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vérités de la religion; mais on n'en est que plus coupable quand on croit bien et qu'on fait mal. Je tremble pour vous si vous manquez à Dieu. Ne lassez. point sa patience. Quand vous serez fidele à lire, à prier, à retrancher les amusements qui dissipent et qui affoiblissent le cœur, vous serez moins foible, et cette fidélité vous méritera un plus grand secours. Ô que je desire que vous aimiez Dieu plus que vousmême et sa volonté plus que la vôtre ! Cela n'est-il pas juste? Nonne Deo subjecta erit anima noftra?:

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Le 4 avril 1709.

Je suis très sensible à toutes vos bontés, monsieur, et votre derniere lettre m'a véritablement attendri.. Je vous porte tous les jours à l'autel avec beaucoup de zele.

Vous ne devez pas être surpris de vous trouver si tiede, si dissipé, si fragile. C'est l'effet naturel d'une longue vie relâchée. Vos passions sont fortes; vous vivez au milieu du monde et des tentations les plus dangereuses; votre foi n'est qu'à demi nourrie; votre amour-propre agit en pleine liberté dans tout ce que la crainte de Dieu ne vous reproche pas comme un désordre grossier. C'est vivre d'une vie mondaine que la crainte de Dieu modere; mais ce n'est pas vivre de l'amour de Dieu mis à la place

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de l'amour-propre. Ce n'est qu'en se livrant à Dieu par amour, et en nourrissant cet amour par une priere familiere et fréquente, qu'on sort de cet état flottant. Quand on ne veut prendre de la religion qu'autant qu'il en faut pour appaiser les reproches de sa conscience et pour se donner une espérance qui console le cœur, on ne fait que languir intérieurement.

C'est un malade convalescent, qui se contente de se nourrir suffisamment pour ne tomber pas à toute heure en défaillance et pour s'épargner de grandes douleurs. Il ne fait que traîner, et il n'a aucune ressource. Vous me demanderez qu'est-ce qu'il faut faire? Le voici :

1o. Il faut se regarder comme un homme qui a pris son parti, qui ne s'en cache point, qui ne rougit point de J.-C. quoiqu'il évite toute affectation, qui veut être fixé dans le bien et ne regarder plus en

arriere.

2. Il faut lire, prier, mais prier de cœur; fréquenter les sacrements, et se faire un plan de vie par le conseil d'un homme exempt de rigueur et de relâchement, qui ait une vraie expérience des voies de Dieu.

3o. Il faut examiner, sur-tout dans l'oraison et immédiatement après vos communions, ce que Dieu

demande de vous pour mourir à vos passions, pour vous précautionner contre vous-même, pour réprimer vos goûts, et pour retrancher les amusements qui vous détournent de vos devoirs extérieurs, ou qui s'opposent à une vie de recueillement. Vous verrez que, si vous vous abandonnez à l'esprit de grace, il vous fera sentir ce qui vous arrête dans le chemin où Dieu vous appelle

4o. Il ne faut point être étonné ni découragé de vos fautes. Il faut vous supporter vous-même avec patience sans vous flatter ni épargner pour la correction. Il faut faire pour vous comme pour un autre. Dès que vous vous appercevez que vous avez manqué, condamnez-vous intérieurement, tournez-vous du côté de Dieu pour recevoir votre pénitence dites avec simplicité votre faute à l'homme de Dieu qui a votre confiance. Recommencez à bien faire comme si c'étoit le premier jour, et ne vous lassez point d'être toujours à recommencer. Rien ne touche tant le cœur de Dieu que ce courage humble et patient.

Il ne faut pas se rebuter quoiqu'on éprouve en soi beaucoup de tentations et qu'on fasse même diverses fautes. La vertu, dit l'apôtre, se perfectionne dans l'infirmité. C'est moins par le goût sensible et par les consolations spirituelles que par l'hu

miliation intérieure et le recours fréquent à Dieu, qu'on s'avance vers lui.

Voilà, monsieur, ce que je le prie de vous faire bien entendre. Je vous aime tendrement, je vous honore du fond du cœur. Je vous suis dévoué à toute épreuve et sans réserve pour le reste de ma vie: Aimez-moi, mais en Dieu et pour Dieu, comme je vous aime. Mon zele pour vous est sans bornes. Mille respects à madame la vidame.

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Je remercie Dieu, monsieur, des graces dont il vous comble; mais je crains que votre travail ne soit disproportionné à tant de secours. Rien n'est si redoutable que les graces méprisées, et le plus redoutable jugement sera fondé sur les miséricordes reçues sans fruit. C'est le péché d'ingratitude et de résistance au Saint-Esprit. Dieu vous a conservé cette année, apparamment pour vous attirer à son amour par tant d'inspirations secretes. Mais je vois venir la campagne prochaine, et je ne saurois y penser sans craindre pour vous. Au nom de Dieu, ne passez pas dans la mollesse, dans la curiosité et dans l'amusement, un hiver qui vous est peut-être donné comme le temps de crise pour votre salut éternel.

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Vous êtes environné d'un pere et d'une mere qui TOME VI.

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servent Dieu de tout leur cœur. Vous avez épousé une personne qui n'est peut-être pas encore dans la piété, mais qui a beaucoup de raison, de bonté de cœur, de vertu, et qui honore sincèrement la piété solide. N'êtes-vous pas trop heureux au dehors? d'ailleurs Dieu ne cesse au dedans de vous attirer. Il ne se rebute point de vos négligences; il daigne avoir avec vous la patience que vous devriez avoir avec lui. Je crains que cette patience de Dieu ne vous gâte. Ne vous contentez pas d'éviter les vices grossiers; priez, unissez-vous de cœur à Dieu; accoutumez-vous à être seul avec lui dans un commerce d'amour et de confiance; faites toutes vos actions en sa présence, et retranchez toutes celles qui ne mériteroient pas de lui être offertes. Voilà ce qui doit décider vos cas de conscience.

Lisez un bon livre et nourrissez-vous-en par une méditation simple et affectueuse pour vous appliquer les vérités que vous y aurez lues. Fréquentez les sacrements. Ne réglez pas vos communions par votre vie, mais réglez toute votre vie par vos communions, fréquentes. Du reste soyez gai, commode, compatissant aux défauts d'autrui, et appliqué à corriger les vôtres, sans vous flatter et sans vous impatienter dans ce travail qui recommence tous les jours. Faites honneur à la piété en montrant qu'on peut la rendre

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