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soins infinis, et qui cachoient même leur doctrine pour ne donner aucun avantage aux païens. On le voit aussi par l'exemple des missionnaires qui se travestissent en laïques, pour cacher leur caractere et leur religion en Angleterre. Mais voici, ce me semble, à quoi on peut réduire ces ménagements.

1o. Un catholique ne peut jamais en conscience faire aucun acte de communion avec une société schismatique, puisqu'elle a rompu elle-même tout lien de communion avec cette ancienne église qui est gouvernée par les légitimes successeurs des apôtres, lesquels ont seuls le droit du sacerdoce ; ce seroit reconnoître le droit du sacerdoce et la légitime administration des sacrements dans une société qui les a usurpés par le schisme; ce seroit ratifier le schisme, le continuer personnellement, et faire des actes schismatiques con tre sa conscience pour tromper les hommes. Il est clair que ces actes sont les actes propres du schisme et même de l'hérésie, puisque c'est reconnoître pour sa propre mere une fausse église qui n'a point le droit du sacer. doce, ni par conséquent le ministere pour les sacrements; c'est même reconnoître les sacrements de cette église comme véritables, quoiqu'on ne les croie pas tels, puisqu'ils ne contiennent point ce qui est contenu dans les sacrements de la vraie église, laquelle ne décide rien nuisiblement au salut. Par exemple, TOME III.

D

supposé que l'eucharistie de l'église catholique contienne véritablement le corps et le sang du Sauveur, la cene des calvinistes, qui ne peut contenir qu'une figure avec une vertu, ne peut point être une véritable et légitime eucharistie. Quiconque y participe, fait un acte du schisme et de l'hérésie de cette secte.

2°. J'avoue qu'on peut quelquefois pour de bonnes raisons aller aux sermons des faux pasteurs d'une société hérétique. C'est ainsi que nos missionnaires mêmes y vont ou y envoient des émissaires de confiance, pour savoir ce que ces faux pasteurs enseignent et qui mérite d'être réfuté; mais on ne doit jamais, sans de très fortes raisons, s'exposer à la séduction de ces discours qui gagnent comme la gangrene. On peut encore moins y aller pour faire accroire aux hérétiques qu'on n'est pas moins qu'eux dans leur schisme et dans leur hérésie : ce seroit joindre la fraude et la lâcheté aux actes propres de l'hérésie et du schisme.

3o. Il n'est ni nécessaire ni prudent de faire dans de telles circonstances aucun acte public de la reli+ gion catholique. Les anciens fideles se gardoient bien d'en faire d'ordinaire aux yeux des païens. Nos missionnaires n'en font aucun en Angleterre, pour n'exciter point mal-à-propos une persécution. On peut ét on doit imiter ces ménagements.

4. On doit néanmoins faire les actes de la reli

gion catholique dans les églises de la communion romaine, autant qu'on le peut sans s'exposer à de grands inconvénients. Il n'est point permis de passer sa vie sans pasteurs, sans sacrements, sans subordination à une église visible, à moins qu'on ne se trouve dans une situation toute singuliere. Il faudroit même, dans une si extraordinaire extrémité, être uni de cœur et de desir sincere aux pasteurs, aux sacrements et à l'église qu'on croit la véritable.

5°. On peut faire ces actes en secret, pour remplir son devoir et pour édifier les personnes de confiance, quoiqu'on prenne des précautions infinies pour les cacher à tous les autres.

6°. Il pourroit se faire qu'une personne très catholique auroit de pressantes raisons de s'abstenir très long-temps de la consolation et de la nourriture que le reste des fideles doit tirer de la fréquentation des sacrements; mais on ne doit pas supposer facilement une si extraordinaire nécessité; il faut craindre de s'y tromper, et se ramener soi-même, autant que l'on peut, aux regles communes. Il ne faut se dispenser d'aucune des fonctions de l'unité parfaite, que pour l'avancement de cette unité même, et avec un vrai desir de la montrer dès qu'on le pourra. Jamais cette disposition ne fut tant à desirer qu'en notre siecle, où la tolérance et l'indifférence de religion font que

tant de personnes vivent sans aucune dépendance d'aucune église fixe, se contentant de je ne sais quelle vague persuasion des points fondamentaux de la religion chrétienne.

7°. Enfin les personnes qui ne feront aucun acte de communion romaine ne doivent nullement être surprises de se voir fort suspectes aux missionnaires zélés de cette communion. Il est naturel queces missionnaires soient effarouchés et en défiance contre une religion si vague et si ambiguë: il est naturel qu'ils craignent ou l'hypocrisie et la dissimulation, ou l'illusion et le fanatisme avec l'indépendance dans un genre de vie si extraordinaire et si éloigné des regles générales. Les meilleures personnes qui paroîtront dans une telle neutralité entre les diverses communions, doivent se faire justice et se mettre en la place de ces missionnaires; ils ne peuvent point s'empêcher d'être surpris et scandalisés. Les saints peres ne l'auroient pas été moins qu'eux. Quand ils feront des recherches, quand ils s'alarmeront, quand ils voudront réduire ces personnes à une conduite commune et réguliere, ils ne feront que leur devoir : on ne doit nullement les accuser de gêner et de troubler leurs consciences, ni de vexer les ames attachées à la perfection intérieure. La perfection intérieure n'empêche point la dépendance d'un ministere extérieur et

visible. Le moyen de les appaiser et d'obtenir d'eux une suffisante liberté, est de leur parler avec ingénuité, humilité et confiance; c'est de leur représenter les vrais besoins tant du dedans que du dehors; c'est de leur montrer combien on auroit horreur d'en abuser; c'est de les convaincre par la pratique combien on aime l'autorité de l'église. Par ces voies douces on leur persuadera peu-à-peu qu'on n'est ni dans l'illusion, ni dans l'indépendance, ni dans l'indifférence entre toutes les églises visibles.

LETTRE IV.

lɩ n'y a qu'une seule vraie religion et qu'une seule église épouse de Jésus-Christ; il n'en a voulu qu'une ; les hommes ne sont pas en droit d'en faire plusieurs. La religion n'est pas l'ouvrage du raisonnement des hommes; c'est à eux à la recevoir telle qu'elle leur a été donnée d'en haut. Un homme peut raisonner avec un autre homme; mais avec Dieu il n'y a qu'à prier, qu'à s'humilier, qu'à écouter, qu'à se taire, qu'à suivre aveuglément. Ce sacrifice de notre raison est le seul usage que nous puissions faire de notre raison même, qui est foible et bornée. Il faut que tout cede quand la raison suprême décide. Encore une fois, Jésus-Christ n'a voulu qu'une seule église et qu'une

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