du monde nouveau qui s'ouvre devant nous. Toute notre ancienne vie meurt, jusqu'à ce que nous la retrouvions comme un léger appendice de la nouvelle vie qui commencera en nous. Mais telle est l'inévitable destinée de tout ce qui est fini. Pour arriver à la vie, le fini doit passer par la mort. Ce qui est mortel doit mourir, et rien ne peut l'affranchir de ce qui constitue son essence. I meurt continuellement dans la vie apparente; mais lorsqu'il entre dans la vraie vie il meurt une fois pour toutes, et il est à jamais affranchi de toutes les morts réservées à la vie apparente dans la série infinie des existences futures. J'ai promis une méthode pour arriver à la vie bienheureuse. Mais de quelle manière, avec quelles images, avec quelles formules et quelles notions faut-il les représenter à notre époque et à la société telle qu'elle est aujourd'hui ? Les images et les formules de la religion établie qui disent ce que nous avons voulu dire, et qui le disent précisément dans les termes que nous avons dû employer, parce qu'ils sont les meilleurs, ces images et ces formules ont perdu leur véritable sens, elles sont tournées publiquement en ridicule ou bien elles sont l'objet d'un silence poli et dédaigneux. En même temps, les notions et les conclusions de la philosophie sont accusées de conduire à la ruine de la société et de détruire les saines croyances, devant un tribunal où ni l'accusateur ni le juge ne se montrent au jour. On pourrait encore en prendre son parti; mais ce qui est pire, c'est qu'on répète à qui veut l'entendre qu'il ne comprendra jamais ces formules et ces conclusions philosophiques, afin qu'il ne prenne pas les termes dans leur sens naturel et tels qu'ils se présentent, et qu'il y cherche encore quelque chose de particulier et de secret. De cette manière naissent nécessairement les équivoques et la confusion. Et quand même pour un tel enseignement on découvrirait des termes et des formules qui pussent être bien compris, comment pourrait-on inspirer le désir de les approfondir, lorsqu'avec plus de succès que jamais on présente le désespoir du salut comme le seul salut possible, lorsque cette opinion que les hommes ne sont rien, si ce n'est le jeu d'un Dieu arbitraire et fantasque, est partout donnée comme la seule vraie sagesse, lorsque celui qui croit encore à l'être et à la vérité, à la vertu véritable et au bonheur, est tourné en ridicule comme un enfant sans expérience ne connaissant rien des choses du monde? Quoi qu'il en soit, nous ne manquons pas de courage, et l'on doit risquer des efforts qui peuvent être inutiles, pour atteindre un but louable. Je vois devant moi et j'espère y voir encore des personnes qui ont reçu la meilleure éducation que notre siècle puisse donner. D'abord je vois des personnes d'un sexe auquel la société confie le soin des petits arrangements extérieurs et des embellissements de la vie, soin qui distrait et éloigne plus que tout autre chose de la méditation claire et sérieuse. Cependant, par compensation, la sage nature leur a donné une aspiration plus forte vers l'éternel et plus de délicatesse d'esprit. Ensuite, je vois devant moi des hommes d'affaires que leur état fait passer tous les jours de leur vie au travers des détails les plus minutieux et les plus variés, détails qui ont bien un rapport avec l'éternel et l'impérissable, mais un rapport tel que chacun ne peut le découvrir du premier coup d'œil. Enfin, je vois devant moi de jeunes savants dans lesquels l'éternel travaille encore pour arriver à la forme qu'il doit prendre en eux. Si pour ceux-ci je puis espérer que quelques-unes de mes paroles contribueront à développer en eux l'éternel, j'ai, par rapport aux deux premières classes, des prétentions beaucoup plus modestes. Je vous prie seulement d'accepter de moi ce que sans doute vous auriez tout aussi bien trouvé sans moi, mais ce que j'aurai moins de peine que vous à trouver. Tandis que tous sont distraits et dissipés par les objets variés entre lesquels s'agite leur pensée, le philosophe dans le calme de la solitude, dans le continuel recueillement de l'esprit, marche seul vers le vrai, le bien et le beau. Ce qui pour les autres est une récréation et un délassement, est pour le philosophe une tâche de tous les jours. Je suis un de ceux auxquels ce sort favorable est tombé en partage, et ce qui peut être intelligible à tous, ce qui conduit au vrai, au beau et à l'éternel, les résultats les plus clairs de mes travaux spéculatifs, je vous offre de vous les communiquer tels que je les possède et aussi bien qu'il me sera possible de les communiquer. SECONDE LEÇON. Ce sujet appartient à la métaphysique ou à l'ontologie. traité ici d'une manière populaire. contre la possibilité de cette entreprise. Il doit être Réfutation des objections Nécessité de la tenter. Explication du caractère essentiel d'une exposition populaire en opposition avec l'exposition scientifique. En fait, cette méthode a réussi depuis le christianisme. Des nombreux obstacles qui de D'une part, notre temps s'opposent au succès de cette méthode. sa forme précise et dogmatique va contre le penchant aux opinions arbitraires et contre cette indécision qui se décore du nom de scep‐ ticisme. D'autre part, son contenu paraît étrange et prodigieusement paradoxal. - Enfin, les gens non prévenus sont troublés et intimidés par les discours des partisans fanatiques de la méchanceté. Explication génétique du fanatisme de la méchanceté. De l'accusation probable de mysticisme contre notre doctrine. Véritable but de cette accusation et des accusations semblables. MESSIEURS, Un ordre et une méthode sévère s'introduiront naturellement et sans aucun soin de notre part, dans l'ensemble de ces leçons, aussitôt que nous en aurons trouvé l'entrée, aussitôt que nous aurons solidement posé un pied sur le seuil. Voilà ce que nous avons à chercher maintenant, et notre principal but doit être ici d'acquérir une vue plus nette et plus claire de ce qu'il y a d'essentiel dans la précédente leçon. Je dirai une se |