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DU MYSTÈRE DE L'INCARNATION.

334. Il n'en est pas du mystère de l'Incarnation comme du mystère de la sainte Trinité : celui-ci est inhérent à la nature divine, éternel et nécessaire comme Dieu, puisque la Trinité n'est autre chose que Dieu même, existant nécessairement comme Père, Fils et Saint-Esprit; tandis que l'incarnation du Verbe s'est opérée dans le temps: c'est un acte libre de la part de Dieu; c'est le chef-d'œuvre de sa sagesse, de sa bonté et de sa miséricorde; c'est tout à la fois un prodige et un mystère d'amour. « Dieu a tellement aimé le monde, qu'il a donné son Fils unique, « afin que quiconque croit en lui ne périsse point, mais qu'il ait la « vie éternelle: Sic enim Deus dilexit mundum, ut Filium suum

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« unigenitum daret, ut omnis qui credit in eum, non pereat, sed « habeat vitam æternam (1).

»

CHAPITRE PREMIER.

De la notion, de la fin, de la nécessité et de la connaissance du mystère de l'Incarnation.

ARTICLE I.

De la notion du mystère de l'Incarnation.

335. L'Incarnation consiste dans l'union du Verbe de Dieu avec la nature humaine. C'est le Verbe, c'est le Fils de Dieu, la seconde personne de la sainte Trinité, qui s'est fait homme: Et Verbum caro factum est (2). Selon le langage de l'Écriture, le mot chair

(1) Saint Jean, c. III, v. 16.

(2) Ibidem, c. I, v. 14.

se prend ici pour la nature de l'homme tout entière. C'est dans ce sens qu'il est dit que toute chair avait corrompu sa voie (1); que toute chair verra son Sauveur (2); que si les jours de la tribulation n'avaient été abrégés, nulle chair n'aurait été sauvée (3).

336. Mais, pour donner une idée plus complète de l'Incarnation, on la définit : l'union hypostatique de la nature divine et de la nature humaine dans la personne unique du Verbe fait chair, appelé Jésus-Christ. Nous disons, 1° l'union hypostatique. Ce n'est pas seulement une union morale, comme celle qui existe entre Dieu et le juste, ni comme celle qui peut se trouver entre deux personnes; mais l'union la plus intime, la plus étroite qui puisse exister entre deux substances sans les confondre; union personnelle, en vertu de laquelle deux substances ou natures existent dans une même personne. Nous disons, 2o de la nature divine et de la nature humaine; car, en vertu de l'Incarnation, il y a vraiment et réellement deux natures en Jésus-Christ, la nature divine et la nature humaine, unies entre elles, mais sans confusion, sans mélange et sans altération. Nous disons, 3o dans la personne unique du Verbe. Il n'y a qu'une personne en Jésus-Christ, et cette personne est celle du Verbe, du Fils de Dieu, et non celle du Père, ni celle du Saint-Esprit; car le Verbe seul, qui n'est ni le Père ni le Saint-Esprit, s'est fait chair, Verbum caro factum est. Ce n'est point non plus la personne humaine : la nature de l'homme, une fois unie à la nature divine, à une nature infiniment supérieure, a cessé d'être une personne; car, tout en demeurant entière et devenant même plus parfaite, elle a cessé de se régir elle-même, étant régie par la personne du Verbe, qui est devenue, par l'Incarnation, le moteur des actions de la nature humaine. Nous avons dit, 4° du Verbe fait chair, appelé Jésus-Christ. Le Verbe, en s'incarnant, a pris le nom de Jésus, de Christ, de Jésus-Christ. Ainsi, JésusChrist est le Verbe fait chair, le Fils de Dieu fait homme, vrai Dieu et vrai homme. Tel est le dogme catholique que nous trouvons clairement exposé dans le symbole de saint Athanase, qui est reçu dans toute l'Église.

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337. Voici ce qu'on lit dans ce symbole :

Il est nécessaire, pour le salut éternel, de croire fidèlement à l'Incarnation de Notre-Seigneur Jésus-Christ.

(1) Genèse, c. vi, v. 12. C. XXIV, V. 22.

(2) Saint Luc, c. III, v. 6.

(3) Saint Matthieu,

« Or la vraie foi est que nous croyions et que nous confessions «que Notre-Seigneur Jésus-Christ, Fils de Dieu, est Dieu et « homme.

« Il est Dieu, étant engendré de la substance de son Père avant « les siècles; et il est homme, étant né de la substance de sa mère « dans le temps.

« Dieu parfait et homme parfait, ayant une âme raisonnable et « un corps humain.

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Égal au Père selon la divinité, et inférieur au Père selon l'hu<< manité.

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. Quoiqu'il soit Dieu et homme, il n'y a cependant pas deux Christs, mais un seul Christ.

« Un, non que la divinité ait été changée en l'humanité; mais « parce que Dieu a pris l'humanité, et l'a unie à sa divinité.

«

Un, non par confusion de nature, mais par unité de per

« sonne.

«

Car, comme l'âme raisonnable et le corps sont un seul

« homme, de même Dieu et l'homme ne sont qu'un seul Christ,

«

Qui a souffert pour notre salut, est descendu aux enfers,

« ressuscité le troisième jour d'entre les morts,

est

« Est monté aux cieux, est assis à la droite de Dieu le Père « tout-puissant, d'où il viendra juger les vivants et les morts (1). »

(1) Necessarium est ad æternam salutem, ut Incarnationem quoque Domini nostri Jesu Christi fideliter credat.

Est ergo fides recta ut credamus et confiteamur, quia Dominus noster Jesus Christus Dei Filius, Deus et homo est.

Deus ex substantia Patris ante sæcula genitus, et homo ex substantia matris in sæculo natus.

Perfectus Deus, perfectus homo; ex anima rationali et humana carne subsistens.

Equalis Patri secundum divinitatem, minor Patre secundum humanitatem. Qui licet Deus sit et homo, non duo tamen, sed unus est Christus.

Unus autem non conversione divinitatis in carnem, sed assumptione humanitatis in Deum.

Unus omnino non confusione substantiæ, sed unitate personæ.

Nam sicut anima rationalis et caro unus est homo, ita Deus et homo unus est Christus:

Qui passus est pro salute nostra, descendit ad inferos; tertia die resurrexit a mortuis :

Ascendit ad cœlos, sedet ad dexteram Dei Patris omnipotentis; inde venturus est judicare vivos et mortuos.

«

ARTICLE II.

De la fin du mystère de l'Incarnation.

338. L'Incarnation a une double fin, le salut des hommes et la gloire de Dieu. Les anges, annonçant la naissance du Sauveur aux bergers de Bethléem, entonnèrent ce cantique : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes de bonne « volonté ! Gloria in altissimis Deo, et in terra pax hominibus « bonæ voluntatis (1)! » Mais la fin prochaine, le motif principal de l'Incarnation, est la rédemption du genre humain : c'est pourquoi le Verbe fait chair, Jésus-Christ, est appelé le Sauveur du monde. « Dieu, dit saint Jean, a tellement aimé le monde, qu'il a donné « son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse pas, « mais qu'il ait la vie éternelle. Car il n'a pas envoyé son Fils dans « le monde pour condamner le monde, mais afin que le monde « soit sauvé par son Fils (2). Le Fils de l'homme est venu pour « chercher et sauver ce qui avait péri par le péché (3). C'est une « vérité certaine, et digne d'être reçue avec une entière déférence, « que Jésus-Christ est venu dans ce monde pour sauver les pé« cheurs (4). » Aussi nous confessons, avec les Pères de Nicée et de Constantinople, avec l'Eglise tout entière, que Notre-Seigneur Jésus-Christ, Fils unique de Dieu, est descendu du ciel, s'est incarné et s'est fait homme pour nous et pour notre salut: propter nos homines et propter nostram salutem (5). Les Pères semblent même dire que, sans la chute de l'homme, l'Incarnation du Verbe n'aurait pas eu lieu (6); ce qui s'accorde avec ce que chante l'Église le samedi saint, au sujet du péché d'Adam : « O heureuse « faute qui a mérité d'avoir un tel et aussi grand Rédempteur!

(1) Saint Luc, c. II, v. 14. — (2) Sic Deus dilexit mundum, ut Filium suum unigenitum daret: ut omnis qui credit in eum, non pereat, sed habeat vitam æternam. Non enim misit Deus Filium suum in mundum, ut judicet mundum, sed ut salvetur mundus per ipsum, Saint Jean, c. m, v. 16 et 17. - (3) Venit Filius hominis quærere et salvum facere quod perierat. Saint Luc, c. xix, v. 10. − (4) Fidelis sermo et omni acceptione dignus quod Christus Jesus venit in hunc mundum peccatores salvos facere. Ire épître à Timothée, c. 1, v. 15. — (5) Symbole de Nicée et de Constantinople. — (6) Saint Irénée, liv. v contre les hérésies, c. XIV; saint Athanase, discours 11, alias 111, contre les ariens; saint Grégoire de Nazianze, discours XXXVI; saint Basile, homélie xxix; saint Chrysostome, homélie xxx1; saint Ambroise, liv. de l'Incarnation, c. vi; saint Augustin, en plusieurs endroits, etc.

« O felix culpa, quæ talem ac tantum meruit habere Redemp

« torem (1)! »

ARTICLE III.

De la nécessité de l'Incarnation.

339. Dieu est libre dans ses œuvres; il a fait tout ce qu'il a voulu, quand il l'a voulu et comme il l'a voulu, sans être astreint par aucune nécessité à vouloir ce qu'il a voulu. Il pouvait donc s'abstenir de créer le monde, et d'envoyer son Fils sur la terre. L'Incarnation n'est pas même nécessaire dans l'hypothèse de la création. L'homme aurait pu être en rapport avec Dieu, comme il y a été avant sa chute, sans la médiation du Verbe incarné. D'ailleurs, lors même que l'Incarnation n'aurait pas eu lieu, il eût toujours été vrai de dire que tout ce que le Créateur a fait est bon et très-bon, et cuncta erant valde bona (2); non d'une bonté ou perfection absolue, qui ne peut convenir qu'à Dieu, mais d'une bonté relative et à la fin qu'il se proposait, et aux moyens par lesquels il devait arriver à cette fin. Enfin, l'Incarnation nous est représentée dans l'Écriture, dans les ouvrages des Pères et les enseignements de l'Église, non comme une conséquence ou un appendice de la création, mais comme un bienfait surnaturel, comme un pur effet de la bonté, de la miséricorde, de l'amour de Dieu pour les hommes. « Dieu a fait paraître son amour pour nous, << dit saint Jean, en ce qu'il a envoyé son Fils unique dans le monde, afin que nous vivions par lui. C'est en cela que consiste « cet amour, que ce n'est pas nous qui avons aimé Dieu, mais que «< c'est lui qui nous a aimés le premier, et qu'il nous a envoyé son << Fils comme une victime de propitiation pour nos péchés (3). •

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340. L'Incarnation n'était point non plus nécessaire de la part de Dieu, dans l'hypothèse de la chute de l'homme : autrement elle ne serait point, à proprement parler, un effet de la miséricorde ou de l'amour de Dieu pour les hommes. D'ailleurs, à quel titre eût elle été nécessaire? En se révoltant contre le Créateur, la créature aurait-elle acquis des droits à ses bonnes grâces? Non, notre rédemption n'est point un acte de justice, mais un don gra

(1) Missel romain, Benedictio cerei. — (2) Genèse, c. 1, v. 31. (3) In hoc apparuit charitas Dei in nobis, quoniam Filium suum unigenitum misit Deus in mundum, ut vivamus per eum. In hoc est charitas; non quasi nos dilexerimus Deum, sed quoniam ipse prior dilexit nos, et misit Filium suum propitiationem pro peccatis nostris. Ire épitre de saint Jean, c. iv, v. 9 et 10.

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