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leur attire l'horreur du public. Ils sont même trop inappliqués et trop indifférents sur la religion, pour vouloir se donner la peine de la contredire. Ils seroient néanmoins fort aises de trouver sans peine sous leur main dans les livres qu'on nomme divins, de quoi secouer le joug et flatter leurs passions. A peine peut-on regarder de tels hommes comme des catéchumenes. Les catéchumenes qui se préparoient autrefois au martyre en même temps qu'au baptême, étoient infiniment supérieurs à ces chrétiens qui n'en portent le nom que pour le profaner. D'un autre côté, les pasteurs ont perdu cette grande autorité que les anciens pasteurs savoient employer avec tant de douceur et de force; maintenant les laïques sont tou jours tout prêts à plaider contre leurs pasteurs devant les juges séculiers, même sur la discipline ecclésiastique. Il ne faut pas que les évêques se flattent sur cette autorité : elle est si affoiblie, qu'à peine en restet-il des traces dans l'esprit des peuples. On est accou tumé à nous regarder comme des hommes riches et d'un rang distingué, qui donnent des bénédictions, des dispenses et des indulgences; mais l'autorité qui vient de la confiance, de la vénération, de la'docilité et de la persuasion des peuples, est presque effacée. On nous regarde comme des seigneurs qui dominent et qui établissent au dehors une police vigoureuse;

mais on ne nous aime point comme des peres tendres et compatissants qui se font tout à tous. Ce n'est point à nous qu'on va demander conseil, consolation, direction de conscience. Ainsi cette autorité paternelle qui seroit si nécessaire pour modérer les esprits par une humble docilité dans la lecture des saints livres, nous manque entièrement. En notre temps chacun est son casuiste, chacun est son docteur, chacun décide, chacun prend parti pour les novateurs, sous de beaux prétextes, contre l'autorité de l'église; on chicane sur les paroles, sans lesquelles les sens ne sont plus que de vains fantômes : les critiques sont au comble de la témérité; ils dessechent le cœur; ils élevent les esprits au-dessus de leur portée; ils apprennent à mépriser la piété simple et intérieure ; ils ne tendent qu'à faire des philosophes sur le christianisme, et non pas des chrétiens. Leur piété est plutôt une étude seche et présomptueuse, qu'une vie de recueillement et d'humilité. Je croirois que ces hommes renverseroient bientôt l'église si les promesşes ne me rassuroient pas. Les voilà arrivés ces temps où les hommes ne pourront plus souffrir la saine doctrine, et où ils auront une démangeaison d'oreilles pour écouter les novateurs. J'en conclus qu'il seroit très dangereux, dans de telles circonstances, de livrer le texte sacré indifféremment à la téméraire critique

de tous les peuples. Il faut songer à rétablir l'autorité douce et paternelle ; il faut instruire les chrétiens sur l'écriture avant que de la leur faire lire; il faut les y préparer peu-à-peu, en sorte que, quand ils la liront, ils soient déja accoutumés à l'entendre, et soient rémplis de son esprit avant que d'en voir la lettre : il ne faut en permettre la lecture qu'aux ames simples, dociles, humbles, qui y chercheront non à contenter leur curiosité, non à disputer, non à décider ou à critiquer, mais à se nourrir en silence. Enfin il ne faut donner l'écriture qu'à ceux qui, ne la recevant des mains de l'église, ne veulent y chercher que le sens de l'église même.

que

Je suis avec un vrai respect, &c.

TOME III.

N

par

SUR

LA FRÉQUENTE COMMUNION.

Je ne suis nullement surpris, monsieur, d'apprendre la lettre que vous m'avez fait la grace de m'écrire, que plusieurs personnes sont mal édifiées de vous voir communier presque tous les jours; ces personnes ne jugent de vos communions que sur certains préjugés qu'elles tirent de l'ancienne discipline sur la pénitence. Mais il ne s'agit point ici de l'exemple des hommes coupables de péchés mortels, qui étoient dans la nécessité de faire pénitence avant que de communier : le cas dont il s'agit est celui d'un fidele dont la conscience est pure, qui vit régulièrement, qui est sincere et docile à un directeur expérimenté et ennemi du relâchement. Ce fidele est foible; mais it se défie de sa foiblesse, et a recours à l'aliment céleste pour se fortifier. Il est imparfait; mais il en gémit et travaille pour se corriger de ses imperfections. Je dis qu'un bon directeur, auquel il obéit avec simplicité, peut et doit le faire communier presque tous les jours. Voici mes raisons:

I. Les peres nous enseignent que l'eucharistie est

le pain quotidien que nous demandons dans l'oraison dominicale. Jésus-Christ se donne sous l'apparence du pain, qui est l'aliment le plus familier de l'homme,' pour nous familiariser avec son corps ressuscité et glorieux.

Ainsi, l'institution du sacrement expliquée par la tradition nous invite à une communion quotidienne.

(1)

Les peres mêmes ont expliqué de l'eucharistie la parabole "" où Jésus-Christ représente un roi qui ayant préparé un festin, et sachant les vaines excuses des invités, envoie d'abord dans les places et dans les rues, ensuite jusques dans les chemins et le long des haies, pour y chercher des hommes qu'on force d'entrer, afin que sa maison soit remplie.

La pratique suivit d'abord l'esprit de l'institution du sacrement. (2) Les premiers fideles persévéroient dans la communion de la fraction du pain... ceux qui croyoient... vivoient tous unis, et ils alloient assidument tous les jours en union d'esprit au temple, rompant le pain, tantôt dans une maison, et tantôt dans une autre. La tradition nous apprend que cette communion de la fraction du pain étoit la participation à l'eucharistie; ainsi il résulte de cette tradition sur ces paroles, que les fideles qui vivoient chrétienne(2) Act. 2, v. II.

(1) Luc 14, V. 23.

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