TROISIÈME LEÇON. CA BLIOTH BODL Comment la vie étant un tout organique, une partie de la vie peut-elle manquer dans la vie réelle, ainsi qu'il arrive dans la vie apparente? : Cette difficulté se résout par la considération suivante la vie spirituelle ne se développe que peu à peu dans la réalité et seulement en passant par des stations successives. Exemple frappant tiré du vulgaire qui déduit de la perception sensible la pensée des choses extérieures, et qui croit que toute la connaissance a son fondement dans l'expérience. Détermination du degré le plus élevé de la pensée en opposition avec la pensée des choses extérieures. — En Son objet quoi cette pensée véritable se distingue de l'opinion. est le même, mais sa forme diffère. - Application de cette pensée L'être n'est pas aux éléments les plus élevés de la connaissance. devenu, rien n'est devenu en lui, il est absolument un, il est identique à lui-même. - Il faut distinguer de son essence son existence Cette conscience qui est nécessairement la conscience de l'être. appartenant à l'être est en même temps conscience de soi-même. Elle ignore de quelle manière elle découle génétiquement de l'essence même de l'être dans sa propre existence et dans ses déterminations réelles particulières, mais elle sait en général que cette détermination réelle dans son essence est identique avec l'essence intime de l'être. MESSIEURS, Dans la première leçon, j'ai fait voir qu'il s'en faut de beaucoup que tout ce qui a l'air de vivre vive réellement. Dans la seconde leçon, j'ai dit qu'une grande partie des hommes, pendant tout le cours de la vie, ne s'élève pas jusqu'à la pensée proprement dite, jusqu'à la vraie pensée, et demeure dans la sphère de l'opinion. Il se pourrait bien, et déjà même cela résulte clairement de diverses autres considérations auxquelles nous nous sommes livrés à ce sujet, que ces deux expressions de pensée et de vie, de non-pensée et de mort, eussent absolument la même signification; l'élément de la vie ayant été déjà placé dans la pure pensée, le non-penser ne doit-il pas être le principe de la mort? Mais contre ce principe s'élève la difficulté suivante, sur laquelle j'appelle votre attention. Si la vie est un tout organique et déterminé par une loi qui ne souffre point d'exception, au premier abord, il semble impossible qu'une partie quelconque appartenant à la vie soit absente, lorsque les autres sont présentes, ou bien qu'une partie puisse exister, si toutes les parties appartenant à la vie, si la vie tout entière n'existe pas dans son unité organique. En aplanissant cette difficulté, rendrai claire la distinction entre la pensée proprement dite et la simple opinion. C'est par là que je commencerai aujourd'hui; plus tard seulement j'aborderai l'étude de la pensée proprement dite, et l'analyse des premiers éléments de la connaissance. La difficulté que je vous ai signalée peut être résolue de la manière suivante : Partout où existe la vie de l'esprit existe aussi, d'après une loi né cessaire sans exception, sans restriction aucune, ce qui appartient à cette vie; mais il s'en faut de beaucoup que tout ce qui a lieu par une nécessité absolue, semblable à une nécessité mécanique, tombe nécessairement sous la conscience. Cette vie, telle qu'elle est elle-même dans sa plénitude d'après la loi, n'est pas notre propre vie. Notre propre vie est seulement ce que nous saisissons dans la plénitude nécessaire de la vie avec une conscience claire; elle est ce que nous aimons, ce dont nous jouissons dans cette claire conscience. Où est l'amour, là est la vie individuelle, ai-je dit, et l'amour n'est que là où est la claire conscience. Le développement de cette vie, la seule que dans ces leçons nous appelions notre vie, est contenu dans la vie entière et complète s'accomplissant d'après la loi, et ressemble au développement de la mort physique. En effet, de même que la mort, dans sa marche naturelle, commence d'abord par les parties les plus éloignées du centre et s'en rapproche ensuite continuellement, jusqu'à ce qu'elle atteigne le cœur, de même la vie intellectuelle qui a conscience d'elle-même, qui jouit d'elle-même, commence pour ainsi dire par les extrémités, par les points les plus éloignés du centre, jusqu'à ce qu'avec l'aide de Dieu, elle arrive à briller dans le centre et dans le siége même de la vie. Un ancien philosophe a prétendu que les animaux étaient nés du limon de la terre. On peut encore en voir aujourd'hui la preuve, disait-il, si l'on observe à chaque printemps, et surtout après une pluie chaude, cette quantité de grenouilles dont quelques parties, les pattes de devant, par exemple, sont développées, tandis que les autres parties ne sont encore qu'une matière sans forme. Les demi-bêtes de ce philosophe, qui ne prouvent pas ce qu'il prétend prouver, nous fournissent néanmoins une vive image de la vie intellectuelle du commun des hommes. Les membres extérieurs de la vie sont déjà développés chez eux, et un sang chaud coule dans leurs extrémités; mais quant au cœur et aux parties nobles, qui cependant, d'après la loi, existent et doivent nécessairement exister, puisque sans elles les parties extérieures ne pourraient pas être, le commun des hommes n'est qu'une froide et insensible matière. Je veux d'abord vous prouver ce que je viens d'avancer par un exemple frappant. Je serai aussi clair que possible; cependant, à cause de la nouveauté du sujet, je suis obligé de réclamer toute votre attention. Nous voyons, nous entendons, nous sentons les objets extérieurs, mais en même temps que nous les sen tons, nous les pensons et nous en avons conscience par notre sens intérieur, et par ce même sens intérieur nous avons aussi conscience de notre action de voir, d'entendre et de sentir. Sans nul doute, quiconque a la moindre connaissance de lui-même ne prétendra pas qu'il puisse voir, entendre, sentir un objet, sans avoir conscience de cet objet et de sa propre action d'entendre, de voir et de sentir ce même objet, ni qu'il puisse voir, entendre ou sentir un objet quelconque sans le savoir. Cette simultanéité, cette union indissoluble de la perception du sens extérieur et de la pensée intérieure, est tout ce que l'observation nous donne dans le fait de la conscience. Mais, je vous prie de le remarquer, elle ne nous donne en aucune façon un rapport de ces deux éléments, du sens extérieur et de la pensée, comme, par exemple, un rapport de cause et d'effet, un rapport d'absolu et de relatif. Si on établissait un pareil rapport, ce ne serait pas en vertu d'un fait donné par l'observation. Voilà le premier point que je vous prie de bien saisir et de garder dans votre mémoire. En second lieu, si on établissait et si on adoptait un pareil rapport, en s'appuyant sur un autre fondement que l'observation, ce dont je ne veux pas discuter ici la possibilité, il semble, |