Obrazy na stronie
PDF
ePub

quelques prédicateurs, qui crurent pouvoir profiter d'une vague superstition populaire au profit de la conversion des âmes. Si cette fabuleuse terreur eût envahi tous les esprits, elle les aurait plongés dans un complet découragement et l'on se serait bien gardé d'ériger des monuments qu'on aurait cru fatalement destinés à une ruine imminente. Bien loin de là, les cinquante dernières années du Xe siècle, au témoignage des chroniqueurs contemporains, voient s'élever cent douze monastères et un grand nombre d'églises paroissiales. A celles qu'a citées M. Auber, nous ajouterons les suivantes: Saint-Vanne à Verdun.

Saint-Magloire à Paris.

Saint-Michel à Tonnerre.

Saint-Paul à Verdun.

Saint-Pierre à Melun.

Saint-André à Vienne.

Saint-Étienne à Beauvais (997).
Saint-Pierre à Beauvais (991).

Les églises de Bray-sur-Seine, de Saint-Sever en Béarn, de Morienval en Valois (997), etc.

La Belgique vit s'élever, pendant le Xe siècle, un plus grand nombre d'églises remarquables que dans les siècles précédents. Éracle, évêque de Liège, construisit sept églises dans sa ville épiscopale; son successeur, le célèbre Notger, en bâtit encore un plus grand nombre; il commença en 988 la cathédrale de Saint Lambert, dont les chroniqueurs contemporains exaltent la magnificence.

Nous croyons donc, comme notre savant confrère, que la renaissance artistique qui se manifesta dès le commencement du XIe siècle, est due, non pas à l'évanouissement subit d'une crainte chimérique, mais à l'apaisement des querelles politiques, à la conversion des peuplades envahissantes,

TOME V.

19

au désir de réparer les immenses ruines du passé et de rendre une sainte hospitalité aux nombreuses reliques que la crainte des Normands avait fait disperser.

CARACTÈRES GÉNÉRAUX. - L'architecture, comme la vie sociale d'alors, resta à l'état de formation. Elle subit la double influence du génie oriental et du goût italien, par l'entremise des artistes de Byzance, de Damas, de Rome, de Ravenne, qui furent attirés chez nous par les sollicitations de nos rois. Il y eut donc dès lors une espèce de fusion entre le style purement classique et une aspiration encore vague vers une forme plus chrétienne. Mais cette tendance d'émancipation ne se fit guères sentir que sur les bords du Rhin et dans le midi de la France; elle n'eut que peu d'accès dans les contrées occupées par les Normands et les Sarrasins. L'adoption d'un dôme dans les églises d'Aix-la-Chapelle (fig. 1) et de Nimègue, sont les traces les plus évidentes qu'a laissées à cette époque l'influence byzantine. Les caractères généraux de l'architecture restèrent donc à peu près les mêmes que sous la dynastie mérovingienne, et nous n'aurons que peu de chose à ajouter à ce que nous avons dit dans le premier chapitre de ce Précis.

[graphic]
[ocr errors]

1.

APPAREIL. Il est le même qu'à l'époque précédente. Au Xe siècle, le petit appareil devient plus rare; on emploie souvent des pierres calcaires beaucoup plus longues que larges. Dans les petites églises rurales, les murs sont construits avec des moellons taillés en cubes et noyés dans le mortier. Dans le midi de la France, le grand appareil commence à être employé. Des chaînes horizontales de briques simulent des assises régulières; leur emploi est combiné de ma

nière à produire des dessins symétriques qui tranchent de couleur sur l'obscurité des murailles.

CORNICHES ET MODILLONS. - Tantôt les corniches ne sont que de larges bandeaux décorés de moulures ondulées ou de ciselures taillées en losanges; tantôt, comme à Marmoutiers (fig. 2, 3, 4, 5), elles se garnissent de modillons saillants où

2.

3.

4.

5.

sont sculptés des dessins géométriques, des animaux et des têtes grimaçantes.

PORCHES. -La charpente des porches, appuyée sur les murs de la façade principale, était soutenue par deux rangées de colonnes; ils étaient pourvus de deux fontaines destinées aux ablutions des fidèles qui entraient dans le temple. Le fonds était décoré de peintures et de mosaïques comme dans les basiliques italiennes. C'est là qu'on enterrait les Évêques et les prêtres et qu'on exposait les reliques à la vénération des fidèles. Les Capitulaires de Charlemagne, les Conciles de Tours et d'Arles défendirent de s'assembler dans les porches pour y traiter d'affaires profanes.

Les portes étaient carrées; leur linteau reposait sur des pieds droits.

FENÊTRES. L'abside, qui antérieurement n'était percée d'aucun jour, commence à se garnir d'étroites fenêtres. Leur baie n'est point encore divisée en deux compartiments par un meneau central. On en peut néanmoins citer un exemple à Germigny-des-Prés (Loiret). L'unique décoration des fenêtres consiste ordinairement dans l'appareil de l'arc qui

les couronne ou dans les claveaux en pierres de diverses couleurs qui simulent une espèce de mosaïque.

[ocr errors]

TOURS. La plus importante innovation de l'architecture carlovingienne fut l'érection de tours, soit aux deux angles du portail occidental, soit au centre du transsept; les cloches dont on se servait antérieurement n'étaient pas d'assez grande dimension pour nécessiter l'usage des clochers. Nous sommes disposé à croire que dans le Nord, les tours furent d'abord quadrangulaires, puis rondes, tandis que dans le Midi, la forme circulaire précéda la forme carrée : elles sont peu élevées et percées de plusieurs rangs de fenêtres sans ornements et quelquefois géminées, c'est-à-dire réunies deux à deux. Leur toit a tantôt deux égoûts et tantôt quatre pans qui ont l'aspect d'une pyramide écrasée. La tour fut quelquefois un monument entièrement séparé de l'église: on éludait ainsi la difficulté de l'asseoir solidement sur les arcs que supportent les quatre piliers du transsept.

COLONNES. Les antiques proportions de la colonne ne furent plus observées. Elles sont tantôt plus longues et tantôt plus raccourcies que les modèles invariables de l'antiquité. Leur base (fig. 6 et 8) repose sur un socle carré, surmonté de diverses moulures qui sont des imitations plus ou moins fi

[graphic][merged small][merged small][merged small]

dèles de l'antique. On y sculpta parfois des têtes de monstre écrasées sous la pesanteur du fût (fig. 7). Les chapiteaux sur

lesquels reposent immédiatement les arceaux des voûtes, ne sont plus toujours, comme aux siècles précédents, de lourdes imitations de l'ionique et du corynthien; ils tapissent leur corbeille de plantes aquatiques et de grossiers linéaments; ils sont même parfois remplacés par un simple ressaut ou par un bourrelet, et même entièrement supprimés. Dans les régions septentrionales, les piliers carrés ou octogones sont beaucoup plus en usage que les colonnes cylindriques. A Saint-Laurent de Beaucaire, sur la route de Beaucaire à Nîmes, les deux gros piliers du sanctuaire ne sont autre chose que deux bornes milliaires romaines qui ont conservé leurs inscriptions.

ARCADES. Les arcades que l'Art chrétien emprunta aux derniers temps de l'architecture romaine sont tantôt surhaussées et tantôt surbaissées (fig. 9). Dans le centre et dans le midi de la France, on trouve déjà des arcades en fer à

[blocks in formation]

cheval (fig. 10), c'est-à-dire quelque peu prolongées au-dessous du diamètre par la continuation de la circonférence. VOUTES. La facilité avec laquelle les Normands incendièrent un si grand nombre d'églises, prouverait à elle seule que les vaisseaux étaient simplement plafonnés, quand bien même les textes des annalistes n'auraient pas constaté que les grandes nefs étaient encore dépourvues de voûte sous les derniers carlovingiens. Les architectes se bornaient à voûter

« PoprzedniaDalej »