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SIGNÉE PAR M***,

A qui les cinq lettres précédentes avoient été adressées.

I. Jɛ déclare qu'après avoir prié, lu et examiné, je me suis déterminée à vivre et à mourir dans le sein de l'église catholique, apostolique et romaine, où nous avons toujours cru que nos ancêtres faisoient leur salut avant la séparation qui a été faite sous le nom de réforme. C'est une église visible qui comprend, outre les élus qui sont inconnus ici bas, tous ceux qui font profession du christianisme dans cette société. Elle est l'église de tous les temps, depuis les apôtres jusqu'à nous: c'est elle qui nous a conservé le sacré dépôt des écritures et le baptême: c'est elle qui a sa succession non interrompue des pasteurs depuis JésusChrist jusqu'à notre temps: c'est elle qui est répandue dans toutes les nations connues de la terre. J'embrasse toute sa doctrine, et je m'attache à son culte.

II. Je crois que cette église est l'unique épouse du fils de Dieu. Autant que l'évangile m'apprend à me défier de moi-même, à être humble, docile, soumise aux pasteurs, parceque celui qui les écoute, écoute Jésus-Christ même, autant suis-je assurée par les pro

messes que cette église ne se trompera jamais. Quiconque refuse de l'écouter et de la croire, doit être regardé comme un païen et comme un publicain. Elle est fondée sur la pierre, et les portes de l'enfer, qui sont les conseils de l'erreur, ne prévaudront jamais contre elle. Jésus-Christ sera avec le corps visible de ses pasteurs, enseignant la doctrine qu'ils enseignent, et baptisant, c'est-à-dire, administrant les sacrements qu'ils administrent, tous les jours sans aucune interruption jusqu'à la consommation du siecle. Voilà ce qui me persuade que cette église, qui est la seule qu'on trouve dans tous les siecles, a conservé, malgré les portes de l'enfer, une doctrine saine et un culte pur, puisque Jésus-Christ ne cessera jamais un seul jour d'enseigner et de baptiser avec elle.

III. De là je conclus que cette église n'a jamais pu tomber en ruine et en désolation par l'idolâtrie, puisque, si cette ruine étoit arrivée, les promesses de la vérité même se trouveroient fausses, les portes de l'enfer auroient prévalu, et Jésus-Christ n'auroit point continué d'enseigner et de baptiser avec une église idolâtre.

IV. Je crois qu'il ne peut arriver aucun cas où il soit permis de se séparer de cette église. La preuve en est claire comme le jour, dès qu'on a compris l'étendue des promesses. Jésus-Christ ne veut avoir

qu'une seule épouse toujours fidele et toujours indivisible. De quel droit ferions-nous plusieurs églises, nous qui savons qu'il n'en a voulu qu'une seule, et qu'il a demandé à son pere qu'elle fût une et consommée en unité comme il l'est avec son pere même ? N'est-ce pas une témérité sacrilege que d'entreprendre de diviser l'épouse que l'époux a voulu rendre indivisible? Peut-on, pour justifier la séparation, accuser cette église d'idolâtrie, elle dont il est dit par le Saint-Esprit même que les portes de l'enfer ne prévaudront jamais contre elle; que Jésus-Christ sera tous les jours, sang aucune interruption, enseignant et baptisant avec elle jusqu'à la consommation du siecle; que quiconque ne l'écoutera point avec docilité, doit être regardé comme un païien et comme un publicain, c'est-à-dire, comme un impie et comme un idolâtre, comme un homme indigne de la société des enfants de Dieu; que cette église est la colonne et l'appui de la vérité; qu'enfin elle n'a ni ride ni tache? Une église superstitieuse et idolâtre pourroit-elle être sans ride et sans tache aux yeux de son époux ? Il est donc vrai, par les promesses, que l'église ne peut jamais tomber ni dans l'idolâtrie ni dans l'erreur contre la foi; et par conséquent il ne peut jamais arriver aucune cause légitime de nous séparer d'elle.

V. Je crois qu'il n'appartient point à chaque par

ticulier d'expliquer le texte sacré de l'écriture, selon son propre sens, indépendamment de l'église. Comme c'est elle à qui Dieu a confié ce texte pour nous le distribuer selon nos dispositions, c'est aussi à elle à nous en apprendre le vrai sens. La même autorité qui nous assure que ces livres sont divins, nous assure aussi de l'interprétation qu'on doit leur donner; autrement chacun feroit dire à l'écriture tout ce qu'il s'imagineroit y trouver par ses préventions; et les hommes, avec un seul livre divin, feroient autant de religions qu'ils inventeroient de vaines subtilités pour l'expliquer. Tel est le malheureux fruit de la réforme prétendue. Je ne sais combien de sectes trouvent les doctrines les plus opposées dans les mêmes passages. La vraie religion ne peut être trouvée et mise en pratique que par une humble défiance de nos foibles lumieres. Qu'y a-t-il de plus orgueilleux que de fonder le choix de sa religion sur ce qu'on présume d'entendre mieux l'écriture que cette église de qui on la tient? Qu'y a-t-il de plus superbe que de vouloir juger de l'église par son propre sens sur le texte de l'écriture, au lieu que nous devons juger du sens de l'écriture par l'autorité de cette église qui nous la donne et qui nous l'explique?

VI. Je crois que Jésus-Christ n'a point laissé son église dépourvue de ce qui est nécessaire pour garder

quelque subordination dans toute société réglée, je veux dire un chef visible qui soit le premier de tous les pasteurs, qui préside parmi eux, et qui soit le centre de l'unité catholique, en sorte que tous les membres demeurent unis et subordonnés à ce chef: c'est le successeur de saint Pierre, remplissant sa chaire à Rome, que je reconnois pour être ce pasteur principal, suivant cette parole de Jésus-Christ : Tu es Pierre, et c'est sur cette pierre que j'édifierai mon église. Je sais que toute la sainte antiquité a regardé ces paroles non comme bornées à la personne de saint Pierre qui devoit mourir bientôt, mais comme étendues à ses suc cesseurs qui doivent perpétuer cet ordre si nécessaire, et servir de pierre fondamentale pour l'unité jusqu'à la fin des siecles.

VII. Je crois que quand on apperçoit des abus, des superstitions et des scandales dans cette église, on doit se souvenir que cette église naissante même n'étoit pas exempte de cet inconvénient; que les sectes qui ont prétendu établir la réforme, souffrent tous les jours l'ignorance, les abus grossiers, les vices contagieux, et qu'elles tolerent les erreurs les plus énormes sur la religion. Il faut, selon la parole de Jésus-Christ, laisser croître le mauvais grain avec le bon, de peur qu'on n'arrache le bon et le mauvais; il faut souffrir l'un pour conserver l'autre jusqu'à la

TOME III.

G

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