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avec vous, je le croirois à Barege mieux qu'à Manot. Envoyez-moi le petit page: je le veux. Point d'embarras dans le temps où je suis presque seul. Ma solitude me plaît fort, quoique la compagnie dont je suis privé me soit très chere.

Je serois bien fâché si vous n'aviez pas le soin de conclure quelque chose d'assuré avec M. de Jaussan, et si vous ne preniez pas des mesures avec notre ami M., Dup. pour mettre tout en bon état. La malade m'alarme. J'embrasse tendrement et vous et Panta.

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LETTRE LXIII.

17 mai 1714

Je souhaite, mon très cher fanfan, que cette lettre vous trouve heureusement arrivé dans les lares paternels, et qu'après avoir embrassé pere et mere, freres et sœurs en grand nombre, vous ne perdiez pas un moment pour votre voyage de long cours. Hâtez-vous de partir pour profiter de la saison. Vous verrez la famille plus à loisir en revenant. Vous verrez M. de Laval à Barege. Faites-lui mille amitiés pour moi. Observez très exactement pour les bains tous les conseils de M. Chirac, et faites at

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tention aussi aux expériences des médecins du pays. Je ne veux point entrer dans l'expédient de l'abbé de Beaumont pour l'affaire de M. de Jaussan. Il ne me convient ni de démêler cette affaire avec un autre ni de la laisser sur le grand chemin. Je m'en passerai. Ne soyez point en peine de ma santé; je la ménagerai. Songez à la vôtre. Si vous ne gué, rissez pas à fond cet été, vous serez impotent le reste de vos jours; l'âge augmentera même beaucoup votre mal.

Soyez recueilli sans effort de tête ni scrupule. Bornez votre priere à un temps réglé. Soyez simple pour ne vouloir rien cacher; mais ne ravaudez point sur les minuties. Occupez-vous de ce qui peut vous acquérir des connoissances utiles. Mille amitiés à toute notre chere famille. Je suis tout à mon très cher fanfan, mais tendrement et sans réserve.

LETTRE LXIV.

24 mai 1714.

Je souhaite, mon très cher fanfan, que vous soyez arrivé à Manot en parfaite santé. Ne vous y arrêtez point; la saison est précieuse. Il ne faut faire qu'une fois en la vie un voyage de quatre cents lieues. La

famille doit vous presser de partir. Vous la dédommagerez au retour. J'ai ici M. l'abbé de la Grois et les enfants de M. le duc de Ch. Je m'amuse, je me promene, je me trouve en paix dans le silence devant Dieu. Ô la bonne compagnie! on n'est jamais seul avec lui. On est seul avec les hommes qu'on ne voudroit point écouter. Soyous souvent ensemble, malgré la distance des lieux, par le centre qui rapproche et qui unit toutes les lignes.

LETTRE LXV.

Cambrai, mardi 12 juin 1714.

Il me tarde, mon très cher fanfan, de vous savoir arrivé à Barege. Ma joie seroit grande si j'apprenois que votre jambe fût guérie. Ne négligez rien pour la guérir; exactitude, patience, tranquillité, bon régime. C'est une affaire capitale pour toute votre vie. Faites tout comme un homme sage qui ne veut pas s'exposer à recommencer. Il ne faut point faire plus d'une fois un voyage de quatre cents lieues, si on peut s'en épargner la peine et la dépense.

Suivez en liberté ce que vous m'avez écrit sur la lecture de l'écriture sainte. Evitez toute application pendant vos remedes. Voyez vos fautes d'une vue

simple, sans vétiller, sans vous décourager, avec un sincere aveu de votre misere et une pleine confiance en Dieu, pour travailler efficacement à votre correction par le secours de sa grace. Vous aurez de mes nouvelles deux fois la semaine. Quand je ne pourrai pas écrire, Alexis suppléera. Je lui en laisserai la peine le moins que je pourrai. La lettre de notre grand chevalier m'a donné une vraie joie. Je lui fais réponse avec plaisir. M. le chevalier Des touches doit arriver ici samedi à la fin de notre concours. Tout à mon très cher fanfan, sans réserve et à jamais.

LETTRE LXVI.

Cambrai, jeudi 28 juin 1714.

VOTRE lettre de Montauban m'a fait un sensible plaisir, mon très cher fanfan; mais une lettre de Barege me touchera encore davantage, et celle qui m'apprendroit votre entiere guérison me combleroit de joie. Demeurez aux eaux jusqu'à la fin de l'automne, si on vous le conseille, et faites tout avec patience. Patientia magnam habet remunerationem. J'ai ici depuis huit jours M. Destouches. Il badine joliment, il dort; il est vrai et bon pour ses amis,

je voudrois qu'il le fût pour lui-même. Laissez tomber également vos vaines complaisances et vos dépits d'amour-propre, qui ne sont pas moins vains. Souffrez vos distractions et vos dégoûts sans les entretenir. Payeż de bonne volonté, quoique le sentiment vous manque. Un serviteur de Dieu disoit qu'on sert Dieu aux gages de Dieu même, quand on le prie avec consolation; et qu'on le sert à ses propres dépens, quand on le prie malgré l'obscurité, la sécheresse et la distraction. Votre vanité a besoin de mécompte et d'humiliation et au dehors et au dedans. Ma santé va à l'ordinaire. Celle de votre frere aîné est toujours mal assurée. Alexis fait bien. Ils sont allés ensemble à Haurincour ce matin.

J'ai tort d'avoir oublié M. Langeois; mais je vais réparer ma faute.

Mille amitiés à notre chevalier, que j'aime et que je cherche à aimer encore davantage.

Bon soir, mon très cher fanfan en Dieu; il n'y pas loin de Cambrai à Barege; ce qui est un ne peut être distant.

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