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Après avoir sablé de méchant vin,
Au son du luth trémousser ta maîtresse ;
Et cependant il te faut sillonner,
Fendre, bêcher, tourner et retourner
Ces champs restés jusqu'ici sans culture;
Soigner mes bœufs, leur fournir la pâture :
Et, quand l'hiver paraissait amener
Quelque repos, j'entends gronder l'orage,
Un noir torrent s'enfle et vient te donner
De nouveaux soins; il faut le détourner,
Pour préserver la plaine du ravage,
Et dans sa digue il faut l'emprisonner.

De nos desirs connais la différence.
Il te souvient qu'en mon printemps j'aimais.
A m'enivrer du Nectar de Calès,
A me parer avec quelque élégance,
Et qu'à Laïs je sus plaire sans frais.
Aujourd'hui j'aime une table frugale,
Un doux sommeil dans un bocage frais,

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Et qu'un ruisseau, murmurant tout auprès,
Vienne humecter les rameaux qu'il étale.
Sans en rougir je pense à mon printemps;
Mais j'aurais honte, au déclin de mes ans,
De conserver les goûts de mon jeune âge.
Jamais la haine et ses affreux serpens
N'ont pénétré sous cet heureux ombrage;
Je n'y crains point les regards des méchans;
Et, de ma main quand je bêche mes champs,
Je donne à rire à tout le voisinage.

Toi, tu voudrais, à la ville rendu,
Dans un troupeau d'esclaves confondu,
Ronger des os, et vivre de fromage.
Je vois pourtant mon valet envier

Lignorum et pecoris tibi calo argutus et horti.

Optat ephippia bos piger, optat arare caballus.

Quam scit uterque, libens, censebo, exerceat artem.

EPISTOLA XV.

AD C. NUMONIUM VALAM.

Veliam aut Salernum ad balneas profecturus,
de locorum salubritate ac deliciis quærit.

QUÆ sit hiems Veliæ, quod cœlum, Vala, Salerni,
Quorum hominum regio, et qualis via (nam mihi Bajas
Musa supervacuas Antonius, et tamen illis

Me facit invisum; gelidâ cùm perluor undâ
Per medium frigus. Sanè myrteta relinqui,
Dictaque cessantem nervis elidere morbum
Sulphura contemni, vicus gemit, invidus ægris
Qui caput et stomachum supponere fontibus audent
Clusinis, Gabiosque petunt et frigida rura.

Mutandus locus est, et diversoria nota

Præter agendus equus. Quò tendis? non mihi Cumas Est iter aut Bajas, lævâ stomachosus habenâ

Dicet eques: sed equi frænato est auris in ore);

Ton bon dîner, ta charrue, et ta pelle.
Le sort du bœuf fait envie au coursier;
Le bœuf pesant voudrait porter la selle :
Crois-moi, chacun doit faire son métier.

ÉPITRE XV.

A VALA.

Horace consulte Vala sur la vie et le climat de Vélia, où son médecin lui avait conseillé d'aller prendre des bains froids.

A VÉLIA comment vous trouvez-vous?
Salerne est-il un pays agréable?
Ses habitans, ses hivers, sont-ils doux?
Et le chemin en est-il praticable?

Mon médecin me défend les bains chauds;
Tout mon village, outré de mon absence,
Va murmurer, si, par obéissance,

En plein hiver je plonge dans les flots.

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Quoi! dira-t-on, quitter Baie et ses eaux,

« Dont l'aspect seul chasse la maladie,

« Ces myrtes verts et ces jeunes berceaux,
« Pour s'en aller, et par monts et par vaux,
« Prendre le froid et la douche à Gabie! >>
Mais mon docteur l'ordonne; il faut aller,
Et chaque jour voir nouvelle cuisine:
A mon bidet, fidèle à sa routine,
Avec la bride il me faudra parler.

« Où vas-tu donc? ce n'est point là ma route :

« Tu vas à Cume; il faut s'en éloigner,
« Et vers la gauche un peu se détourner. »

Major utrum populum frumenti copia pascat;
Collectosne bibant imbres, puteosne perennes
Dulcis aquæ (nam vina nihil moror illius oræ.
Rure meo possum quidvis perferre patique:
Ad mare cùm veni, generosum et lene requiro,
Quod curas abigat, quod cum spe divite manet
In venas animumque meum ; quod verba ministret
Quod me Lucanæ juvenem commendet amica);
Tractus uter plures lepores, uter educet apros ;
Utra magis pisces et echinos æquora celent:
Pinguis ut inde domum possim Phæaxque reverti:
Scribere te nobis ; tibi nos accredere par est.
Manius, ut, rebus maternis atque paternis

Fortiter absumptis, urbanus cœpit haberi;

Scurra vagus, non qui certum præsepe teneret;
Impransus non qui civem dignosceret hoste;
Quælibet in quemvis opprobria figere sævus;
Pernicies et tempestas barathrumque macelli,
Quidquid quæsierat ventri donabat avaro.
Hic, ubi nequitia fautoribus et timidis nil
Aut paulùm abstulerat, patinas cœnabat omasi
Vilis et agninæ, tribus ursis quod satis esset:
Scilicet ut ventres lamnâ candente nepotum

Il m'obéit, en murmurant sans doute.
A Vélia ma soif, pour s'apaiser,
Trouvera-t-elle une source limpide,
Ou me verrai-je obligé de puiser
Dans la citerne un breuvage insipide?
Ce n'est pas tout, dites-moi, cher Vala,
Si le froment de sa croûte légère
Me fournira l'aliment salutaire,
Et de quel vin votre malade aura.
J'estime peu vos vins de Lucrétile.
Je ne suis pas chez moi très difficile;
Mais, en voyage, il me faut du meilleur,
De ce nectar source de l'éloquence,
Qui, tout-à-coup déridant le buveur,
Le fait paraître et riche d'espérance,
Et jeune aux yeux d'un objet enchanteur.
Il faut aussi me dire en confidence
Si sur ma table on verra du poisson,
De vos lapins ce qu'il faut que je pense.
Je m'en rapporte à votre expérience.
De Vélia j'attends ma guérison,
Et je prétends en revenir tout rond.

De Ménius vous connaissez l'histoire :
Quand bravement à bien manger et boire
Il eut trouvé la fin de son argent,
Pour vivre il prit le métier de plaisant.
Il n'avait point de cuisine assurée;
Ce n'était plus qu'un parasite errant,
Cherchant par-tout à faire la curée.
Quand il sentait sa soif démesurée,
Romain, barbare, étranger, citoyen,
Il mordait tout, il n'épargnait plus rien.
Tout le marché redoutait sa présence
Comme un fléau qui va tout engloutir.

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