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manque pour l'exécuter. Nous sentons bien que nous ne sommes pas ce que nous devrions être. Nous voyons nos miseres; elles se renouvellent tous les jours. Cependant on croit faire beaucoup en disant qu'on veut se sauver. Comptons pour rien toute volonté qui ne va pas jusqu'à sacrifier ce qui nous arrête dans la voie de Dieu; ne retenons plus la vérité captive dans nos injustes lâchetés. Écoutons ce que Dieu nous inspire. Éprouvons l'esprit qui nous pousse pour reconnoître s'il vient de Dieu; et après que nous l'aurons reconnu, n'épargnons rien pour le contenter. Le prophete ne demande pas simplement à Dieu qu'il lui enseigne sa volonté, mais qu'il lui enseigne à la faire.

X. JOUR.

Sur le bon usage des croix.

Ceux qui sont à Jésus-Christ ont crucifié leur chair avec leurs vices et leurs convoitises. Gal. 5, v. 17.

I. Plus nous craignons les croix, plus il faut conclure que nous en avons besoin. Ne nous abattons pas, lorsque la main de Dieu nous en impose de pesantes. Nous devons juger de la grandeur de nos maux par la violence des remedes que le médecin spirituel y applique. Il faut que nous soyons bien misérables, et que Dieu soit bien miséricordieux, puisque, malgré la difficulté de notre conversion, il s'applique à nous guérir. Tirons de nos croix mêmes une source d'amour, de consolation et de confiance, disant avec · l'apôtre : Nos peines qui sont si courtes et si légeres n'ont point de proportion avec ce poids infini de gloire qui doit en être la récompense. Heureux ceux qui pleurent, et qui sement en versant des larmes, puisqu'ils recueilleront avec une joie ineffable la moisson d'une vie et d'une félicité éternelle!

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II. Je suis attaché à la croix avec Jésus-Christ, disoit (2) saint Paul. C'est avec le Sauveur que nous som

(1) II Cor. 4, v. 17.

TOMENII.

(2) Gal. 2, v. 19.

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mes attachés à la croix, et c'est lui qui nous y attache par sa grace. C'est à cause de Jésus que nous ne voulons point quitter la croix, parcequ'il est inséparable d'elle. Ô corps adorable et souffrant avec qui nous ne faisons plus qu'une seule et même victime! en me donnant votre croix, donnez-moi votre esprit d'amour et d'abandon; faites que je pense moins à mes souffrances qu'au bonheur de souffrir avec vous. Qu'est-ce que je souffre que vous n'ayez souffert? ou plutôt, qu'est-ce que je souffre si j'ose me comparer à vous? Ô homme lâche! tais-toi, regarde ton maître, et rougis. Seigneur, faites que j'aime, et je ne craindrai plus la croix. Alors si je souffre encore des choses dures et douloureuses, du moins je n'en souffrirai plus que je ne veuille bien souffrir.

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X I. JOUR.

Sur la douceur et l'humilité.

Apprenez de moi que je suis doux et humble de cœur.
Matth. 11, v. 19.

I. Ô Jésus, c'est vous qui me donnez cette leçon de douceur et d'humilité. Tout autre qui voudroit me l'apprendre me révolteroit. Je trouverois par-tout de l'imperfection, et mon orgueil ne manqueroit pas de s'en prévaloir. Il faut donc que ce soit vous-même qui m'instruisiez. Mais que vois-je, ô mon cher maître! vous daignez m'instruire par votre exemple. Quelle autorité! je n'ai qu'à me taire, qu'à adorer, qu'à me confondre, qu'à imiter. Quoi! le Fils de Dieu descend du ciel sur la terre, prend un corps de boue, expire sur une croix pour me faire rougir de mon orgueil! Celui qui est tout, s'anéantit; et moi qui ne suis rien, je veux être, ou du moins je veux qu'on me croie tout ce que je ne suis pas ! Ô mensonge! ô folie! ô impudente vanité! ô diabolique présomption! Seigneur, vous ne me dites point, Soyez doux et humble; mais vous dites que vous êtes doux et humble. C'est assez de savoir que vous l'êtes, pour conclure sur un tel exemple que nous devons l'être. Qui osera s'en dispenser après vous? Sera-ce le pé

cheur qui a mérité tant de fois par son ingratitude d'être foudroyé par votre justice?

II. Mon Dieu, vous êtes ensemble doux et humble, parceque l'humilité est la source de la véritable douceur. L'orgueil est toujours hautain, impatient, prêt à s'aigrir. Celui qui se méprise de bonne foi veut bien être méprisé. Celui qui croit que rien ne lui est dû ne se croit jamais maltraité. Il n'y a point de douceur véritable par tempérament : ce n'est que mollesse, indolence ou artifice. Pour être doux aux autres, il faut renoncer à soi-même. Vous ajoutez, ô mon Sauveur, doux et humble de cœur. Ce n'est pas un abaissement qui ne soit que dans l'esprit par réflexion; c'est un goût du cœur; c'est un abaissement auquel la volonté consent, et qu'elle aime pour glorifier Dieu; c'est une vue paisible de sa misere pour s'anéantir devant Dieu; c'est une destruction de toute confiance en son courage naturel, afin de ne devoir sa guérison qu'à Dieu seul. Voir sa misere et en être au désespoir, ce n'est pas être humble; c'est au contraire un dépit d'orgueil, qui est pire que l'orgueil

même.

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