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Ce fractionnement est, comme je l'ai dit, absolument primitif dans la conscience réelle, rien ne peut le détruire, rien ne peut le remplacer. Donc les formes diverses qu'en raison de cette division le réel contient en lui, n'existent et ne peuvent être saisies que dans la vraie conscience, que dans l'observation de la conscience; mais on ne peut ni les concevoir par la pensée, ni les déduire à priori. Elles ne sont que de la pure et absolue expérience, elles ne sont rien que l'expérience, et toute spéculation qui se comprend elle-même ne tentera jamais de détruire cette expérience. La matière de cette expérience est ce qui appartient exclusivement à chaque chose et la caractérise individuellement, ce qui, dans l'écoulement des temps, ne reviendra plus, ni ne peut avoir existé antérieurement. Mais par l'examen des différentes lois de la réflexion dont nous venons d'établir la seule loi fondamentale, on peut déduire à priori les propriétés générales des formes nées de la division de cette unité réelle. Ces propriétés générales engendrent des classes et des espèces qui s'harmonisent entre elles. Une philosophie systématique doit épuiser entièrement cette déduction à priori. Ainsi il est possible de déduire à priori d'une manière évidente de la loi de la réflexion, et la matière dans l'espace et le temps, et les systèmes du monde, et le

sujet lui-même de la conscience, qui, quoique ne pouvant être en lui-même que l'unité, se divise en un système de choses en apparence individuelles et indépendantes '. Cependant ces déductions servent plutôt à l'intelligence des principes fondamentaux des sciences particulières qu'au réveil d'une vie religieuse. Elles sont donc la propriété exclusive du domaine de l'exposition scientifique de la philosophie, et elles ne sont pas susceptibles d'une exposition populaire dont elles n'ont pas besoin. En conséquence, ici est la limite entre une exposition rigoureusement scientifique et une exposition populaire. Nous sommes, vous le voyez, arrivés à cette limite, et il faut maintenant vous attendre à voir la discussion descendre peu à peu à peu dans des sujets qui vous sont déjà connus, et que déjà nous avons touchés quelquefois par la réflexion.

En outre de la division opérée dans la conscience par la forme fondamentale de la réflexion au sein du monde né de la vie divine, division qui le métamorphose en un monde variable à l'infini sous le rapport de sa constitution, il est une autre division de ce même monde invaria

1 Fichte n'a pas fait la déduction qu'il indique ici, elle a été tentée par Schelling et par Hegel.

blement liée à la première, qui, comme elle, n'est pas variable à l'infini dans sa forme, mais peut être considérée seulement sous cinq points de vue. Dans la prochaine leçon, nous établirons au moins le fait de cette seconde division. C'est seulement après ces recherches préliminaires que nous pourrons comprendre l'essence intime et les apparences extérieures de la vie bienheureuse, et nous rechercherons ensuite comment cette vie participe au bonheur, et comment elle peut y arriver.

CINQUIÈME LEÇON.

Cette division n'a

Principe d'une division nouvelle de la science. pas pour objet le monde lui-même, mais la réflexion sur le monde, et donne les divers points de vue sous lesquels on peut considérer le monde qui en lui-même demeure un ct identique. Cette seconde division se rattache cependant d'une manière intime à la pre mière. Elle engendre cinq modes divers de conception du monde. Le premier point de vue et le plus inférieur qui domine dans la philosophie de ce temps consiste à attribuer la réalité au monde sensible ou à la nature. Le second point de vue place le réel dans une loi qui s'impose à la liberté et qui ordonne le monde; c'est le point de vue de la légalité objective ou de l'impératif catégorique. Le troisième point de vue consiste à placer la réalité dans une loi de la liberté qui crée un monde nouveau au sein du monde actuel; c'est le point de vue de la vraie moralité. Le quatrième point de vue met la réalité en Dieu seul et dans sa manifestation; c'est le point de vue religieux. Le cinquième point de vue consiste à voir clairement l'écoulement de la variété du sein de la vraie réalité qui est l'unité; ce point de vue est celui de la science. Cependant la vraie religion n'est pas une simple manière d'envisager le monde, elle n'existe qu'à la condition d'être unie à la vie en Dieu. Sans cette union elle ne serait plus qu'une opinion vide, une pure rêverie.

MESSIEURS,

D'après ce que nous avons vu ensemble jusqu'à présent, le bonheur consiste dans la réunion avec Dieu, c'est-à-dire avec l'un et l'absolu. Quant à nous, dans notre indestructible essence, nous ne sommes que savoir, image et représentation, et cette forme essentielle de notre

être ne peut disparaître, même dans l'union avec l'être absolu. En effet, être absolu dans cette union, ne devient pas notre être propre, mais nous apparaît comme quelque chose de distinct et d'étranger auquel nous nous abandonnons et nous nous attachons par un amour intime; il nous apparaît comme étant en lui-même sans forme et sans contenu, comme ne nous donnant aucune notion, aucune connaissance déterminée de son essence intime, mais comme étant ce par quoi nous nous pensons, nous nous comprenons nous-mêmes et le monde. Même lorsque nous nous plongeons en lui, le monde ne s'évanouit pas, il prend seulement à nos yeux une autre signification, et au lieu d'un être indépendant pour lequel nous l'avions pris d'abord, il devient une pure apparence, une manifestation dans le savoir de l'être divin qui en lui-même nous est inaccessible. Résumons encore tout ceci à la fois de la manière suivante. L'existence divine, l'existence dans le sens où je l'ai entendu, dans le sens de manifestation et de révélation, est absolument et nécessairement en elle-même lumière, à savoir, la lumière intérieure et spirituelle. Cette lumière, livrée à elle-même, se divise et se réfracte en des rayons divers et infinis, et ainsi dans chacun de ces rayons séparés elle se distingue d'elle-même et de sa source primitive.

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