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devez faire des avances pour l'obtenir. Mandez-moi des nouvelles de M. de Beauvau, dont je suis fort en peine. M. de Tingry m'a écrit que M. de Beauvau est malade: plût à Dieu qu'il fût ici! Voyez ce que vous pourrez faire pour lui marquer toute notre bonne volonté. M. de Tingry m'a mandé qu'il vous avoit cherché pour vous loger chez lui. Vous devez faire bien des pas pour lui témoigner votre parfaite

reconnoissance.

Mille et mille choses à M. de Puységur. Cultivez M. le prince de Rohan et M. le duc de Guiche, MM. d'Alegre et de Hautefort, de Mézieres, les ducs de Chaulnes, de Mortemart et de Saint-Aignan.

Dites, je vous prie, à M. le prince de Rohan que j'ai vu passer ici M. d'Albemarle, qui est charmé des. effets très solides de son amitié noble et secourable; ce mylord me paroît homme sage et de mérite. Bon soir. Agissez, non par goût naturel ni par les empressements de l'amour propre, mais par grace en présence de Dieu, le laissant décider. Renoncez simplement, dès que vous serez hors de l'occasion d'une grande action ou de quelque attaque principale, dans laquelle votre régiment soit commandé. Tendrement tout à vous, Dieu le sait.

JE

LETTRE X V.

Cambrai, 12 août 1712.

E vous écrivis il y a deux jours, mon cher neveu, et je reçus votre lettre deux heures après. Votre frere reçut aussi hier une lettre de vous. Quand vous voudrez m'écrire quelque chose de particulier pour moi seul, mettez-le dans une feuille détachée, afin que nos amis puissent voir le reste sans voir ce morceau-là.

Quand je vous sais à l'armée dans l'attente d'une grande action, ou de quelque attaque d'un siege où vous devez vous trouver à la tête de votre régiment, je vous laisse faire. Vous voyez bien par là que je ne veux point vous gâter, ni vous aimer sottement en nourrice; mais je n'approuverois nullement que vous fussiez chez M. de Puységur loin de votre régiment, pour aller par-tout hors de votre place faire le volontaire et l'aventurier, pour chercher mal à propos des coups de fusil. De bonne foi, revenez quand vous ne verrez ni action ni attaque de siege qui vous regarde. Mille amitiés à M. le chevalier Destouches. Je suis fort en peine de sa santé, qui a en sa personne un mauvais tuteur. Dites tout ce qu'il faut selon mon cœur à M. de Puységur.

Je vous ai prié de faire votre cour à M. le duc, et de faire bien des avances à M. de Saintrailles: ne l'oubliez pas, s'il vous plaît.

Le petit abbé est ici ; il est très bon enfant. L'abbé de Beaumont me fait espérer qu'il reviendra vers la fin du mois.

M. Voysin a écrit au procureur général. J'ai fait venir ici M. de Beaumont du Casteau. On assure que les juges sont très favorablement disposés. Nous pressons afin qu'ils jugent demain: autrement on seroit à recommencer avec d'autres juges qui pourroient hésiter sur les choses dont ceux-ci sont persuadés.

Mandez-nous de vos nouvelles quand vous le pourrez; deux mots suffiront pour dire que fanfan est en bonne santé. Je prie Dieu qu'il vous conserve de corps et d'esprit, qu'il soit votre conseil, votre sagesse, votre courage, votre vie, votre tout, et vous sans rien à la merci de sa volonté. Amen, amen.

LETTRE XVI.

Cambrai, 14 août 1712.

Voici la troisieme fois que je vous écris, mon cher

OICI

neveu: je suis surpris de ce que vous n'avez pas reçu

deux de mes lettres. J'avoue que votre régiment étant si loin d'ici, vous ne pourriez pas y arriver assez tôt, s'il s'agissoit d'une bataille. Ainsi je ne vous presse point de revenir dans le cas présent; vous devez demeurer à l'armée pendant qu'on est dans l'occasion prochaine d'une action importante." Pour le siege, votre régiment n'y étant point, vous n'êtes pas obligé d'y être; vous pouvez seulement voir ce qu'il y aura de principal, et ensuite vous borner à vos fonctions. Laissez tomber tout empressement naturel, et écoutez en paix et en silence ce que Dieu demande de vous: ensuite, faites-le simplement. Vous verrez que tout ce qui seroit de trop, se retranchera de soi-même, et que tout ce qui seroit de trop peu vous paroîtra tel; en sorte que l'esprit de grace vous fera tenir sans hésitation le juste milieu. C'est tout ce que je desire. J'aime cent fois mieux votre fidélité que votre vie ; aussi bien n'y a-t-il nulle autre vie véritable que cette fidélité: le reste, quelque beau qu'il paroisse aux yeux grossiers, n'est qu'une mort. Dès qu'il n'y aura pas d'apparence à une action, et que vous aurez satisfait à la bienséance pour un siege où votre régiment n'est point, revenez en bon enfant. Jusques-là demeurez, et Dieu sera avec vous: il sera lui-même votre glaive et votre bouclier.

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Mille choses à M. le chevalier Destouches. Je suis en peine de sa santé ; je sens qu'elle m'est fort chere: il me tarde qu'il puisse avoir quelque repos, pourvu qu'il en fasse un bon usage. Puisque vous êtes comme lui au quartier général, vous pouvez le garder à vue. Je vous paierai pour être mon espion et pour me rendre compte de ses vie et mœurs, dont je me défie.

Des nouvelles, je vous conjure, de M. de Beauvau; vous savez à quel point je l'aime et je l'honore. J'ai reçu une lettre de M. de la Rochefoucauld sur la mort de son petit fils, qui est courte, forte, touchante. Elle est signée de sa main.

Je vous prie de lire à M. le maréchal de Villars le mémoire ci joint. J'espere qu'il verra bien qu'il ne convient pas que je refuse mes petits offices à un officier prisonnier et blessé, qui me presse de les lui accorder. D'ailleurs je ne veux faire aucune demande indiscrete. Je me borne à desirer le plaisir que je pourrai procurer à autrui, sans blesser les regles. Au reste, j'aime mieux vous confier cette commission que d'écrire. C'est pour vous une occasion de faire votre cour, dont vous devez être ravi de profiter, et c'est pour moi un moyen d'épargner à M. le maréchal la peine de lire une lettre et d'y répondre.

Bon jour, mon neveu: j'aurai une grande joie quand je pourrai vous embrasser.

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