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cœur? est-ce une mère tendre, qui, voyant son enfant en péril, s'avisa la première d'implorer la Mère de Jésus, dans la douce illusion qu'étant mère elle-même, elle s'intéresserait à son affliction maternelle ? est-ce un moribond aux prises avec la mort, qui, le premier, réclama la Mère de douleur pour l'assister dans sa dernière agonie? Non; c'est un personnage bien plus grand et plus étonnant. Qui donc ? un Père de l'Eglise, un apôtre de Jésus-Christ, un prophète inspiré de l'Esprit-Saint? C'est plus encore. C'est, non un faible mortel, non un habitant de cette terre d'exil, mais un habitant du ciel; c'est plus qu'un saint Père, plus qu'un apôtre, plus qu'un prophète; c'est un de ces esprits purs qui voient Dieu continuellement face à face, une de ces intelligences célestes qui,' nuit et jour, debout devant le trône du Trois-fois-Saint, chantent sans fin ses louanges éternelles. C'est un ange du Très-Haut, et un ange non pas des rangs inférieurs, mais un des chefs puissants de la milice céleste, un des princes de la cour du Roi des rois, qui, déjà plusieurs siècles auparavant, avait annoncé à Daniel la fin des maux et le Sauveur des hommes; en un mot, c'est l'ange Gabriel.

Et dans quelle circonstance ce prince des armées du Seigneur présente-t-il le premier ses hommages à la Vierge sainte? Est-ce lorsqu'elle entra triomphante au ciel le jour de sa glorieuse assomption, lorsque les portes éternelles s'ouvrirent devant elle, comme devant la reine des anges et des hommes? Non. C'est lorsqu'elle vivait encore dans la retraite, inconnue au monde et à elle-même; lorsqu'elle était encore cachée dans la maison de ses humbles parents. C'est là, dans une pauvre cabane, que ce puissant archange descend du haut des cieux pour honorer le premier cette Vierge pudique et timide, le premier célébrer ses louanges, le premier lui adresser cette salutation respectueuse : Je vous salue, ô vous qui êtes pleine de grâce : le Seigneur est avec vous, vous êtes bénie entre toutes les femmes !

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Ensuite, ce bienheureux archange vient-il par hasard ou en son propre nom? Il était envoyé de Dieu, nous répond l'Evangile. Il vient comme ambassadeur du Très-Haut, au nom de tous les anges et de tous les archanges, au nom de tous les trônes et de toutes les dominations, au nom de toutes les principautés et de toutes les puissances, au nom de tous les chérubins et de tous les séraphins. Que dis-je ? Il vient au nom de la très-sainte et adorable Trinité. C'est au nom du Dieu en trois personnes et de tous les habitants du ciel qu'il salue si respectueusement cette Vierge d'Israël, cette fille d'Adam. C'est Dieu lui-même, avec ses anges, qui nous donne le premier l'exemple d'honorer la plus pure des Vierges.

Et pourquoi ce messager du Tout-Puissant est-il envoyé à cette humble fille de Nazareth? - O ciel! ô terre! soyez dans l'étonnement. C'est pour traiter avec elle de l'exécution de cet éternel dessein qui devait réparer le passé, le présent et l'avenir; étonner les anges, les hommes et les démons; consoler la terre, lui rouvrir le ciel et confondre l'enfer. Pour traiter avec elle de l'accomplissement de cette promesse de miséricorde, qui faisait l'unique espérance d'Adam et d'Eve dans leur chute, l'unique objet de tous les désirs des patriarches et des prédictions des prophètes, l'attente générale de toutes les nations, la joie du ciel, la terreur des démons; pour traiter avec elle de l'incarnation du Fils de Dieu et de la rédemption des hommes. Je dis, pour en traiter avec elle et y obtenir son consentement. En effet, nous l'avons vu, lorsque le céleste ambassadeur lui expose l'objet de sa mission et lui annonce qu'elle concevrait dans ses chastes entrailles et qu'elle enfanterait le Sauveur du monde, elle hésite, elle délibère, elle oppose comme un obstacle la virginité qu'elle a promise à Dieu. Il faut que l'archange lui assure de sa part que, par un miracle unique de sa toute-puissance, elle deviendrait mère sans cesser d'être vierge. Ce n'est qu'alors qu'elle consent à l'honneur incomparable de la maternité divine; ce n'est qu'alors que s'accomplit l'incarnation du Verbe et notre rédemption à tous.

Et maintenant on osera nous dire que nous honorons trop la sainte Vierge! Mais qui donc l'honore plus, de nous ou de Dieu ? Le Père a une prérogative incommunicable, celle d'engendrer éternellement son Fils; il la communique néanmoins à Marie, qui l'engendrera temporellement. Le Fils de Dieu sera véritablement son Fils, elle sera véritablement sa mère. Pour opérer ce prodige, l'Esprit-Saint vient en elle, l'inonde de toutes ses grâces, se fait son époux. Voilà comme Dieu l'honore. Nous, au contraire, que faisonsnous pour elle? que faisons-nous avec toutes nos louanges, tous nos cantiques, toutes nos fêtes? N'est-ce pas de nous représenter, comme nous pouvons, d'une manière imparfaite, grossière peutêtre, l'honneur incompréhensible que Dieu lui fait, de nous en réjouir avec elle et d'en bénir l'adorable Trinité ?

On nous reprochera de lui témoigner trop de confiance et d'amour! Mais que lui témoignait donc le Fils de Dieu? quel nom lui donnait-il? n'est-ce pas un nom qui n'est que confiance, qu'amour, que respect, que soumission: le doux nom de mère? Ne lui a-t-il pas été soumis, les trente ans de sa vie cachée, comme le fils le plus tendre!

Nous blâmera-t-on d'implorer son assistance dans l'affaire de

notre salut? Mais Dieu lui-même ne nous en donne-t-il pas comme l'exemple? Quand il s'est agi de la rédemption générale des hommes, n'a-t-il pas sollicité, pour ainsi dire, le consentement de la vierge de Nazareth? Et s'il lui a donné une si grande part au fond même de l'œuvre, lorsqu'elle gémissait encore avec nous dans cette vallée de larmes, quelle part ne lui donnera-t-il pas aux suites de cet œuvre, maintenant qu'elle règne auprès de son Fils, assise sur un trône de grâce et de miséricorde? Ah! si le ciel attend le consentement de son humilité, avec quelle confiance la terre n'espérera-t-elle pas dans la puissante intercession de sa charité?

Mais comment saura-t-elle nos prières? Comme elle a su la volonté de Dieu; un ange lui en porte le message. Eh! ce même Dieu n'a-t-il pas commis de ses anges sur chacun de nous; ne leur a-t-il pas ordonné de nous garder dans toutes nos voies; de nous porter même dans leurs mains, de peur que nous ne heurtions le pied contre la pierre? Combien plus ne s'empresscront-ils pas de porter nos prières à leur reine et à la nôtre, afin qu'elle y joigne ses prières et que nous obtenions de son adorable Fils de le voir à jamais avec elle et avec eux!

Non, non; que l'on médite avec foi et avec amour ce que l'Evangile nous apprend de la sainte Vierge, et l'on ne s'étonnera plus de notre dévotion envers elle; l'on ne s'étonnera plus de nous voir fêter avec tant de joie et de piété tous les événements de sa vie. L'on ne s'étonnera plus que nous appellions sa conception miraculeuse, parce que, d'après une pieuse tradition venue d'Orient et répandue dans toutes les églises, Dieu la donna par miracle à son père saint Joachim et à sainte Anne, sa mère, qui était stérile. L'on ne s'étonnera même plus que, sans que l'Eglise, notre mère, nous ordonne de le croire, mais par là seul qu'elle nous le permet, nous croyions généralement que Marie a été conçue sans péché; que son Fils étant Dieu éternel et l'aimant comme sa Mère, avant même qu'elle fût, il l'a dispensée de la loi commune, séparée de la contagion universelle, et prévenue par sa grâce contre la colère qui nous poursuit dès notre origine; qu'il a ainsi pleinement accompli en elle ce qu'il avait dit au serpent: Je mettrai l'inimitié entre toi et la femme, entre ta race et la sienne, et celleci t'écrasera la tête. Cette femme par excellence est Marie, la race de cette femme est Jésus. L'inimitié, l'opposition de la Mère et du Fils pour le serpent est la même, existant dès toujours: dans le Fils, c'est un effet de la nature; dans la Mère, un effet de la grâce. L'on ne s'étonnera plus que nous célébrions la nativité de cette vierge bienheureuse, comme l'aurore du jour de la rédemption,

TOME IV.

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comme les premiers rayons du soleil de justice. L'on concevra sans peine ce que nous assure une pieuse tradition et ce que l'Evangile nous laisse en partie à conclure : Que, prévenue par le Ciel de tant de faveurs, Marie fut présentée au temple dès sa première enfance; qu'elle y consacra sa virginité à Dieu et y fut nourrie sous ses ailes, comme un temple vivant où son Fils devait habiter.

Quels effets admirables la voix seule de Marie peut opérer dans les cœurs, la suite de l'Evangile va nous l'apprendre.

<< En ces jours-là, Marie se levant, s'en alla en hâte vers les montagnes, dans une ville de Juda. » On croit que c'est Hébron, ville sacerdotale de cette tribu. Là étaient les tombeaux des patriarches. C'est là qu'Abraham, Isaac et Jacob avaient tant de fois reçu de Dieu l'assurance que, dans un de leur race, seraient bénies toutes

les nations de la terre.

<< Et elle entra dans la maison de Zacharie et salua Elisabeth. Et il arriva que, quand Elisabeth eut ouï la salutation de Marie, l'enfant tressaillit en son sein, et Elisabeth fut remplie du Saint-Esprit; et elle s'écria à haute voix, et dit : Vous est bénie entre toutes les femmes, et béni est le fruit de vos entrailles! Et d'où me vient ceci, que la Mère de mon Seigneur vienne à moi? car voici que dès la voix de votre salutation est parvenue à mes oreilles, l'enfant a tressailli de joie dans mon sein. Et bienheureuse êtesvous, qui avez cru; car elles s'accompliront, les choses qui vous ont été dites par le Seigneur 1. »

que

Après l'ange Gabriel, envoyé de Dieu, voilà donc sainte Elisabeth ou plutôt le Saint-Esprit qui l'inspire, qui nous apprend à louer, à bénir Marie. Et les choses mêmes la louent encore plus. A la seule voix de son salut ou de sa paix, Jean est sanctifié, Jean tressaille de joie dans le sein de sa mère ; à la seule voix de son salut ou de sa paix, Elisabeth est remplie du Saint-Esprit et reconnaît la mère de son Seigneur. Sans doute c'est Jésus, caché dans les chastes entrailles de Marie, qui opère toutes ces merveilles ; mais il les opère à la voix de Marie. Oh! que je m'unisse bien vite à l'ange et à Elisabeth, pour dire avec eux : Je vous salue, Marie! je vous salue, je vous félicite, je vous bénis, je vous aime. Je vous salue, ô pleine de grâce, et qui remplissez de votre plénitude ceux qui ont le bonheur de vous entendre. Le Seigneur est avec vous, le Seigneur est dans vous, le Seigneur est à vous. Vous êtes bénie par-dessus toutes les femmes, chérie par-dessus toutes les mères, exaltée par-dessus toutes les reines. Et béni, loué, aimé, adoré à jamais est le fruit de

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vos entrailles, Jésus, votre Dieu et le nôtre, votre Sauveur et le nôtre, votre amour et le nôtre. O Marie, notre mère! que la douce voix de votre salutation et de votre paix retentisse souvent aux oreilles de notre cœur, afin que nous aussi nous soyons sanctifiés, afin que nous aussi nous tressaillions d'une sainte joie, afin que nous aussi nous soyons remplis de l'Esprit-Saint?

« Et Marie dit : Mon âme glorifie le Seigneur; et mon esprit est ravi de joie en Dieu, mon Sauveur : parce qu'il a regardé l'humilité de sa servante; car voici que désormais toutes les générations me diront bienheureuse. Parce qu'il a fait en moi de grandes choses, celui qui est puissant : et son nom est Saint. Et sa miséricorde s'étend de génération en génération sur ceux qui le craignent. Il a déployé la force de son bras: il a dissipé les orgueilleux dans les pensées de leur cœur. Il a renversé les puissants de leurs trônes, et il a élevé les humbles. Il a rempli de biens ceux qui avaient faim, et il a renvoyé les riches les mains vides. Il a pris en sa protection Israël, son serviteur, se ressouvenant de sa miséricorde, ainsi qu'il a parlé à nos pères, à Abraham et à sa postérité pour toujours 1. >> Apprenons ici à connaître et à imiter Marie. Elle avait entendu un archange lui dire : La chose sainte qui naîtra de vous s'appellera le Fils du Très-Haut; elle ne répondit autre chose, sinon qu'elle était la très-humble servante du Seigneur. L'Esprit révèle à Elisabeth la gloire incompréhensible de Marie; cette sainte admire la dignité incomparable de sa personne : D'où me vient ce bonheur, s'écrie-t-elle, que la Mère de mon Dieu m'honore de sa visite? Elle préconise le miracle de sa voix : A peine la voix de votre salutation a-t-elle retenti à mes oreilles, que l'enfant que je porte dans mon sein a tressailli de joie. Elle la félicite sur sa foi vive: 0 que vous êtes bienheureuse d'avoir cru avec une docilité si prompte; car elles s'accompliront certainement, les hautes merveilles que le Seigneur vous a dites. Voilà de grandes et magnifiques louanges, et louanges véritables, inspirées par le Saint-Esprit même. Mais Marie n'en garde rien pour elle; sa pieuse humilité rapporte tout à Dieu, dont elle célèbre les infinies miséricordes. Vous, répondelle, vous glorifiez la mère du Seigneur, mais mon âme glorifie le Seigneur lui seul. Vous dites qu'au son de ma voix votre enfant a tressailli de joie; mon esprit a tressailli aussi d'une grande allégresse, mais en Dieu, mon Sauveur, mon Jésus. Vous m'appelez bienheureuse, parce que j'ai cru; mais cette foi et ce bonheur ne sont qu'un effet de la miséricorde du Seigneur, qui a regardé

'Luc, 1, 46-55.

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