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obtenir une telle Mère à qui son fils accorde tout, lors même qu'il semble qu'il la traite le plus rudement? Et que ne lui donnera-t-il pas quand l'heure sera venue de la glorifier avec lui par toute la terre, puisqu'il avance en sa faveur, comme dit saint Jean-Chrysostôme, l'heure qu'il avait résolue ? Mais qui n'admirera que Jésus n'ait voulu faire son premier miracle qu'à la prière de la sainte Vierge? miracle pour une chose non nécessaire. Quelle grande nécessité qu'il y eût du vin dans ce banquet? Marie le désire, c'est assez. Invoquons-la donc avec confiance. Mais écoutons aussi comme elle parle à ceux pour lesquels elle a prié : Faites ce que mon Fils vous ordonnera. J'ai prié, j'ai intercédé; mais faites ce qu'il vous dira: c'est à cette condition que vous verrez le miracle et l'effet de mes prières. Ainsi, attendons tout de Marie, si nous sommes bien résolus de faire ce que Jésus nous commandera : c'est la loi qu'elle nous prescrit elle-même.

A l'âge de douze ans, Jésus avait dit à Marie et à Joseph : Pourquoi est-ce que vous me cherchiez? ne saviez-vous pas que je dois être dans ce qui est de mon Père? Il dit ici dans le même sens : Femme, qu'y a-t-il entre vous et moi? mon heure n'est pas encore venue C'est que désormais il va parler et agir, non plus comme le fils d'une vierge mortelle, dont il a pris une nature sujette à la mort, mais comme l'auteur de la vie, comme souverain Seigneur de toutes choses, comme Fils du Très - Haut, comme Dieu, à qui et Marie et Joseph et toutes les créatures doivent louanges et adoration.

Après les noces de Cana, Jésus descendit à Capharnaum avec sa mère, ses frères et ses disciples. Cette ville fut depuis sa demeure ordinaire et comme le centre de ses missions. Capharnaüm était une cité opulente et fort peuplée, située sur les confins des tribus de Zabulon et de Nephthali, à l'embouchure du Jourdain, dans la mer de Galilée ou de Tibériade. Le séjour qu'y fit Jésus, et le grand jour qu'il y fit éclore, fut l'accomplissement de cette prophétie d'Isaïe : La terre de Zabulon et la terre de Netphthali, route de la mer au-delà du Jourdain, la Galilée des nations, ce peuple qui demeurait dans les ténèbres a vu une grande lumière ; et ceux qui étaient dans les régions de l'ombre de la mort, la lumière s'est levée pour eux 2.

Mais la première fois qu'il vint dans cette ville, Jésus n'y resta pas long-temps. La pâque des Juifs était proche. Jésus monta à Jérusalem, la cité du grand roi, pour accomplir ce qu'avait dit le

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prophète : << Voici que j'envoie mon ange, et il préparera la voie devant ma face. >> Déjà tout le peuple et les princes du peuple savaient d'une manière certaine et juridique que cette première parole était accomplie dans la personne de Jean. Mais le prophète ajoute : « Et aussitôt viendra à son temple le Dominateur que vous cherchez, et l'ange du testament que vous désirez : le voici qui vient 1. » C'est cette seconde parole que Jésus vient accomplir; il va se montrer, avec une autorité irrésistible, le dominateur et le maître du temple. Y ayant trouvé, dans le parvis extérieur où pouvaient entrer les gentils mêmes, des gens qui vendaient des bœufs, des moutons et des colombes, comme aussi des changeurs, pour le change des monnaies étrangères, et cela pour la commodité de ceux qui venaient offrir des sacrifices: il se fit une espèce de fouet avec de petites cordes, et les chassa du temple, avec les moutons et les bœufs; il jeta aussi par terre l'argent des changeurs, et il renversa leurs comptoirs. Et il dit à ceux qui vendaient des colombes : Otez tout cela et ne faites pas de la maison de mon père un lieu de marché 2. La maison de son père, c'est le temple : comme son fils, il y déploie une autorité qui, à elle seule, est un miracle. De tant de marchands intéressés, qui étaient là par la permission ou la connivence des prêtres, pas un seul ne lui résiste, pas un seul ne dit mot. Peut-être qu'ils voyaient déjà reluire sur son front un rayon de cette majesté souveraine, qui accablera les pécheurs au dernier jour. Cette autorité inexplicable montrait le dominateur attendu ; ce zèle pour la sainteté du temple montrait celui qui dit à Dieu dans les psaumes : Le zèle de votre maison m'a dévoré. Ses disciples le surent bien reconnaître.

d'ici,

Il n'en fut pas de même des principaux Juifs, comme les prêtres et les pontifes. C'étaient eux principalement qui eussent dû veiller à la sainteté du temple; et c'étaient eux qui y avaient laissé introduire ce profane commerce. Dans l'origine, les animaux nécessaires aux sacrifices se vendaient dans la ville; ce fut par la connivence des prêtres, qu'on se mit à les vendre dans le parvis extérieur; peut-être même qu'ils y levaient un certain droit. De là, pour le moins, un tumulte peu convenable au lieu saint, et qui ne pouvait que scandaliser les gentils qui venaient y faire leurs prières. Les Juifs donc, offensés du zèle de Jésus, qui était pour eux un reproche, prirent la parole et lui dirent : « Par quel signe nous montrez-vous que vous pouvez faire ces choses? Jésus leur répondit : Détruisez ce temple-ci, et dans trois jours je le releverai. Les Juifs lui répar

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tirent Depuis quarante-six ans on a bâti à ce temple, et vous le releverez dans trois jours? Mais lui parlait du temple de son corps. Lors donc qu'il fut ressuscité d'entre les morts, ses disciples se souvinrent qu'il leur avait dit cela; et ils crurent à l'Ecriture et à la parole que Jésus leur avait dite 1. » C'est-à-dire qu'ils en comprirent tout le sens.

Pour lui reconnaître le droit d'empêcher la profanation du temple, les Juifs avaient demandé un miracle. C'était une bien mauvaise disposition pour l'obtenir. Jésus leur propose, en un sens, un miracle conditionnel : Détruisez ce temple, que déjà vous laissez profaner, et dans trois jours je le rétablirai. Les Juifs, n'ayant pas accepté la condition, n'eurent pas le droit de se plaindre. La parole du Seigneur s'accomplira néanmoins dans un autre sens. Ce temple de pierres était la figure d'un temple beaucoup plus saint, la figure du corps virginal et de l'âme sainte que le Verbe éternel s'est uni dans le sein d'une Vierge; temple adorable, où la divinité habite corporellement, où la nature divine et la nature humaine sont à jamais unies en la même personne. C'est de ce sanctuaire véritable que Jésus parlait surtout. Détruisez ce temple, tuez ce corps, ou plutôt, vous le tuerez, mais je le releverai dans trois jours. C'est le grand miracle qu'il annonce plus ouvertement ailleurs aux Juifs curieux : cette génération méchante et adultère demande un signe; il ne lui sera donné d'autre signe que le signe du prophète Jonas. Car, comme Jonas a été trois jours et trois nuits dans le ventre de la baleine, ainsi sera le Fils de l'homme trois jours et trois nuits dans le cœur de la terre.

Cependant, si Jésus renvoya les Juifs mal intentionnés au grand miracle de sa résurrection, il en fit plusieurs autres à Jérusalem, pendant les fêtes de cette même pâque; et beaucoup, en les voyant, crurent en son nom. Mais ils étaient de ceux qui croient pour un temps, et qui se retirent au temps de l'épreuve. Aussi Jésus ne se fiait point à eux, parce qu'il les connaissait tous, et qu'il n'avait pas besoin que personne lui rendit témoignage d'aucun homme; car il connaissait par lui-même ce qu'il y avait dans l'homme 2.

Au nombre de ceux qui, à la vue des miracles de Jésus, crurent en son nom, mais d'une foi imparfaite, se trouvait un homme d'entre les pharisiens, nommé Nicodème, prince des Juifs, c'est-àdire un des premiers de la nation. Celui-ci vint trouver Jésus, mais la nuit. La crainte des hommes l'empêchait encore de le faire en plein jour. Et il lui dit : Rabbi, nous savons que vous êtes un doc

Joan., 2, 18. - 2 Joan., 2, 25-25.

teur venu de la part de Dieu; car personne ne saurait faire les miracles que vous faites si Dieu n'est avec lui.

On le voit; il ne regarde encore Jésus que comme un docteur approuvé de Dieu, et encore croyait-il dire beaucoup. Nous savons, dit-il, et non pas je sais ; ce qui donne à entendre qu'il y en avait encore d'autres de son rang qui pensaient comme lui, mais qui osaient encore moins se déclarer. Jésus, qui n'achève point de briser le roseau déjà froissé ni d'éteindre la mèche qui fume encore, ne fait aucun reproche à ce disciple imparfait et timide, mais s'applique à élever son intelligence à des vérités plus hautes. Nicodème le reconnaissait pour son maître, et demandait sans doute à s'instruire des mystères du Messie et de son empire.

Jésus lui répondit: En vérité, en vérité, je vous le dis, si quelqu'un ne naît de nouveau, il ne peut voir le royaume de Dieu. Nicodème, prenant ces paroles dans un sens tout charnel, quoiqu'il fût un des principaux docteurs de la synagogue, lui dit : Comment un homme peut-il naître quand il est vieux? Peut-il rentrer dans le sein de sa mère et renaître? Jésus répondit : En vérité, en vérité, je vous le dis, si quelqu'un ne renaît de l'eau et de l'Esprit-Saint, il ne peut entrer dans le royaume de Dieu. Ce qui est né de la chair est chair, et ce qui est né de l'Esprit est esprit. Ne vous étonnez pas de ce que je vous ai dit, qu'il faut que vous naissiez encore une fois. L'Esprit souffle où il veut, et vous entendez sa voix; mais vous ne savez d'où il vient ni où il va. Il en est de même de tout homme qui est né de l'Esprit. Nicodème pensait à la naissance charnelle; Jésus lui fait entendre une naissance spirituelle. Le premier homme a été créé de terre et d'eau ; l'homme nouveau sera créé de l'eau et du Saint-Esprit. L'un et l'autre sont un miracle. Sous la main de Dieu, la terre détrempée d'eau ou le limon est devenu nerfs, os, chair, sang, veine, peau, tête, bras, mains, pieds. Aujourd'hui encore, la même terre détrempée d'eau se fait vin dans la vigne, sucre dans la canne miel dans la fleur, farine dans le blé et autres choses dans d'autres plantes. Qui comprend cela? Comment cela se fait-il? Dieu a dit une parole: Que la terre produise. Et auparavant déjà, l'Esprit de Dieu se mouvait sur les eaux, leur communiquant dès-lors ces vertus merveilleuses que nous voyons toujours et ne comprenons jamais. Or, si cette énergie de l'Esprit de Dieu, communiquée dès l'origine à la terre de soi inerte et à l'eau de soi insipide, les fait naître et renaître tous les jours à une vie au-dessus de leur état naturel, à une vie végétale, à une vie de plante, est-il incroyable que le même Esprit, se communiquant à l'eau du baptême, y fasse naître ou renaître l'homme à une vie au-dessus de son état naturel, à une vie divine, à

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une vie d'enfant de Dieu? Si la chair produit quelque chose de charnel, l'Esprit ne produira-t-il pas quelque chose de spirituel ? Voyez dans les Ecritures, voyez dans les prophètes, comme Elie et les autres : L'Esprit souffle où il veut, inspire et fait parler qui il· veut; on entend sa voix, on aperçoit ses effets, mais on ne le voit pas lui-même, on ne sait d'où il vient ni où il va. Le souffle de l'air nous en présente même quelque image. On l'entend, on le sent, mais on ne le voit pas ; on ne sait quelle est sa route. Ainsi en est-il de la naissance spirituelle.

Nicodème, toujours attaché à sa première imagination, lui répondit: Comment cela peut-il se faire? Jésus lui dit : Quoi! vous êtes maître en Israël et vous ignorez ces choses? vous ne concevez pas ce que peut être une naissance spirituelle, vous, le docteur d'Israël? vous qui recourez sans cesse à l'eau pour effacer les souillures légales et renaître pur? vous qui savez que Naaman entra lépreux dans les eaux du Jourdain et en sortit comme un enfant nouveau-né? vous qui avez lu dans le prophète : Je répandrai sur vous une eau pure, et je vous purifierai de toutes vos souillures; et je vous donnerai un cœur nouveau, je placerai un nouvel esprit au milieu de vous ; j'y placerai mon esprit1? Que si vous ne concevez pas encore, croyez du moins à notre parole. Car, en vérité, en vérité, je vous le dis ce que nous disons, nous le sayons; ce que nous attestons, nous l'avons vu; mais vous ne recevez pas notre témoignage. Que si vous ne croyez pas, lorsque je vous dis des choses terrestres, comment croirez-vous si je vous dis les choses célestes? Si vous ne croyez ni ne comprenez, lorsque je vous parle de la génération spirituelle de l'homme, comment croirez-vous, comment comprendrez-vous, lorsque je vous parlerai de la génération éternelle du Verbe dans le sein du Père ? Cependant de quel autre pourriez-vous l'apprendre? Personne n'est monté au ciel pour savoir ce qui s'y passe, sinon celui qui est descendu du ciel, le Fils de l'homme qui est dans le ciel. C'est donc lui qu'il faut croire. Et comme Moïse éleva le serpent dans le désert, ainsi faut-il que soit élevé le Fils de l'homme, afin que quiconque croit en lui ne périsse point, mais ait la vie éternelle. Car Dieu a tellement aimé le monde qu'il a donné son Fils unique, afin que quiconque eroit en lui ne périsse point, mais ait la vie éternelle. Car Dieu n'a pas envoyé son Fils dans le monde pour juger le monde, mais afin que le monde soit sauvé par lui. Qui croit en lui n'est pas jugé; mais qui n'y croit point est déjà jugé,

Ezech., 36, 25.

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