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cette vie, et vous vous consolerez alors par l'espoir d'une troisième vie, et dans cette troisième vie par l'espoir d'une quatrième, et ainsi de suite à l'infini. Car Dieu ne peut ni ne veut nous rendre heureux par les choses qui nous entourent, parce qu'il veut se donner à nous indépendamment de toute forme. En somme, cette opinion sous la forme de prière s'exprimerait ainsi :

« Seigneur, que ma volonté seule soit faite, qu'elle soit faite dans toute l'éternité, que son accomplissement rendra pour moi bienheureuse, et, en compensation, ta volonté sera faite pendant la courte et pénible durée de cette vie. » Or, dans cette prière, il y a une évidente immoralité, une stupide superstition, il y a impiété, il y a blasphème contre la volonté simple et béatifiante de Dieu. Au contraire, voici la prière qui serait l'expression fidèle du sentiment continuel de l'homme vraiment moral et religieux : « Seigneur, que ta volonté seule se fasse, et par là même la mienne sera faite, car je n'ai pas d'autre volonté que celle de voir la tienne accomplie. » Cette volonté divine doit nécessairement toujours s'accomplir, d'abord dans la vie intime de l'homme dévoué à Dieu, dont nous parlerons dans la prochaine leçon, et ensuite dans tout ce qui lui arrive extérieurement, dont nous avons à parler ici.

Car tout ce qui lui arrive extérieurement n'est que la manifestation au dehors nécessaire et invariable de l'œuvre divine qui s'accomplit au dedans de lui. Il ne peut pas vouloir que quelque chose soit autrement qu'il n'est dans ces phénomènes extérieurs, sans vouloir en même temps que l'intérieur dont ils sont l'exacte expression soit lui-même changé, et sans se séparer de Dieu et opposer sa volonté à la volonté divine. Il ne peut pas s'y réserver un choix, il doit les prendre tels qu'ils arrivent. Car tout ce qui arrive est, par rapport à lui, la volonté de Dieu, et en conséquence ce qui peut arriver de mieux. Toutes choses absolument et immédiatement doivent être pour lui bonnes et salutaires.

Aussi chez ceux dans lesquels la volonté de Dieu ne s'accomplit pas intérieurement, parce qu'ils ne sont qu'extérieur et n'ont point d'intérieur, elle s'accomplit cependant là seulement où elle peut s'accomplir, c'est-à-dire extérieurement. Cette volonté qui, au premier abord, se manifeste comme une disgrâce et un châtiment, n'est au fond cependant que de la grâce et de l'amour. En effet, l'homme purement extérieur se trouvant de plus en plus malheureux, s'épuise en un effort continuel et impuissant à saisir un bien qui plane toujours devant lui, et que jamais il ne peut

atteindre; il se rend méprisable et ridicule, jusqu'à ce qu'il soit forcé de chercher le bonheur là où seulement il existe. A ceux qui n'aiment pas Dieu, toutes choses doivent être immédiatement une peine et un tourment, jusqu'à ce que ces mêmes choses, par ce tourment même, lui deviennent médiatement un moyen de s'élever au salut.

NEUVIÈME LEÇON.

Le nouveau monde que la moralité supérieure crée au milieu du monde sensible est la vie immédiate de Dieu même dans le temps. --- Nous ne pouvons connaître ce nouveau monde que d'une manière immédiate, dans notre propre vie. Nous ne pouvons le caractériser en général que par ce seul signe : chaque chose y plaît par elle-même et non pas comme moyen vers un but quelconque.— Exemples qui éclaircissent l'idée de ce nouveau monde. – Exemples tirés de la beauté, de la science, et des manifestations du talent naturel pour la production de la science et de la beauté.-Néanmoins l'homme élevé au point de vue de cette moralité supérieure aspire par son activité à une certaine influence sur le monde extérieur. Tant que le désir du succès de son activité s'ajoute au plaisir de la pure activité, la moralité supérieure est encore susceptible de douleur. - Dans le point de vue de la religion disparaissent à la fois ce désir du succès et cette possibilité de la douleur. Principe de l'individualité. Chacun a sa part propre à la vie divine. - Première loi de la moralité et de la vie heureuse. Chacun doit saisir cette part qui lui est propre. Caractéristique générale de la volonté morale et religieuse en tant qu'elle sort de sa vie propre et intime pour se manifester au dehors.

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MESSIEURS,

Voici quel a été le résultat de notre dernière leçon et le point auquel nous nous sommes arrêtés. Tant que l'homme veut exister par luimême, le véritable être, la véritable vie ne peuvent pas se développer en lui, et en conséquence il ne peut être heureux. Car tout être particulier n'est qu'un non-être et une limitation

de l'être véritable. Si cet être particulier est placé au premier point de vue de la sensibilité dans lequel on attend son bonheur des objets, il sera tout entier malheureux, parce qu'aucun objet ne peut satisfaire l'homme; s'il est placé au second point de vue de la conformité à la loi, il ne sera pas absolument malheureux, il est vrai, mais il ne sera pas davantage heureux; il sera apathique, indifférent, froid, et incapable d'aucune jouissance. Au contraire, dès que l'homme parvenu au plus haut degré de la liberté, abandonne et perd sa liberté propre et son indépendance, il entre en participation avec le seul être véritable, avec l'être divin et avec le bonheur qui y est contenu. Pour nous séparer à jamais du point de vue sensible et en finir avec lui, nous avons dit comment l'homme parvenu à la vie véritable considérait la vie extérieure et sensible, et nous avons reconnu qu'il envisage toute son existence personnelle et tous les événements extérieurs qui s'y rattchent comme de purs moyens pour l'accomplissement de l'œuvre de Dieu en lui, et comme étant tous, sans exception, les meilleurs moyens pour atteindre le but. Voilà pourquoi il ne veut pas avoir une voix ni un choix sur la qualité objective des événements, et il prend et accepte toutes choses telles qu'elles arrivent.

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