d'une part, d'après saint Paul, comme c'est aux parents que Dieu

demandera compte un jour de l'âme de leurs enfants, comme c'est aux pasteurs qu'il demandera compte de l'âme des fidèles, c'est aussi aux pouvoirs publics que Dieu demandera compte de l'âme de leurs sujets : Quasi rationem de animabus vestris reddituri (Hebr.). D'autre part, comme il n'appartient pas aux souverains de procurer le salut des âmes de leurs subordonnés par la prédication, il est évident qu'ils sont obligés de coopérer à ce précieux résultat au moins par l'édification.

Occupons-nous donc aujourd'hui de ce grand devoir des chefs des États, et voyons combien il importe, au point de vue religieux, politique et social, qu'ils donnent de bons exemples aux peuples. C'est le sujet de ce discours. Ave, Maria.

PREMIÈRE PARTIE.

2. Je trouve dans les Livres saints un mot bien pro

E

fond, bien abstrait peut-être, mais je crois mon noble auditoire digne et capable d'en comprendre toute la portée. C'est le mot FORME, pris non dans le sens géométrique, dans lequel il ne signifie que la modification extérieure de la matière, mais dans le sens philosophique, pour indiquer le principe de subsistance de tout composé, dans l'ordre moral comme dans l'ordre physique. Saint Paul a dit aux premiers chrétiens: Nous autres apôtres, nous sommes les modèles de votre vie, et vous avez notre forme en vous-mêmes: Sicut habetis formam nostram (Philip. 3). Et l'apôtre saint Pierre a dit lui aussi aux pasteurs de l'Église : Par votre dévouement vous êtes devenus la forme de votre troupeau : Forma facti gregis ex animo (I, PETR. 5).

Cette magnifique doctrine s'applique à toute société; car, comme le pouvoir religieux est la forme de l'Église et le pouvoir domestique la forme de la famille, le pouvoir politique est la forme de l'État.

D'après les grands principes de la philosophie catholique, dont les incrédules ne comprennent pas le premier mot, la forme, ou le principe par lequel tout composé vivant subsiste, s'appelle âme. Comme il y a trois espèces d'êtres vivants, il y a aussi trois espèces d'âmes ou de formes: l'âme végétative, qui est la forme des plantes; l'âme sensitive, qui est la forme des brutes, et l'âme intellective, qui est la forme de l'homme (1).

C'est par sa forme que la plante exerce les trois actes de sa vie végétative : les actes de se nourrir, de grandir et de se reproduire.

C'est encore par sa forme que la brute exerce ses six facultés les trois facultés de la vie végétative qu'elle a communes avec les plantes, et de plus les trois facultés de la vie sensitive, qui lui sont propres, et qui sont : la faculté de sentir, ou de saisir le matériel sans la matière; la faculté de choisir, et la faculté de se mouvoir, non librement, mais spontanément.

l'homme acC'est enfin par sa forme ou son âme que complit ces neuf fonctions: les trois fonctions de la vie végétative, par lesquelles il participe à la vie des plantes; les trois fonctions de la vie sensitive, par lesquelles il partage la vie des brutes, et de plus les trois fonctions de

(1) Le concile œcuménique de Vienne en France a déclaré hérétique quiconque ose nier que l'âme intellective soit la FORME substantielle du corps humain: Qui negaverit animam intellectivam esse formam substantialem corporis humani, anathema sit.

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