impériale. Dans ce manuscrit, le bec qu'on voit sur celle-ci ouvert par un monstrueux hiatus, laisse apercevoir au fond de son gouffre flamboyant un diable à figure humaine, dont nous n'avons pas pris le dessin, et montré attendant la proie Géhenne en bec d'aigle (Miniature d'un manuscrit de la bibliothèque impériale). réprouvée que lui jette l'autre démon, reproduit ici. Celui-ci a une corne de monocéros implantée au sommet du front et l'un des emblêmes les plus caractéristiques de l'arrogance et de l'orgueil; cette proie, jetée dans l'abîme, est une femme échevelée qui semble avoir perdu ses sens. Le diable qui porte la femme, et qui représente la tentation qui l'a vaincue et qui l'a poussée à l'Enfer, a des serres d'aigle aussi bien que le Diable qui l'y reçoit. Ce petit drame est plein de vie, et d'un caractère saisissant et original. ༥ Dans un manuscrit analogue, de la même bibliothèque, le texte « Ingreditur Bestia labitulum in mansione sua morabitur » est interprété par la chute des réprouvés dans l'Enfer, où ils entreront pour toujours. « La Beste, dit le commentaire, entrera en sa tesnière et demourra en sa fousse. Per Bestiam, ajoute-t-il, significantur peccatores qui meridie mendico (?) descendunt in latibulum, id est infernum, quando multi et sancti cum angelis exaltabuntur et coronabuntur in gloria. » La miniature correspondante représente, en guise de Géhenne, un monstrueux bec aquilin ouvert et flamboyant, peuplé de damnés. Quant à la femme qui va y être jetée en punition de ses désordres, et qui personnifie les maudits de Dieu, la glose n'a point précisé ses torts : « Bestia, » dit-elle seulement, et elle ajoute, « les pécheurs » mais l'artiste semble s'être complu à indiquer les crimes qui déterminent la réprobation de ce personnage, en spécifiant dans les instruments de locomotion qui le mènent à la Géhenne et dans la Géhenne elle-même les deux péchés les plus communs et les plus tolérés peut-être entre les vices capitaux, à savoir l'orgueil et le plus flétrissant des vices. En effet, les caractères distinctifs du Démon qui porte cette réprouvée sur son dos et de celui qui suit ce groupe, sont la corne de mono Autre Géhenne formée d'un bec d'aigle (Miniature d'un manuscrit de la bibliothèque impériale). céros implantée et se dressant au sommet du front, emblême d'orgueil les pattes et les griffes de gallinacé, réunissant dans le langage du mysticisme (nous n'inventons rien) les trois caractères de la sensualité, c'est-à-dire la fétidité, em blême du scandale propre à ce vice, l'agglutination du fumier, figure de l'empire fatal de ses tristes consuétudes, et l'éparpillement du grain, emblême de la dissipation qui le suit. Tels sont les péchés dont l'un pousse, et l'autre précipite cette proie en Enfer et cet Enfer est un bec d'aigle, c'està-dire le supplice des orgueilleux, et de ceux que leur orgueil même a précipités dans le plus dégradant des vices! FÉLICIE D'AYZAC Dignitaire honoraire de la maison impériale de Saint Denis. Sous l'inspiration de la théologie, l'Art chrétien a rarement séparé ces vices. Ex culpa superbiæ, plerumque in abominandam carnis immunditiam itur, nam alterum pendet ex altero. Sed sicut per superbiam mentis itur in prostitutionem libidinis, ita per humilitatem mentis salva fit castitas carnis. Libidinis nasci immunditiam de animi occulta superbia constat. Non numquam gemino vitio christianus a diabolo appetitur, et occulto per elationem et publico per libidinem. Sed dum evitat quis libidinem, cadit in elationem. Item dum incaute declinat elationem, cadit segniter in libidinem: sicque ex occulto vitio elationis itur in apertum libidinis, et de aperto libidinis, itur in occulto elationis, etc. (S. ISID. HISPAL., Sententiar., II, 9). |