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plus régulier de demeurer au régiment; mais votre état ne vous dispense que trop de cette régularité. C'est bien assez et même trop que tu sois à l'armée; tu devrois être déja aux eaux: la saison presse. C'est un grand excès que d'être au camp. Demeurez-y en repos jusqu'à la fin du siege, et n'allez pas plus à la tranchée que les colonels modérés, qui demeurent à leurs régiments. Voilà ce que Tonton décide de pleine autorité. Il arrive souvent qu'on a, malgré soi, en cette vie, des vanités et d'autres choses imparfaites qui échappent comme par saillies; mais la fidélité consiste à revenir toujours à une conduite simple, où l'on réprime ce qui est de trop. Sois donc petit, simple et docile, je t'en conjure..

et. Quand tu m'écris, mets sur une feuille tout ce qui peut être vu, ou sur le siege, ou sur les choses générales; mets dans un autre feuillet séparé ce que tu voudras me confier des fautes de fanfan ou de l'état de son intérieur. Cela me paroît convenir pour ton frere et pour d'autres qui sont curieux de voir de tes nouvelles.

autres qui sont curieu

T

Quand je te demande des attentions pour diverses personnes, ce n'est qu'autant que tu te trouveras à portée de le faire, et en vue de te procurer des amis.

Bon jour, petit fanfan; tu connois ma tendresse pour toi.. M. d'Alegre m'a écrit une lettre où il y a des marques de vraie amitié pour toi.

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PUISQUE tu crois, fanfan, que je ferai plaisir, j'irai demain voir M. le maréchal de Villars et dîner avec

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lui. Je ne menerai point tes deux freres à ce dîner, attes et il faudra qu'ils cherchent pitance ailleurs dans le camp; mais si M. l'abbé de Laval, à qui j'offrirai de le mener, vient avec nous, je le ferai dîner chez M. le maréchal: tes freres ne mourront pas de faim. Je crains un peu la longueur du chemin à cause du détour pour passer le bac. Il faut que je revienné le soir au gîte. Tu peux dire à M. le maréchal l'impatience d'avoir l'honneur de le voir qui me fait aller, moi polisson, à la guerre. S'il ne dînoit pas chez lui demain, je mangerois un morceau de pain donné par aumône chez quelque ami du camp; après quoi je viendrai souper ici sans embarras.

Tu comprends bien que j'aurai une sensible joie de te revoir et de t'embrasser tendrement. Bon jour, petit fanfan. Mille choses à notre cher invalide M. le chevalier Destouches. Que Dieu soit avec toi! Il ne faut pas oublier que demain est le bout de l'an de ta blessure : c'est un jour de grace singuliere pour

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toi: fais-en la fête solemnelle au fond de ton cœur. A demain, à demain. Je suis ravi de te voir un si bon jour. Ne manque pas de te trouver chez M. le maréchal ou chez M. le chevalier Destouches, afin que nous ayons un moment de liberté.

Jen

LETTRE XXII.

Cambrai, 6 septembre 1712.

E ne saurois prendre aujourd'hui, fanfan, des mesures assez justes pour aller dîner chez M. de la Valliere en revenant de Valenciennes. L'électeur peut vouloir me retenir malgré moi un jour de plus, et ce mécompte dérangeroit notre dîner: d'ailleurs je crains un embarras pour le maigre du vendredi; il yaut mieux que je revienne ici. Dès que j'y serai revenu, je prendrai des mesures certaines. M. le chevalier Destouches m'a promis un relais en faveur de notre dîner. Je voudrois qu'il eût la bonté de l'envoyer à moitié chemin; ses chevaux ne feroient que deux lieues et demie: les miens auroient le même soulagement. Convenez avec M. de la Valliere d'un jour commode. Donnez-moi de vos nouvelles à Valenciennes. Si l'électeur ne me retient pas, et si le vendredi ne gâte rien, je serai peut-être à tout.

A

Madame de Chevry m'a envoyé la lettre de madame Voysin, qui dit que M. Voysin vous a déja envoyé votre congé en droiture à l'armée. Il faut que la lettre soit allée au régiment, qui est campé loin du lieu où vous êtes. Quoi qu'il en soit, la lettre de madame Voysin que je vous garde, suffiroit seule pour vous mettre en pleine liberté de partir pour les eaux.

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Je pars pour Valenciennes avec M. le doyen ton frere aîné et M. Provancheres. M. l'abbé de Laval part de son côté pour aller voir M. de Nangis qu'il croit en danger,

Souviens-toi d'être simple. Dieu seul fait trouver le vrai milieu : l'amour propre ne le trouve jamais. Tu sais de quel coeur je t'aime; mais je ne veux t'aimer que d'une amitié de pure foi.

LETTRE XXIII.

Cambrai, 30 octobre 1712.

MON rhume diminue fort; mais je ne me fie pas à lui: je veux pousser les précautions jusqu'au bout pour le finir. Ta lettre, mon cher fanfan, m'a fait grand bien; car elle me met en repos: te voilà avec le régiment. Il me tarde de te revoir Reviens dès

que M. de Ravignan aura passé, s'il doit passer bientốt; mais s'il ne devoit passer de long-temps, tu pourrois, en attendant, revenir faire un petit séjour ici. La regle n'est que pour les colonels qui vont passer l'hiver à Paris : elle n'est point pour ceux qui sont auprès de leurs régiments et à portée de s'y trouver à la revue de l'inspecteur. M. de Colandre est parti d'ici pour la Normandie, et reviendra dans quinze jours pour la revue. Vous pouvez de même venir ici pour retourner à Avesnes.

Les nouvelles de M. de Chevreuse me donnent de l'inquiétude; sa langueur alarme. Ce seroit une perte infinie: j'en ai le cœur flétri. Oh! que Dieu est puissant, et que nous sommes foibles!

Bon soir, fanfan. Des amitiés sinceres à notre petit chevalier. Que ne donnerois-je point pour le voir un bon sujet!

LETTRE XXIV.

Je me sers de l'occasion de M. Gigaut, chirurgien des chevaux-légers, qui va à l'armée, et qui en reviendra samedi : tu pourras, cher fanfan, me faire réponse par lui, et je te conjure de lui faire voir exactement ta jambe. Ne me refuse pas cette petite com

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