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fond du cœur. Supportez en sa présence vos défauts, lui demandant son secours pour les corriger. J'embrasse le chevalier tendrement. Tout à vous à jamais.

-LETTRE LXXII.

Cambrai, 4 octobre 1714.

Je n'ai point pu, mon très cher fanfan, vous écrire à Bourdeaux. Il étoit trop tard quand vos lettres sont arrivées ici. J'espere que vous trouverez celle-ci à Manot. Dieu veuille que vous y arriviez avec une jambe dont l'état ait surpassé vos espérances! Ma santé ne va pas mal, malgré la peine d'esprit et le travail de corps que j'ai soutenus depuis quelque temps. J'écris à mon neveu votre pere, non pour lui faire agréer que vous reveniez promptement à Cambrai, mais pour le conjurer de vous laisser arriver à Paris avant la réforme et la promotion qui vont paroître tout au plutôt à Versailles. Supportez-vous patiemment, corrigez-vous avec courage: priez pour pouvoir faire l'un et l'autre. Heureux qui tourne sa foiblesse en force par humilité! Malheur à celui qui tourne sa force en foiblesse par présomption!

LETTRE LXXIII.

Mardi, 11 décembre 1714.

J'ai reçu vos deux lettres, l'une du 7 et l'autre du

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de ce mois, mon cher fanfan. Voici mes réponses: 1o. Je pencherois à l'acquisition d'un bon régiment pour dix mille livres de plus avec le vôtre vendu au même jour : M. Dupuy pourroit vous faire prêter cette somme. Quoique je pense de la sorte, je ne voudrois point que vous suivissiez ma pensée. Demandez l'avis des gens plus instruits que moi sur votre profession. 2°. Je ne puis vous conseiller de demander d'aller à Majorque; l'état de votre jambe ne semble nullement le permettre. D'ailleurs, si vous avez un des anciens régiments, vous y serez attaché, et ce régiment ne passera point la mer : vous ne pourriez pas même presser pour faire marcher le régiment avec le risque de ne pouvoir alors marcher vousmême, si votre jambe se trouvoit en mauvais état : en ce cas, il faudroit, ou vous déshonorer en demeurant, ou vous exposer à périr en passant la mer avec une jambe malade. Consultez des gens plus sages que moi. Vous pouvez consulter notre ami le bon gentilhomme de Limousin.

J'ai une grande impatience de voir revenir l'abbé de Beaumont. J'écris et à lui et à sa sœur; mais il ne répond rien. Pressez-le très fortement de ma part, je vous en conjure; j'ai réellement un grand besoin de lui.

Alexis s'en est retourné à Lille joindre son frere. Avancez vos affaires avec M. de Jaunsac autant que vous le pourrez. Je serai ravi de vous voir, mais j'aime mieux l'avancement de vos affaires que mon plaisir. C'est ainsi que je serai toujours à vous.

JE

LETTRE LXXIV.

Vendredi, 14 décembre 1714.

E vous envoie, mon cher neveu, la lettre que vous m'avez demandée. Je vous prie qu'elle ne soit point rendue si vous n'en avez pas besoin. Je crois aussi qu'il faut recourir très sobrement, et dans le seul cas d'un pressant besoin, aux bontés de madame la duchesse de Chevreuse : elle a besoin de ménager le ministre pour ses propres affaires et de ne le fatiguer point. Pour M. le chancelier, je lui ai écrit deux fois en votre faveur. Par rapport à la promotion future, il n'y a pas un mois que je l'ai fait pour la derniere fois. Si je recommençois, il pourroit être importuné

de mes lettres. Je ne veux ni déranger ni gêner M. l'abbé de Beaumont, mais j'aurois un véritable et pressant besoin de son secours. Profitez, je vous conjure, de votre séjour à Paris et à Versailles pour consulter messieurs Chirac, Maréchal et la Peyronie sur les choses qu'on pourroit essayer de faire pour soulager madame de Chevry. S'il y avoit quelque opé ration fâcheuse à lui proposer, il faudroit que son frere, pendant qu'il est sur les lieux, l'y préparât doucement. Avancez votre principale affaire, pour lui donner une bonne forme pendant que vous êtes présent. Quand vous viendrez avec M. Dupuy il n'y aura plus aucun homme de confiance qui puisse décider de rien en l'absence de vous deux; c'est à quoi il faut mettre ordre avant votre départ. Mandez-moi vos projets pour deux questions que vous m'avez proposées, si vous ne venez pas au plutôt. J'embrasse tendrement le cher Panta, et je suis tout à mon très cher fanfan.

JE

LETTRE LXXV.

Samedi au soir, 29 décembre 1714.

E te prie, mon cher petit fanfan, de tirer notre bon Panta de Paris, où il ne peut être retenu que par son

TOME VI.

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goût contre sa grace. Ne le tracasse point, mais fais lui entendre qu'il ne convient pas de multiplier la dépense de mes chevaux. Je ne le desire point ici pour moi, c'est pour lui. Je sais, Dieu merci, être seul et en paix. Il faut que tu le presses par amitié et par douceur, sans y mêler ton naturel. Aide-toi de sa sœur et du cher Put.

Apporte-moi les Caracteres de la Bruyere de la

meilleure édition.

Prends des mesures justes pour l'affaire de M. de Jausan; c'est ton affaire capitale. Un changement général renverseroit tout sans ressource. Il faut songer à être payé et à faire un remploi. Consulte MM. Chirac, Maréchal et la Peyronie sur ta jambe; ce sera une occasion de les consulter sur la malade.

Mille amitiés tendres au cher Put qu'il me tarde. d'embrasser tendrement. Ô que j'embrasserai mon petit fanfan!

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