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XXVII. JOUR.

Sur le bon emploi du temps.

Faisons le bien pendant que nous en avons le temps. Une nuit viendra pendant laquelle personne ne peut agir. Gal, 6, v. 10; Jean 9, v. 4.

I. Le temps est précieux; mais on n'en connoît pas le prix : on le connoîtra quand il n'y aura plus lieu d'en profiter. Nos amis nous le demandent comme si ce n'étoit rien; et nous le donnons de même. Souvent il nous est à charge; nous ne savons qu'en faire et nous en sommes embarrassés. Un jour viendra qu'un quart-d'heure nous paroîtra plus estimable et plus desirable que toutes les fortunes de l'univers. Dieu, libéral et magnifique dans tout le reste, nous apprend, par la sage économie de sa providence, combien nous devrions être circonspects sur le bon usage du temps, puisqu'il ne nous en donne jamais deux instants ensemble, et qu'il ne nous' accorde le second qu'en retirant le premier, et qu'en retenant le troisieme dans sa main avec une entiere incertitude si nous l'aurons. Le temps nous est donné pour ménager l'éternité : et l'éternité ne sera pas trop longue pour regretter la perte du temps, si nous

en avons abusé.

II. Toute notre vie est à Dieu aussi bien que tout notre cœur. L'un et l'autre ne sont pas trop pour lui. Il ne nous les a donnés que pour l'aimer et pour le servir. Ne lui en dérobons rien. Nous ne pouvons pas à tous moments faire de grandes choses; mais nous en pouvons toujours faire de convenables à notre état. Se taire, souffrir, prier quand nous ne sommes pas obligés d'agir extérieurement, c'est beaucoup offrir à Dieu. Un contre-temps, une contradiction, un murmure, une importunité, une parole injuste reçue et soufferte dans la vue de Dieu, valent bien une demi-heure d'oraison; et on ne perd pas le temps, quand, en le perdant, on pratique la douceur et la patience. Mais pour cela il faut que cette perte soit inévitable et que nous ne nous la procurions pas par notre faute. Ainsi réglez vos jours, et rachetez le temps "), comme dit S. Paul, en fuyant le monde, et en abandonnant au monde des biens qui ne valent pas le temps qu'ils nous ôtent. Quittez les amusements, les correspondances inutiles, les épanchements de cœur qui flattent l'amour-propre, les conversations qui dissipent l'esprit et qui ne conduisent à rien. Vous trouverez du temps pour Dieu; et il n'y en a de bien employé que celui qui est employé pour lui.

(1) Éphés. 5, v. 16.

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XXVIII. JOUR.

Sur la présence de Dieu.

Marchez en ma présence et soyez parfait. Gen. 17, v. 1.

I. Voilà, Seigneur, ce que vous disiez au fidele Abraham : et en effet qui marche en votre présence est dans la voie de la perfection. On ne s'écarte de cette voie sainte qu'en vous perdant de vue et qu'en cessant de vous voir en tout. Hélas! où vais-je lorsque je ne vous vois plus, vous qui êtes ma lumiere et le terme unique où doivent tendre tous mes pas ? Vous regarder dans toutes les démarches que l'on fait, c'est le moyen de ne s'égarer jamais. O foi lumineuse au milieu des tenebres qui nous environnent! Ô regard plein de confiance et d'amour qui conduisez l'homme à la perfection! Ô Dieu, je ne vois que vous; c'est vous seul que je cherche et que je considere dans tout ce que mes yeux semblent regarder! L'ordre de votre providence est ce qui attire mon attention. Mon cœur ne veille que pour vous dans la multitude des affaires, des devoirs et des pensées qui m'occupent, parcequ'elles ne m'occupent que pour obéir à vos ordres: ainsi je tâche de réunir toute mon attention en vous, ô souverain et unique objet de mon cœur, lors même que je suis obligé de

partager mes soins selon les loix de votre divine volonté. Hé! que pourrois-je regarder dans ces viles créatures, si vous cessiez de m'y appliquer et si je cessois de vous y voir?

Je tiendrai mes yeux levés vers les montagnes saintes, d'où j'attends toute ma force et tout mon secours. Ps. 120, v. 1.

II. C'est en vain que je m'appliquerois uniquement à regarder à mes pieds pour me délivrer des pieges innombrables qui m'environnent. Le danger vient d'en bas; mais la délivrance ne peut venir que d'en haut : c'est là que mes yeux s'élevent pour vous voir. Tout est piege pour moi sur la terre, le dedans et le dehors. Tout est piege, Seigneur, sans vous. C'est vers vous seul que se portent mes yeux et mon cœur. Je ne veux voir que vous. Je n'espere qu'en vous. Mes ennemis m'assiegent sans cesse. Ma propre foiblesse m'effraie. Mais vous avez vaincu le monde pour vous et pour moi; et votre force toutepuissante soutiendra mon infirmité.

XXIX. JOUR.

Sur l'amour que Dieu a pour nous:

Je vous ai aimé d'un amour éternel. Jérém. 31, v. 3.

I. Dieu n'a pas attendu que nous fussions quelque chose pour nous aimer: avant tous les siecles et avant même que nous eussions l'être que nous possédons, il pensoit à nous et il n'y pensoit que pour nous faire du bien. Ce qu'il avoit médité dans l'éternité il l'a exécuté dans le temps. Sa main bienfaisante a répandu sur nous toutes sortes de biens : nos infidélités mêmes, ni nos ingratitudes, presque aussi nombreuses que ses faveurs, n'ont pu encore tarir la source de ses dons, ni arrêter le cours de ses graces. Ô amour sans commencement qui m'avez aimé durant des siecles infinis et lors-même que je ne pouvois le ressentir ni le reconnoître! Oamour sans mesure, qui m'avez fait ce que je suis, qui m'avez donné ce que j'ai, et qui m'en promettez encore infiniment davantage ! Ô amour sans interruption et sans inconstance, que toutes les eaux ameres de mes iniquités n'ont pu éteindre ! Ai-je un cœur, ô mon Dieu, si je ne suis pas pénétré de reconnoissance et de tendresse pour vous?

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