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ler en sa présence dans les principales occasions de la journée; l'autre est d'éviter tout ce qui dissipe, qui passionne et qui ôte le goût de Dieu. Vous trouverez qu'il n'y a que les occupations inutiles qui causent cette dissipation, et que toutes les occupations qui sont dans l'ordre de la providence par rapport à votre état, ne vous éloigneront point de Dieu quand vous voudrez bien en user modérément pour l'amour de lui. Peut-on se donner à lui à meilleur marché? Courage donc, monsieur! N'hésitez plus, et livrezvous à celui qui vous veut pour votre bonheur éternel. Vous aurez dès ce monde le centuple de ce que vous aurez quitté. Je vous suis dévoué sans réserve : Dieu le sait.

Le 21 septembre 1708.

VOILA, monsieur, votre campagne bien avancée; la fin s'approche, et je vois avec plaisir s'approcher aussi le temps de votre passage sur notre frontiere. Quelle joie n'aurai-je pas si je vous trouve d'accord avec vous-même! Quelle paix et quelle douceur que d'être pleinement décidé au fond de son cœur sur les choses essentielles! Les contradictions du dehors, quelque pénibles qu'elles soient, ne sont jamais com parables à celles du dedans. Rien n'est si dur que de porter sa condamnation au fond de soi-même : encore est-ce un grand bonheur que de ne l'étouffer

TOME VI.

pas.

J'aime votre sincérité; elle m'attendrit : j'en espere de bonnes suites. Mais ce n'est pas assez d'être sincere contre soi; il faut s'exécuter, quoi qu'il en coûte, et agir aussi raisonnablement qu'on parle. Vous savez, monsieur, avec quel zele je vous suis dévoué pour toute la vie.

Le 15 octobre 1708.

Je suis véritablement affligé, monsieur, de l'état pénible où vous vous dépeignez vous-même : mais ce qui me console est de voir combien vous le sentez et combien vous en craignez les suites. J'espererai tout pour vous tandis que vous appréhenderez tout de vous-même. Cette expérience de votre dissipation, de votre tiédeur, de votre relâchement et de votre fragilité, vous doit inspirer une grande défiance de votre cœur. On se flatte d'ordinaire d'avoir au moins un cœur droit et sensible à ses vrais devoirs. Mais quel devoir peut-on jamais comparer avec celui de n'être pas ingrat à l'égard de Dieu ? On auroit horreur d'un homme assez dénaturé pour tomber dans l'ingratitude à l'égard d'un pere bienfaiteur ou d'un ami de qui il auroit reçu de grands services. Vous avez reçu de Dieu votre corps, votre ame, ce vous-même qui vous est si cher, avec la vie et toutes ses commodités en un mot vous n'avez rien que

vous ne teniez de Dieu seul. Jamais obligations ne peuvent être mises en aucune comparaison avec celles dont Dieu vous a comblé. C'est pourtant lui que vous oubliez à toute heure; c'est lui à qui vous préférez les plus méprisables amusements; c'est lui qui vous ennuie ; c'est lui qu'il vous tarde de quitter; c'est lui à qui vous tournez le dos pour courir après des hommes que vous méprisez et qui n'ont pour vous aucun autre mérite que celui de vous faire perdre du temps et de flatter un peu votre imagination.

Je gémis, dites-vous, de me trouver dans un goût şi indigne. C'est ma consolation, monsieur, de ce que je vous vois gémir; mais enfin tel est votre goût: il est aussi méprisable selon la raison, que dépravé et dangereux selon la foi. Après cette expérience continuelle de vous-même, que pouvez-vous encore espérer de votre coeur? Qu'y a-t-il de plus méprisable qu'un goût si corrompu? Qu'y a-t-il de plus honteux qu'une telle légèreté? A quel point ne devez-vous pas vous défier sans cesse d'un cœur si gâté et si sensible au vrai bien!

:: Vous ne pouvez vous résoudre à aimer celui qui est souverainement aimable et qui vous aime dès l'éternité sans vous, abandonner lors même que vous lui êtes infidele.

Vous ne pouvez renoncer à ce qui vous perdroit en

ce monde, qui ne vous aime ni ne vous aimera jamais; à ces amusements si indignes, que vous n'oseriez les nommer au rang des choses sérieuses. Voilà ce que vous n'avez point de honte de mettre en la place de votre Dieu et de tous les biens éternels. Qu'y a-t-il donc de plus méprisable que notre cœur? Cœur de boue, toujours appesanti vers la terre, toujours incapable de sentir les graces de Dieu !

espece

vez,

Vous me demandez un moyen de sortir de cette d'ensorcellement; mais ce moyen, vous le saet il vous demeure inutile parceque vous ne vous en servez pas. Comment voulez-vous qu'un moyen vous soit utile, si vous n'en faites aucun usage? Le meilleur remede n'opere rien quand on ne le prend

pas.

Le moyen que vous demandez est de lire, de prier tous les jours à certaines heures réglées, de fréquenter les sacrements, de fuir toutes les occasions de dissipation que vous pouvez retrancher sans manquer aux véritables bienséances de votre état; c'est de vous renouveler souvent pendant la journée dans la présence de Dieu; c'est de vous humilier devant lui dès que vous éprouvez votre dissipation; c'est de revenir doucement à lui sans vous décourager ni impatienter jamais ; c'est de vous supporter vous-même dans vos miseres et dans vos indignités sans vous flat

ter ni excuser en rien; c'est de vous accoutumer à n'espérer plus rien ni de votre raison, ni de votre courage, et à vous réfugier en Dieu seul avec une humble confiance; c'est de travailler avec le secours de Dieu, qui ne vous manquera point, et qui vous fait sur vos fautes tant de reproches intérieurs par une miséricorde secrete. Il me tarde d'avoir l'honneur de vous voir pour vous en dire davantage. Je vous envoie une lettre que je vous supplie d'avoir la bonté de rendre. Personne ne vous sera jamais plus dévoué que moi, monsieur, ni avec plus d'attachement et de zele.

Le 24 novembre 1708.

Je vous renvoie mon domestique selon votre décision, monsieur; il ne sait rien ni ne doit rien savoir quoiqu'il soit bon homme et plein d'honneur. Il attendra autant qu'on le voudra. Je crains seulement qu'il ne soit remarqué par les gens qui sont éveillés. Le brnit public est que M. le d... de B... n'a plus aucun pouvoir et que M. de Vendôme en a un absolu pour décider de tout. J'ai le cœur bien affligé de tout ce que j'entends dire contre notre prince sur sa campagne; consolez-moi si vous le pouvez.

Je remercie Dieu de ce qu'il vous conserve une lumiere distincte et une pleine conviction sur les

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