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XXII. JOUR.

Sur la profondeur de la miséricorde de Dieu. Qu'elle est grande la miséricorde du Seigneur ! C'est un asyle certain pour tous ceux qui se tournent vers elle. Eccl. 17, v. 28.

I. Que tardons-nous à nous jetter dans la profondeur de cet abîme? Plus nous nous y perdrons avec une confiance pleine d'amour, plus nous serons en état de nous sauver. Donnons-nous à Dieu sans réserve, et ne craignons rien. Il nous aimera, et nous l'aimerons. Son amour, croissant chaque jour, nous tiendra lieu de tout le reste. Il remplira lui seul tout notre cœur, que le monde avoit enivré, agité, troublé, sans pouvoir jamais le remplir : il ne nous ôtera que ce qui nous rend malheureux : il ne nous fera mépriser que le monde que nous méprisons peutêtre déja : il ne nous fera faire que la plupart des choses que nous faisons, mais que nous faisons mal; au lieu que nous les ferons bien, en les rapportant à lui. Tout, jusqu'aux moindres actions d'une vie simple et commune, se tournera en consolation, en mérite et en récompense. Nous verrons en paix venir la mort; elle sera changée pour nous en un commencement de vie immortelle. Bien loin de nous dépouiller, elle nous revêtira de tout, comme (1) dit saint Paul; et alors nous verrons la profondeur des

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miséricordes que Dieu a exercées sur notre ame.

II. Pensez devant Dieu aux effets de'cette miséricorde infinie, à ceux que vous avez déja éprouvés, aux lumieres que Jésus-Christ vous a données, aux bons sentiments qu'il vous a inspirés, aux péchés qu'il vous a pardonnés, aux pieges du siecle dont il vous a garanti, aux secours extraordinaires qu'il vous a ménagés. Tâchez de vous attendrir par le souvenir de toutes ces marques précieuses de sa bonté. Ajoutez-y la pensée des croix dont il vous a chargé pour vous sanctifier; car ce sont encore des richesses qu'il a tirées de la profondeur de ses trésors, et vous devez les regarder comme des témoignages signalés de son amour. Que la reconnoissance du passé vous inspire de la confiance pour l'avenir. Soyez persuadée, ame timide, qu'il vous a trop aimée pour ne pas vous aimer encore. Ne vous défiez pas de lui, mais seulement de vous-même, Souvenez-vous qu'il est, comme dit l'apôtre, le pere des miséricordes, et le Dieu de toute consolation. Il sépare quelquefois ces deux choses; la consolation se retire, mais la miséricorde demeure toujours; il vous a ôté ce qu'il avoit de doux et de sensible dans sa grace, parceque vous aviez besoin d'être humiliée, et d'être punie d'avoir cherché ailleurs de vaines consolations. Ce châtiment est encore une nouvelle profondeur de sa divine miséricorde.

(1) II Cor. 1, v. 3.

XXIII. JOUR.

Sur la douceur du joug de Jésus-Christ.

Mon joug est doux et mon fardeau est léger. Matth. 11, v. 30.

I. Que le nom de joug ne nous effraie point. Nous en portons le poids; mais Dieu le porte avec nous, et plus que nous, parceque c'est un joug qui doit être porté par deux, et que c'est le sien, et non pas le nôtre. Jésus-Christ fait aimer ce joug. Il l'adoucit par le charme intérieur de la justice et de la vérité. Il répand ses chastes délices sur les vertus, et dégoûte des faux plaisirs. Il soutient l'homme contre lui-même, l'arrache à sa corruption originelle, et le rend fort malgré sa foiblesse. Ô homme de peu de foi, que craignez-vous? Laissez faire Dieu : abandonnez-vous à lui. Vous souffrirez; mais vous souffrirez avec amour et avec paix. Vous combattrez; mais vous remporterez la victoire; et Dieu lui-même, après avoir combattu en votre faveur, vous couronnera de sa propre main. Vous pleurerez; mais vos larmes seront douces, et Dieu lui-même viendra avec complaisance les essuyer. Vous n'aurez plus la permission de vous abandonner à vos passions tyranniques; mais en sacrifiant librement votre liberté, vous en retrouverez une autre inconnue au monde, et plus précieuse que toute la puissance des rois.

II. Quel aveuglement de craindre de trop s'engager avec Dieu! Plongeons-nous dans son sein. Plus on l'aime, plus on aime aussi tout ce qu'il nous fait faire. C'est cet amour qui nous console de nos pertes, qui adoucit nos croix, qui nous détache de tout ce qu'il est dangereux d'aimer, qui nous préserve de mille poisons, qui nous montre une miséricorde bienfaisante au travers de tous les maux que nous souffrons, qui nous découvre dans la mort même une | 1 gloire et une félicité éternelle. Comment pouvonsnous craindre de nous remplir trop de lui? Est-ce un malheur d'être déchargé du joug pesant du monde, et de porter le fardeau léger de Jésus-Christ? Craignons-nous d'être trop heureux, trop délivrés de nous-mêmes, des caprices de notre orgueil, de la violence de nos passions, et de la tyrannie du siecle trompeur?

XXIV. JOUR..

Sur la fausse liberté.

Où est l'esprit du Seigneur, là est aussi la liberté. I Cor. 3, v. 17.

I. L'amour de la liberté est une des plus dangereuses passions du cœur humain : et il arrive de cette passion comme de toutes les autres, elle trompe ceux qui la suivent, et au lieu de la liberté véritable elle leur fait trouver le plus dur et le plus honteux esclavage. Comment nommez-vous ce qui se passe dans le monde? Que n'avez-vous point à souffrir pour ménager l'estime de ces hommes que vous méprisez? Que ne vous en coûte-t-il pas pour maîtriser vos passions quand elles vont trop loin, pour contenter celles à qui vous voulez céder, pour cacher vos peines, pour sauver des apparences embarrassantes et importunes? Est-ce donc là cette liberté que vous aimez tant, et que vous avez tant de peine à sacrifier à Dieu ? Où est-elle ? Montrez-la moi. Je ne vois partout que gêne, que servitude basse et indigne, que nécessité déplorable de se déguiser. On se refuse à Dieu, qui ne nous veut que pour nous sauver; et on se livre au monde, qui ne nous veut que pour nous tyranniser et pour nous perdre.

II. On s'imagine qu'on ne fait dans le monde que

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