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tant d'énergie et de simplicité. On n'en quitte point la lecture sans se sentir meilleur qu'auparavant . » Si l'impie parle ainsi de l'Evangile, que fera donc le chrétien?

Pour l'homme de bonne volonté, qui cherche Dieu avec humilité de cœur, l'Evangile porte avec lui-même sa preuve. L'esprit de vérité, de charité, de vie et d'amour, y respire à chaque page. Les apôtres y racontent, avec une candeur et une simplicité inimitables, leurs propres défauts, leurs propres fautes, les souffrances, les humiliations de leur maître, sans aucune invective contre ses ennemis. Il y a quelquefois dans leurs récits des différences, comme celle des deux généalogies, qu'auraient certainement évitées ou expliquées des auteurs qui se seraient concertés ensemble. On voit que chacun écrivait de l'abondance de son cœur et de l'abondance des choses, non comme faisant un livre, mais un souvenir de piété pour des amis et des frères, dont la mémoire suppléait aux lacunes. En effet, la tradition nous apprend que saint Mathieu écrivit ainsi son Evangile pour les chrétiens de la Palestine, saint Marc pour les chrétiens de Rome, saint Luc pour les chrétiens de la Grèce, et saint Jean pour ceux de l'Asie-Mineure. Les personnes, les circonstances étant différentes, il n'est pas étonnant que, sur une multitude infinie de choses à dire, l'un dise ce que n'a pas dit un autre, ou qu'il dise les mêmes choses, mais dans un ordre différent. En quoi tous les apôtres s'accordent, c'est à donner leur vie pour attester ce qu'ils ont vu et entendu. Quelqu'un a dit: Je crois volontiers des témoins qui se font égorger. Tout le monde pensera de même.

Lisons donc avec foi et amour, méditons jour et nuit ce livre divin; ce livre, écrit par des témoins oculaires qui l'ont signé de leur sang, reçu en dépôt par d'autres témoins qui n'ont cessé de le publier par toute la terre; ce livre, pour lequel sont morts plus de témoins qu'il n'y a de lettres dans toutes ses pages; ce livre, dont la simple lecture a arraché ces paroles d'admiration à un des chefs de l'incrédulité moderne : « Je vous avoue que la majesté des Ecritures m'étonne, la sainteté de l'Evangile parle à mon cœur. Voyez les livres des philosophes avec toute leur pompe; qu'ils sont petits près de celui-là ! Se peut-il qu'un livre à la fois si sublime et si simple soit l'ouvrage des hommes? Se peut-il que celui dont il fait l'histoire ne soit qu'un homme lui-même? Est-ce là le ton d'un enthousiaste ou d'un ambitieux sectaire? Quelle grâce touchante dans ses instructions! quelle douceur, quelle pureté dans

Rousseau. Réponse au roi de Pologne.

ses mœurs! quelle élévation dans ses maximes! quelle profonde sagesse dans ses discours! quelle présence d'esprit, quelle finesse et quelle justesse dans ses réponses ! quel empire sur ses passions! Où est l'homme, où est le sage qui sait agir, souffrir et mourir sans faiblesse et sans ostentation? Quand Platon peint son juste imaginaire, couvert de tout l'opprobre du crime, et digne de tout le prix de la vertu, il peint trait pour trait Jésus-Christ : la ressemblance est si frappante, que tous les Pères l'ont sentie, et qu'il n'est pas possible de s'y tromper. Quels préjugés, quel aveuglement ne faut-il point avoir pour oser comparer le fils de Sophronisque au Fils de Marie? Quelle distance de l'un à l'autre? Socrate, mourant sans douleur, sans ignominie, soutint aisément jusqu'au bout son personnage, et si cette facile mort n'eût honoré sa vie, on douterait si Socrate, avec tout son esprit, fut autre chose qu'un sophiste. Il inventa, dit-on, la morale. D'autres avant lui l'avaient mise en pratique; il ne fit que dire ce qu'ils avaient fait, il ne fit que mettre en leçons leurs exemples. Aristide avait été juste avant que Socrate eût dit ce que c'était que justice; Léonidas était mort pour son pays avant que Socrate eût fait un devoir d'aimer sa patrie; avant qu'il eût défini la vertu, la Grèce abondait en hommes vertueux. Mais où Jésus avait-il pris chez les siens cette morale élevée et pure dont lui seul a donné les leçons et l'exemple? Du sein du plus furieux fanatisme1, la plus haute sagesse se fit entendre, et la simplicité des plus héroïques vertus honora le plus vil de tous les peuples 2. La mort de Socrate, philosophant tranquillement avec ses amis, est la plus douce qu'on puisse désirer; celle de Jésus, expirant dans les tourments, injurié, raillé, maudit de tout un peuple, est la plus horrible qu'on puisse craindre. Socrate, prenant la coupe empoisonnée, bénit celui qui la lui présente et qui pleure; Jésus, au milieu d'un supplice affreux, prie pour ses bourreaux acharnés. Oui, si la vie et la mort de Socrate sont d'un sage; la vie et la mort de Jésus sont d'un Dieu 3. »

Après ces témoignages non suspects, nous ne citerons plus qu'un seul homme, mais un de ces hommes bien rares, que la Providence suscite de loin en loin pour châtier et réformer les peuples et les rois, et changer la face de l'univers; un homme qui, dans l'histoire de l'humanité, marche à la suite de Nabuchodonosor,

Tous les philosophes du dernier siècle ont déclamé avec un fanatisme furieux contre les Juifs. Ce peuple les embarrasse. 2 Est-ce à cause qu'il rendait seul un culte au vrai Dieu, qu'il était le plus vil de tous les peuples? 3 Rousseau. Emile, 1. 4.

de Cyrus, d'Alexandre, de César, de Charlemagne. Cet homme est Napoléon. Après qu'il eut servi à Dieu de verge de fer pour briser ou relever les rois et les trônes, il osa mettre la main sur l'Eglise de Dieu. Bientôt il se vit brisé lui-même, et jeté sur un rocher solitaire de l'Océan. Là, considérant à loisir toute la différence qu'il y a des œuvres de l'homme à l'œuvre de Dieu, il en concluait toujours la divinité du Christ. « Je connais les hommes, disait-il, et je vous dis que Jésus n'est pas un homme 1. » Puis, après avoir développé les motifs de sa conviction, motifs qui, d'après le résumé qu'en a fait un écrivain sur le récit des témoins oculaires, étaient au fond les mêmes que ceux qu'on vient de lire dans le présent livre de cette histoire, il dit un jour à un de ses vieux compagnons d'armes : « Vous ne voyez pas que Jésus est Dieu ? Eh bien! j'ai eu tort de vous faire général 2.

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Napoléon racontait une autre fois, à Sainte-Hélène, qu'on avait fait plusieurs fois des tentatives auprès de lui pour l'engager à se déclarer le chef de la religion, en mettant de côté le pape. On ne se bornait pas là, disait-il; on voulait que je fisse moi-même une religion à ma guise, m'assurant qu'en France et dans le reste du monde, j'étais sûr de ne pas manquer de partisans et de dévots du nouveau culte. Que répondre à de pareilles sottises? Un jour, cependant, que j'étais pressé sur ce sujet, par un personnage qui voyait là dessous une grande pensée politique, je l'arrêtai tout court: « Assez, monsieur, assez; voulez-vous aussi que je me fasse crucifier? » Et comme il me regardait d'un air étonné : « Ce n'est pas là votre pensée, ni la mienne non plus; eh bien! monsieur, c'est là ce qu'il faut pour la vraie religion! Et après cellelà, je n'en connais pas, ni n'en veux connaître une autre 3. »

Ces pensées et ces sentiments étaient si profondément empreints dans tout son être, que, lorsquc dans sa petite intimité, il rencontrait des assertions monstrueuses, impudentes, cyniques, qui excitaient son indignation ou sa surprise, sans le porter à la colère, il s'écriait : Jésus!... Jésus!... et se signait; c'est-à-dire, faisait sur lui-même le signe de la croix 4.

1 Conversations religieuses de Napoléon, par le chevalier de Beauterne, p. 116, en note. 2 Ibid., dans la même note.. Ibid., p. 111 et 112. 4 Mémorial

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de Sainte-Hélène, t. 2, p. 161, édit. 1840.

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Quatre grands empires ont passé l'un après l'autre sur la terre: les Assyriens, les Mèdes et les Perses, les Grecs, les Romains. Les prophètes en avaient marqué d'avance les caractères différents; l'histoire, tant sacrée que profane, est là pour montrer la justesse de la prédiction. Ces quatre empires, ou ces quatre dynasties du même empire devaient faire place à un empire nouveau, qui, sous l'emblême d'une pierre détachée de la montagne sans la main d'aucun homme, remplirait bientôt le monde entier. Sa destinée est différente de celle des autres; il ne passera jamais à un autre peuple, et durera éternellement 1. Ce nouveau royaume, cet empire immortel, c'est l'Eglise dont nous écrivons l'histoire.

Douze hommes, réduits pour le moment à onze, devaient fonder ce nouvel empire. Nous les avons laissés, avec les autres disciples, sur la montagne des Oliviers, où Jésus les avait conduits le quarantième jour après sa résurrection, et d'où, les ayant bénis, il était monté au ciel en leur présence. Une nuée lumineuse l'avait dérobé à leurs yeux, et ils regardaient encore, quand deux hommes vêtus de blanc parurent auprès d'eux et leur dirent: Hommes de Galilée, pourquoi restez-vous là, regardant au ciel? Ce Jésus que vous y avez vu monter, en reviendra de la même manière à la fin des siècles. Alors ils retournèrent pleins de joie de la montagne à Jérusalem, et, entrés dans la maison, ils montèrent à la chambre haute où demeuraient Pierre et Jean, Jacques et André, Philippe et Thomas, Barthélemi et Mathieu, Jacques, fils d'Alphée, et Simon le Chananéen, et Jude, frère de Jacques. Tous ceux-ci persévéraient

1 Dan., 2.

unanimement dans la prière avec les pieuses femmes, et Marie, mère de Jésus, et ses frères ou ses parents 1.

Pierre est ici nommé le premier comme ailleurs. Il s'appelait dans l'origine, Simon, fils de Jona ou Jean. La première fois que Jésus le vit, il lui donna le nom de Céphas ou Pierre 2. Plus tard il parut pourquoi. Pierre ayant répondu à son maître : Vous êtes le Christ, le Fils du Dieu vivant; Jésus lui répondit à son tour: Bienheureux es-tu Simon, fils de Jona; car ce n'est pas la chair et le sang qui te l'ont révélé, mais mon Père qui est au ciel. Et moi aussi je te dis: Tu es Pierre, et sur cette même pierre je bâtirai mon Eglise, et les portes de l'enfer ne prévaudront point contre elle. Et c'est à toi que je donnerai les clés du royaume des cieux; et tout ce que tu lieras sur la terre sera lié dans les cieux, et tout ce que tu délieras sur la terre sera délié dans les cieux 3. A la veille de mourir, Jésus lui disait encore: Simon, Simon, voici que Satan vous a demandés à cribler comme on fait le froment; mais moi j'ai prié pour toi, afin que ta foi ne défaille point; alors donc que tu seras converti un jour, affermis tes frères". Jusque-là ce sont des promesses, des recommandations pour l'avenir. Quelques jours avant son ascension, Jésus lui commande au présent : Simon, fils de Jean, pais mes agneaux, pais mes brebis 5. Alors seulement il fut investi de sa charge. C'est à ce même Pierre, et, avec lui, aux autres apôtres dont il était le chef, que Jésus-Christ dit en les quittant: Il m'a été donné toute puissance au ciel et sur la terre : allez donc enseigner toutes les nations, les baptisant au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit; leur apprenant à observer tout ce que je vous ai commandé : et voici, je suis avec vous tous les jours jusqu'à la consommation du monde.

Telles sont les promesses de Jésus-Christ à ses apôtres. Il y a des chrétiens dévoyés qui en ont grand'peur. Dans leurs histoires ecclésiastiques, les protestants font semblant de ne pas les voir, ou bien ils assurent qu'ils n'y voient aucunement ce qu'y ont vu les chrétiens de tous les lieux et de tous les temps. Cela peut être. Dieu a dit: Que la lumière soit; et la lumière fut: et cependant quand on ferme les yeux on ne voit pas la lumière. Le vrai de tout cela, c'est que cette pierre, devenue montagne qui remplit toute la terre, les offusque : son unité compacte, son immuable solidité, ils les déclarent un abus ; ils voudraient qu'elle fût demeurée pierre qui roule. Les siècles chrétiens ne pensent pas comme eux.

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