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POUR

UN MALADE.

I. MÉDITATION.

Je me suis tu, Seigneur, parceque c'est vous qui l'avez fait. Psaume 38, v. 10.

EST-CE à moi à me plaindre quand mon Dieu mę frappe, et qu'il me frappe par amour, afin de me guérir? Frappez donc, Seigneur, j'y consens. Que vos coups les plus rigoureux sont doux, puisqu'ils cachent tant de miséricordes! Hélas! si vous n'aviez point frappé mon corps, mon ame n'auroit point cessé de se donner à elle-même le coup de la mort. Elle étoit couverte d'ulceres horribles. Vous l'avez yue, vous en avez eu pitié : vous abattez ce corps de péché; vous renversez mes ambitieux projets; vous me rendez le goût de votre éternelle vérité, que j'avois perdu depuis si long-temps. Soyez donc à jamais béni ! Je baise la main qui m'écrase, et j'adore le bras qui me frappe.

II. MÉDITATION.

Ayez pitié de moi, Seigneur, parceque je suis infirme. Ps. VI, v. 3.

O mon Dieu, je n'ai point d'autre raison que ma misere pour exciter votre miséricorde. Voyez le besoin que j'ai de votre secours, et donnez-le moi. J'en sens le besoin, Seigneur : heureux de le sentir, si ce sentiment me tient dans la défiance de moi-même ! Vous avez frappé ma chair pour la purifier; vous avez brisé mon corps pour guérir mon ame. C'est par la douleur salutaire que vous m'arrachez aux plaisirs corrompus. L'infirmité de ma chair m'afflige, moi qui n'avois point d'horreur de l'infirmité de mon esprit il étoit en proie à la vaine ambition, à la fievre ardente de toutes les passions furieuses. J'étois malade et je ne croyois pas l'être. Mon mal étoit si grand que je ne le sentois pas. Je ressemblois à un homme qui a une fievre chaude et qui prend l'ardeur de la fievre pour la force d'une pleine santé. Ô heureuse maladie qui m'ouvre les yeux et qui change mon

cœur !

III. MÉDITATION.

Il vous a été donné non seulement de croire en lui, mais aussi de souffrir pour lui. Philip. I, v. 29.

O don précieux qu'on ne connoît point! La douleur n'est pas moins précieuse que la foi répandue dans les ames par le Saint-Esprit. Bienheureuse marque de miséricorde quand Dieu nous fait souffrir! Mais sera-ce une souffrance forcée et pleine d'impatience? Non ; les démons souffrent ainsi. Celui qui souffre sans vouloir souffrir ne trouve dans ses peines qu'un commencement des éternelles douleurs. Quiconque se soumet dans sa souffrance, la change en un bien infini. Je veux donc, ô mon Dieu, souffrir en paix et avec amour. Ce n'est pas assez de croire vos saintes vérités, il faut les suivre: elles nous condamnent à la douleur, mais elles nous en découvrent le prix. Ô Seigneur, ranimez ma foi languissante. Qu'on voie reluire en moi la foi et la patience de vos saints! S'il m'échappe quelque impatience, du moins que je m'en humilie aussitôt, et que je la répare par ma douleur !

IV. MÉDITATION.

Seigneur, je souffre violence; répondez pour moi. Ezéch. Isa.
XXXVIII, v. 14.

Vous voyez les maux qui m'accablent. La nature se plaint; que lui répondrai-je? Le monde cherche à m'amuser et à me flatter; comment faut-il que je le repousse? Que dirai-je, Seigneur? Hélas! il ne me reste de force que pour souffrir et pour me taire. Ré. pondez vous-même: par votre parole toute-puissante, écartez le monde trompeur qui m'a déja séduit une fois. Soutenez mon cœur malgré les défaillances de la nature. Je souffre violence par les maux dont vous m'accablez et par mes passions qui ne sont point encore éteintes. Je souffre; hâtez-vous de me secourir.

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V. MÉDITATION.

Le Seigneur me l'a donné, le Seigneur me l'a ôté. Job, I, v. 12.

Voilà, Seigneur, ce que vous faisiez dire à votre serviteur Job dans l'excès de ses maux. Ô que vous êtes bon de mettre encore ces paroles dans la bouche et dans le cœur d'un pécheur tel que moi ! Vous m'aviez donné la santé, et je vous oubliois; vous me l'ôtez, et je reviens à vous. Précieuse miséricorde, qui m'arrachez les dons de Dieu qui m'éloignoient de lui, pour me donner Dieu même! Seigneur, ôtez tout ce qui n'est point vous, pourvu que je vous aie. Tout est à vous ; vous êtes le Seigneur : disposez de tout ! biens, honneurs, santé; arrachez tout ce qui me tiendroit lieu de vous.

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