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concomitance sous les espèces du pain, et le corps de même par concomitance sous les espèces du vin. Et lorsque les espèces sont divisées, chaque partie, pourvu qu'elle soit naturellement sensible, contient encore le corps et le sang de Jésus-Christ (1).

Le corps de Jésus-Christ n'est pas seulement présent au moment de la consécration et de la Communion. A la différence des autres sacrements, qui passent avec l'action qui les produit, l'Eucharistie est un sacrement permanent: il dure jusqu'à ce que les espèces soient consommées ou essentiellement altérées, ou divisées au point de n'être plus sensibles (2).

164. L'Eucharistie est un sacrement institué par Notre-Seigneur Jésus-Christ. L'heure étant arrivée de passer de ce monde à son Père, mais voulant rester avec les siens jusqu'à la fin des siècles, il institua ce sacrement pour nous témoigner l'excès de son amour, pour continuer dans son Église le sacrifice qu'il devait offrir sur la croix, et nous en appliquer le prix, surtout en se donnant à nous par la sainte Communion. Il l'institua la veille de sa passion : après avoir célébré la Pâque avec les Apôtres, il prit du pain, le bénit en rendant grâces à Dieu, le rompit, et le donna à ses disciples, en disant: Prenez et mangez, ceci est mon corps: Hoc est corpus meum. Ensuite, prenant la coupe, il rendit grâces, en disant: Buvez tous de ceci, car ceci est mon sang de la nouvelle alliance, qui sera versé pour la rémission des péchés : « Hic est « enim sanguis meus novi testamenti, qui pro multis effundetur « in remissionem peccatorum (3); » faites cela en mémoire de moi : Hoc facite in meam commemorationem (4).

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Le sacrement de l'Eucharistie a été institué pour être la nourriture de nos âmes : « Tanquam spiritualis animarum cibus quo «< alantur et confortentur viventes vita illius qui dixit: Qui man« ducat me et ipse vivet propter me (5). ›

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(1) Concil. de Trente, ibidem. can. 3. — (2) Concil. de Trente, ibidem. can. 4. − (3) Matth. c. 26. v. 28. — (4) Luc. 22. v. 19.—(5) Concil. de Trente, ibidem cap. 2.

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M. II.

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CHAPITRE II.

De la Matière et de la Forme du sacrement de l'Eucharistie.

L'Eucharistie, comme les autres sacrements, a une matière et une forme qui lui sont propres.

ARTICLE I.

De la Matière du sacrement de l'Eucharistie.

165. Il s'agit de la matière nécessaire pour la consécration; or, on ne peut consacrer que le pain et le vin. Le pain et le vin forment donc la matière du sacrement de l'Eucharistie: « Tertium est « Eucharistiæ sacramentum, dit le pape Eugène IV, cujus materia « est panis triticeus et vinum de vite, cui ante consecrationem aqua « modicissima admisceri debet (1). » Le pain que l'Église a toujours employé, à l'exemple de Notre-Seigneur, le seul dont on puisse licitement et validement faire usage pour l'Eucharistie, est le pain naturel, le pain proprement dit, le pain de froment, panis triticeus. On ne peut consacrer le pain fait avec de la farine d'avoine, d'orge ou de blé sarrasin : la consécration serait nulle; elle serait encore nulle, ou du moins douteuse, si c'était du pain de seigle. Quant au pain dans lequel il est entré d'autre farine que celle de froment, on ne pourra s'en servir à l'autel, qu'autant que cette farine étrangère ne serait qu'en petite quantité. Si on avait mêlé avec le froment la même quantité de grains d'une autre espèce, le pain ne serait plus du pain de froment: il ne serait point par conséquent matière compétente du sacrement. Le pain ne doit être pétri qu'avec de l'eau naturelle; le gâteau fait avec du lait, dụ beurre, du miel, du sucre, n'offrirait qu'une matière nulle ou douteuse. La pâte qui ne serait pas cuite, quoiqu'elle fût de farine de froment pétrie avec de l'eau, ne pourrait non plus être consacrée ; la pâte n'est pas du pain. Tout mélange, toute altération qui ferait perdre au pain sa dénomination, rendrait la consécration

(1) Decret. ad Armenos.

nulle; mais si le pain n'est que faiblement altéré, s'il n'est pas encore corrompu, s'il commence seulement à se corrompre, la consécration serait valide; néanmoins, on ne pourrait le consacrer sciemment sans commettre une faute grave (1).

166. Il est indifférent, pour la validité de la consécration, de se servir du pain levé ou du pain sans levain, qu'on appelle azyme; car le pain azyme et le pain ordinaire ou fermenté, sont l'un et l'autre du pain naturel. Aussi, l'Église latine se servant uniquement du pain azyme, et l'Église grecque du pain fermenté, le concile de Florence, de l'an 1439, ordonna que chaque Église conserverait son usage: que les prêtres grecs célébreraient toujours avec le pain fermenté, et les prêtres latins avec le pain azyme. Le prêtre qui ne se conformerait pas à ce règlement consacrerait, à la vérité, validement, mais il pécherait mortellement (2). D'après le sentiment le plus communément reçu, il ne serait pas permis à un prêtre latin de consacrer, parmi nous, avec du pain fermenté, lors même qu'il serait dans l'impossibilité de se procurer du pain azyme, et qu'il s'agirait de dire la messe un jour de dimanche, ou d'administrer le saint viatique à un moribond. Le respect qui est dû au sacrement l'emporte et sur l'obligation d'entendre la messe, et sur l'utilité du malade auquel la communion n'est point nécessaire (3). Il en serait autrement, si le prêtre qui est à l'autel, s'apercevant, après la consécration, que le pain sur lequel il a prononcé les paroles sacramentelles est entièrement corrompu, ne pouvait se procurer que du pain ordinaire. Dans ce cas, non-seulement il pourrait recourir à du pain fermenté, mais il y serait même obligé pour achever la messe et consommer le sacrifice (4).

On sait que la formule du pain eucharistique, qu'on appelle hostie, doit être très-mince, et plus grande pour la célébration des saints mystères que pour la communion des fidèles; mais, à défaut d'une grande hostie, on peut se servir d'une petite lorsque les fidèles sont tenus d'entendre la messe, ou lorsqu'on est obligé de la dire, pour pouvoir administrer le viatique à un malade; seulement, si on avait lieu de craindre que quelques fidèles en fussent scandalisés, il faudrait les prévenir que, dans le cas dont il s'agit, on peut célébrer la messe avec une petite hostie, sans aller contre l'esprit de l'Église.

167. La matière du sacrement comprend le pain de froment et le vin proprement dit, le vin qui provient de la vigne, Vinum de (1) Rubriques du Missel romain, de Defectibus. — (2) Ibidem. (3) S. Alphonse de Liguori, liv. vi, no 203. — (4) Collet, de Eucharistia, part. 1. cap. 3.

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vite. Le prêtre qui n'a pas tout à la fois le pain et le vin ne doit jamais entreprendre de dire la messe. « Christus corpus et sangui«< nem suum sub speciebus panis et vini Deo patri obtulit; ac sub « earumdem rerum symbolis, Apostolis, ut sumerent, tradidit, et « eisdem eorumque in sacerdotio successoribus, ut offerrent, præcepit per hæc verba: Hoc facite in meam commemorationem, « uti semper catholica Ecclesia intellexit et docuit (1). » La consécration du pain sans celle du vin, ou la consécration du vin sans celle du pain, serait, il est vrai, valide, mais sacrilége. Si donc, entre l'une et l'autre consécration, le prêtre venait à mourir ou à se trouver mal au point de ne pouvoir continuer, un autre prêtre devrait continuer et terminer la messe, lors même qu'il aurait déjà célébré, ou qu'il ne serait plus à jeun, ou qu'il serait lié par quelque censure (2).

168. C'est le vin naturel qui fait partie de la matière du sacrement de l'Eucharistie. On ne peut consacrer ni le suc qui se tire des pommes, des poires, des cerises, ni le verjus, ni même la grappe entière du raisin; il n'y a que le jus qui en est exprimé qui puisse servir de matière à la consécration. Mais il n'en est pas de même du moût ou du vin doux : il est réputé vin dans le langage commun, et on peut le consacrer validement; mais la consécration en serait gravement illicite. Il est également défendu de faire usage du vin qui commence à s'aigrir ou à se corrompre, quoique la consécration en soit valide. S'il était converti en vinaigre, ou s'il était entièrement gâté, corrompu, la consécration serait nulle.

Le vin, de quelque pays qu'il soit, peut être consacré; cependant, comme rarement on est sûr que les vins étrangers soient naturels, et qu'ils sont très-sujets à être falsifiés, on ne doit pas, généralement, s'en servir pour la célébration des saints mystères.

169. Il est d'ailleurs ordonné par les canons de mettre un peu d'eau naturelle avec le vin dans le calice, de manière à ce qu'il y ait toujours beaucoup moins d'eau que de vin, aqua modicissima, dit Eugène IV. Suivant plusieurs auteurs, on peut mettre un tiers d'eau avec deux tiers de vin; mais il y aurait danger d'en mettre davantage. Le parti le plus prudent, le plus sûr, est d'en mettre moins d'un tiers, surtout lorsqu'on se sert d'un vin faible pour la messe. C'est à l'autel, et au temps indiqué par le Missel, que le mélange de l'eau avec le vin doit se faire. Si on ne l'a pas

(1) Concil. de Trente, sess. xx. cap. 1. — (2) Rubriques du Missel romain, de Defectibus,

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fait, il faut réparer cette omission: on le peut jusqu'à la consécration du calice; passé ce temps, il n'y a plus rien à faire, on doit continuer le saint sacrifice : « Si vinum sit factum penitus acetum, «< vel penitus putridum, vel de uvis acerbis seu non maturis ex<< pressum vel ei admixtum tantum aquæ ut vinum sit corruptum, « non conficitur sacramentum. Si vinum cœperit acessere, vel corrumpi, vel fuerit aliquantum acre, vel mustum de uvis tunc « expressum, vel non fuerit admixta aqua, vel fuerit admixta « aqua rosacea seu alterius distillationis, conficitur sacramentum, « sed conficiens graviter peccat.... Si celebrans ante consecratio« nem calicis advertat non fuisse appositam aquam, tunc imponat « eam, et proferat verba consecrationis. Si id advertat post conse«< crationem calicis, nullomodo apponat, quia non est de necessi<< tate sacramenti (1).

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Les théologiens ne sont pas d'accord entre eux, si le vin gelé est une matière suffisante pour être consacrée. Il y en a qui estiment que la consécration ne serait pas valide; d'autres, en grand nombre, sont d'un sentiment contraire. Dans ce conflit, il ne serait pas permis de consacrer du vin gelé. Il faudrait prendre d'autre vin, ou faire fondre la glace du premier en échauffant le calice, comme on doit le faire lorsque les espèces se sont gelées après la consécration (2). Mais si un prêtre venait à consacrer du vin gelé, on devrait, dit saint Alphonse, le regarder comme vraiment consacré; parce que le premier sentiment n'est pas suffisamment fondé : At casu quo sacerdos illicite consecrasset vinum congelatum, te« nendum est pro vere consecrato, nec ille licite posset alterum « vinum consecrare, quia puto primam sententiam nulla pollere "solida probabilitate (3). »

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La quantité de pain et de vin nécessaire pour le sacrement n'est pas déterminée; mais il est indispensable que l'on puisse naturellement, à l'aide des sens, distinguer le pain et le vin de tout ce qui n'est ni pain ni vin; car la matière sacramentelle doit être sensible.

170. Que doit faire le prêtre lorsque, étant à l'autel, il s'aperçoit que le pain qu'il a préparé pour la messe n'est pas du pain de froment, ou qu'il est substantiellement altéré? S'il s'en aperçoit avant la consécration, il doit mettre ce pain de côté, se faire apporter une autre hostie, l'offrir, et continuer la messe, en repre

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(1) Rubriques du Missel romain, de Defectibus. (2) Rubriques, ibidem. (3) Liv. vi. no 207.

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