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là un troisième système, le système chrétien, le vrai système, le seul système offrant une conciliation acceptable entre les publicistes de bonne foi de l'opinion. légitimiste et ceux de l'opinion populaire, et présentant la seule solution possible du grand problème sur l'origine du Pouvoir, de laquelle dépendent la tranquillité de l'ordre et l'existence de la société (1).

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« Bossuet, ce grand homme, a dit : Il n'y a pas de droit contre « le droit. Contre le droit, qui est la grande légitimité de l'humanité, il y a la force, la violence, les cas fortuits, les faits « de révolution; mais tout cela n'est pas le droit, c'est le « contraire du droit, et ainsi la légitimité vit, ne fût-ce que « dans la conscience, même après que la violence l'a détruite (l'Union du 16 décembre 1857). »

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(1) Nous ne pouvons résister au plaisir de rapporter ici un morceau, admirable de bon sens, de sagesse et de style, dans lequel un illustre jurisconsulte, et l'une des gloires de la magistrature de ce pays, a résumé en peu de lignes la vraie doctrine de la théologie et du droit public chrétien touchant l'origine du Pouvoir, qui forme le sujet de ce discours. Homme vraiment religieux et publiciste éclairé, l'auteur de ce beau morceau y a combiné de la manière la plus heureuse l'intervention divine et le consentement du peuple, comme conditions nécessaires pour la légitimité de tout Pouvoir. Ce n'est pas un homme ordinaire que celui qui a écrit la page qu'on va lire : << Sans « reprendre les utopies philosophiques du XVIIIe siècle, on peut affirmer qu'en morale et en justice le consentement libre des peuples est la base légitime et raisonnable des gouvernements. Il n'y a d'imposé par la volonté de Dieu que la loi d'obéis«<sance envers les puissances régulièrement établies. Quant au «< choix divin, il ne se manifeste, nous en avons vu dans ce « siècle deux mémorables exemples, que par les grandes occa«sions que la Providence fournit à certaines heures, occa«sions dans lesquelles un homme s'élève, qui, prenant en main « le pouvoir abandonné, se montre véritablement chef et con

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Car, tout en admettant que le Pouvoir public est immédiatement conféré par la communauté parfaite, les

«ducteur de peuples, en ramenant les générations égarées dans la terre promise de l'obéissance et du devoir.

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L'événement providentiel; le consentement du peuple; les services rendus, telles sont donc les conditions essentielles et la consécration légitime de tout pouvoir nou

« veau.

« Nos traditions nationales n'ont rien qui contredise la vérité « de ces origines. Les nuages jetés sur le berceau de notre

" monarchie par l'ignorance ou la flatterie de quelques historiens « n'empêchent pas d'apercevoir, à l'origine de chacune de nos « races royales, le mouvement social et providentiel qui les << annonce et les prépare; le consentement de la nation qui accepte et proclame son sauveur et son maître; et l'œuvre de gloire ou de civilisation à laquelle se reconnaissent les fon« dateurs de dynastie.

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« Il paraît, cependant, qu'il n'est ni dans la destinée de l'homme, ni dans le vœu de la Providence, que le même « sang, transmis de race en race, donne à la même nation des ❝ souverains tant que cette nation subsiste. L'humanité a vu • s'étendre la race des Césars et celle des Charlemagne; et les

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« nations de l'antiquité, que les passions humaines ont le moins ❝ remuées, ont vu se succéder, elles-mêmes, de nombreuses « dynasties. - Alors donc qu'on s'obstinerait à dire qu'il faut « qu'une race royale se perde dans la nuit des temps pour con« server tout son prestige, on ne changerait pas les lois de « la Providence, et l'on ne supprimerait pas ces commencements a de dynastie qui rachètent bien leur nouveauté, on en convien« dra, je le pense, par la grandeur et la mémoire récente des services. Dire d'une dynastie qu'elle est nouvelle, c'est dire << seulement qu'elle est et qu'elle doit être d'autant plus chère « au peuple qu'elle est plus rapprochée du temps où la recon« naissance publique l'a consacrée. Son titre n'est donc pas << dans son antiquité. Il est dans l'œuvre accomplie. (M. VAïsse, « Discours à la rentrée de la Cour impériale de Paris, 1856). »

Docteurs chrétiens ne reconnaissent que Dieu comme la raison première, la source originaire de tout Pouvoir et comme l'auteur de la loi morale, prescrivant de lui obéir.

On voit combien sont grands et même divins les Pouvoirs humains d'après les principes chrétiens! C'est Dieu qui les a institués! C'est Dieu qui les choisit et qui les fait ce qu'ils sont ! C'est Dieu qui les charge de continuer à exercer dans le monde l'action divine qu'il a exercée lui-même au commencement du monde! C'est Dieu qui les inspire d'une manière toute particulière, et qui fait refléter sur eux un rayon de sa majesté, qui leur vaut le respect religieux de leurs subordonnés! C'est Dieu qui, dans les termes les plus énergiques, a commandé à leur égard l'obéissance et la subordination!

Ce n'est pas tout; car Dieu partage en quelque sorte avec eux sa sublime qualité d'ÈTRE NÉCESSAIRE; car

nulle société ne saurait exister un seul instant sans le Pouvoir, comme l'univers ne saurait exister un seul instant sans Dieu. Il partage aussi avec eux son indépendance, en les plaçant au-dessus de tous dans la communauté dont ils sont les Chefs; il partage avec eux sa justice, en leur donnant l'autorité de punir les méchants et de récompenser les bons; et, en en faisant dans le temps des magistrats et des juges suprêmes sur un petit nombre d'intelligences, comme il l'est lui-même pour toutes les intelligences et pour l'éternité, en fait les représentants visibles de sa Grandeur invisible, les instruments particuliers de sa Providence et les ministres de sa bonté (V. à l'ESSAI).

Voyez donc si ce n'est pas une grande vérité, que le Dieu maître de tous, Seigneur de tous, et Dieu de tous,

est d'une manière particulière le Maître, le Seigneur, le Dieu des Pouvoirs humains; Dominum Deum tuum. Aussi, ils lui doivent d'abord une adoration particulière; Adorabis. C'est ce devoir que je vais développer dans ma seconde partie.

DEUXIÈME PARTIE.

7. La théologie chrétienne, ainsi que vous venez de

l'entendre, ne se fait pas faute de rappeler aux Pouvoirs publics que leur autorité leur est conférée, comme par une cause instrumentale, par la communauté parfaite.

Mais si c'est un devoir pour les chefs des États de reconnaître que leur autorité leur vient immédiatement de l'État, afin de respecter les droits de l'État; n'estce pas à plus forte raison un devoir pour eux de reconnaître que, quel que soit le titre de leur légitimité, ils tiennent leur autorité des dispositions de la Providence et de la volonté de Dieu, afin de respecter, avant tout et surtout, les droits de Dieu? Ils doivent donc se considérer comme n'étant rien, et ne pouvant rien, sans Dieu. Ils doivent se persuader que c'est par une disposition spéciale de Dieu qu'ils sont ce qu'ils sont, et peuvent ce qu'ils peuvent. Après avoir exactement accompli tout ce que Dieu leur a commandé, et avoir fait tout ce qui était en leur Pouvoir de faire pour le bien de leurs sujets, ils doivent, d'après le précepte de l'Évangile, s'écrier: Seigneur! nous ne << sommes que des serviteurs inutiles; nous n'avons « fait que ce que nous étions obligés de faire. Mais « notre œuvre à elle seule ne vaut rien, et nous « n'attendons que de vous son succès: Cum feceritis

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« omnia quæ præcepta sunt vobis, dicite: Servi inutiles « sumus, quod debuimus facere fecimus (Luc, 7). » Ils doivent se rappeler que la hauteur de leur rang, aussi bien que leur puissance, ne leur appartiennent pas en propre, mais que ce sont un rang et une puissance d'emprunt; que leur autorité est une autorité que le ROI DES ROIS ET LE DOMINATEUR DES DOMINATEURS (Apoc., 16) leur a déléguée, et qu'il peut, quand bon lui semble, la leur retirer et la faire passer dans d'autres mains. Ils doivent enfin, de temps en temps, à l'exemple des saints vieillards de l'Apocalypse, qui, en cela, sont leur modèle et leur type, se prosterner devant Celui qui siége sur le trône du Ciel; adorer profondément Celui dont la vie n'a pas de fin comme elle n'a pas eu de commencement; déposer leurs couronnes à ses pieds et s'écrier: « Seigneur notre Dieu, vous << seul êtes digne de recevoir toute gloire, tout honneur « et toute bénédiction, due à la vertu, parce que c'est « vous qui avez tout créé, et que c'est par votre vo« lonté que tout ce que vous avez fait subsiste (1); et nous aussi nous ne subsistons, comme tout le reste, que par votre volonté, dans la haute position où nous sommes placés. Nous vous appartenons à un titre spécial, et nous ne nous appartenons pas.

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Voilà une manière particulière et propre aux Princes

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(1) « Procidebant viginti quatuor seniores ante sedentem in throno, et adorabant viventem in sæcula sæculorum, et mittebant coronas suas ante thronum, dicentes: Dignus es, Domine « Deus noster, accipere gloriam, et honorem, et virtutem; quia « tu creasti omnia, et propter voluntatem tuam erant, et creata « sunt (Apoc., 4). »

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