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sacrés mentionnent le Verbe et la Trinité. Enfin, les missionnaires anglois croient avoir retrouvé la Trinité jusque dans la religion des sauvages d'Otaïti1.

Les principaux Pères de l'Église, presque tous sortis de l'école platonicienne, ont avoué que leur ancien maître s'étoit quelquefois approché de la pure doctrine: c'est ce qu'on voit dans Origène, dans Tertullien, dans saint Justin, saint Athanase2, et dans saint Augustin. Ce dernier raconte qu'ayant lu les traités des platoniciens, il y découvrit les vérités de la foi, relatives au verbe de Dieu, telles qu'elles sont énoncées dans le premier chapitre de l'Évangile de saint Jean. Il fait observer que plusieurs platoniciens ayant entendu parler du Christianisme, convinrent que le Messie étoit l'hommeDieu, en qui la Vérité permanente, l'immuable Sagesse s'étoit incarnée 3. Platon avoit déclaré que, si le Juste venoit sur la terre, il seroit méconnu et crucifié. Une tradition confuse des incarnations du dieu indien s'étoit répandue à travers la Perse jusqu'au fond de l'Occident.

Constantin, dans la harangue que j'ai rappelée, signale Platon comme le premier philosophe qui attira les hommes à la contemplation des choses divines 4.

Qu'un homme du génie de Platon ait approché

Génie du Christianisme, tome 1, liv. 1, chap. III.

S. JUSTIN, Apolog.; ORIGEN. contr. Cels.; TERTULL., Apolog.; ATHAN., de Incarn. verbi Dei, p. 83.

3 AUG., Confess., lib. vi; id., epist. cxvIII.

4 CONSTANT. MAG., in Orat. Sanctor. cœl., cap. IX.

de la vérité révélée par la force de sa pénétration, rien de plus naturel : les vérités de l'intelligence, comme toutes les autres vérités, nous sont plus ou moins accessibles, selon le plus ou le moins de supériorité de notre esprit. Mais la philosophie de Platon est mêlée de tant d'obscurités, de contradictions et d'erreurs, qu'il est difficile d'en tirer le système des chrétiens. Ensuite Aristobule, Josèphe, saint Justin, Origène, Eusèbe de Césarée, ont avancé et prouvé que Platon avoit eu connoissance des livres hébreux, qu'il y avoit puisé cette partie de sa philosophie si peu ressemblante à ce qui lui appartient en propre, ou plutôt à Pythagore les Exemplaires des Idées et de l'harmonie des Sphères.

Mais aucune induction raisonnable ne peut être tirée des doctrines qui ont eu cours après l'avènement du Christ: le néoplatonisme, au lieu d'avoir donné aux chrétiens la Trinité, la lui auroit plutôt dérobée: Plotin et Porphyre ont rajusté leur système confus de triade sur le système positif et clair de la nouvelle religion. Alors parut le dogme trinitaire païen plus nettement énoncé, les trois dieux,

1 ARISTOBUL. apud Euseb., lib. xii; Præp. Evang., cap. x11; JoSEPH., lib. 11, contra Appion.; S. JUST., Apologet.; ORIG., lib. XII, cont. Cels.; Euseb., lib. x1, Præp. Evang. in proœmio. La version des Septante est postérieure au voyage de Platon en Égypte; mais il est prouvé par Aristobule (apud Euseb., lib. xi, Præp. Evang., cap. XII), et par Démétrius (Ni epist. an Plorem. Eg. Reg. apud Joseph. Arist. èt Euseb.), que des parties considérables des livres hébreux étoient traduites en grec long-temps avant la version complète des Septante. (Voyez Défense des SS. Pères, accusés de platonisme, liv. IV, pag. 618 et suivantes.) Baltus sur ce point a complètement raison contre Leclerc.

les trois entendements, les trois rois réunis dans l'unité demiurgique. Les philosophes avoient une grande admiration pour ces premières paroles de l'Évangile selon saint Jean: « Au commencement étoit le Verbe, et le Verbe étoit en Dieu, et le Verbe étoit Dieu; ils disoient qu'il falloit les écrire en lettres d'or au frontispice des temples; saint Basile1 assure qu'ils étoient allés jusqu'à s'emparer de ces paroles et à les insérer, comme leur appartenant, dans leurs ouvrages. Amélius, disciple de Plotin, est atteint et convaincu par Eusèbe de Césarée, Théodoret et saint Cyrille d'Alexandrie, d'être un plagiaire de l'Evangile de saint Jean, de cet apôtre qu'Amélius appelle dédaigneusement un Barbare 3. Théodoret compare les néoplatoniciens, imitateurs des fidèles (et en particulier Porphyre), à des singes et à la corneille d'Ésope 4. »

Je ne puis que vous indiquer, dans ces Études, des sujets qui demanderoient un développement considérable. Il conviendroit d'examiner si, avant le Christianisme révélé, il n'y a pas eu un christianisme obscur, universel, répandu dans toutes les religions et dans tous les systèmes philosophiques de la terre; si l'on ne retrouve pas partout une idée confuse de la Trinité, du Verbe, de l'Incarnation,

1 Solebamus audire aureis litteris conscribendum et... in locis eminentissimis proponendum esse dicebat. ( AUG., de Civit. Dei, lib. x, cap. xxix.) 2 BASIL., Hom. 16, in verb. illa: In principio erat Verbum.

3 EUSEB., Præp. Evang., lib. xi, cap. XIX; THEODOR., Sermo X1 ad Græc.; CYRILL. ALEX., lib. VIII, in Julian.

4 THEODOR., Serm. VII, ad Græc.

de la Rédemption, de la chute primitive de l'homme; si le Christianisme ne fit pas sortir du fond du sanctuaire les doctrines mystérieuses qui ne se transmettoient que par l'initiation; si, portant en lui sa propre lumière, il n'a pas recueilli toutes les lumières qui pouvoient s'unir à son essence; s'il n'a pas été une sorte d'éclectisme supérieur, un choix exquis des plus pures vérités.

Il y a long-temps qu'on s'est enquis du degré d'influence que la philosophie a pu exercer sur la doctrine des Pères de l'Eglise d'un côté, on a soutenu qu'ils avoient transformé le Christianisme moral des apôtres dans le Christianisme métaphysique du concile de Nicée; de l'autre, on a combattu cette assertion '.

Ceux qui vouloient défendre les Pères accusés de platonisme auroient pu faire valoir l'autorité même de Julien, qui prétend prouver la fausseté du système des chrétiens en leur opposant celui du chef de l'Académie: dans un passage d'une grande beauté de style et d'une grande élévation de pensée, il compare la création racontée par Moïse à la création telle que l'a supposée Platon. Le dieu de Moïse, ditil, n'a créé, ou plutôt n'a arrangé que la nature matérielle, le monde des corps; il n'avoit aucune puissance pour engendrer la nature spirituelle, le

Les lecteurs qui seroient curieux de connoître à fond cette controverse peuvent lire la Défense des Saints Pères accusés de platonisme, par BALTUS, 1 vol. in-4o, Paris, 1711; MOSHEM., de turbata per Platonicos Ecclesia, ap. Cudworth., system. intell., tom. 11, Lugd. Batav., 1783.

monde animé; tandis que le dieu de Platon enfante d'abord les êtres intelligents, les Puissances, les Anges, les Génies, lesquels créent ensuite, par légation du Dieu suprême, les Formes ou la Nature visible qui les représentent, les cieux, le soleil et les sphères qui sont les vêtements ou les images des Puissances, des Anges et des Génies.

Le principe essentiel de l'ame est un des mystères sur lesquels on s'est fixé le plus tard; les Pères hésitent et présentent différentes opinions : dans les neuvième, dixième et onzième siècles, le champ des discussions étoit encore resté ouvert sur ce point aux écrivains ecclésiastiques.

Tout ceci ne fait rien à la question fondamentale: fût-il possible de prouver que les doctrines du Christianisme ont été plus ou moins connues antérieurement à son ère, il n'auroit rien à perdre à cette preuve. Je vous l'ai déja dit des esprits puissants ont pu atteindre à des vérités mères, avant que ces vérités eussent été acquises au genre humain par une révélation directe. Loin de détruire la foi, ce seroit un nouvél et merveilleux argument en sa faveur; car alors il seroit démontré qu'elle est conforme à la religion naturelle des plus hautes intelligences.

Telles sont les relations qui existoient entre la philosophie et le Christianisme. Quant au paganisme, le Christianisme en prit quelques formules applicables à toute religion, quelques rites; quelques prières, quelques pompes qui n'avoient besoin que de changer d'objet pour être véritablement

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