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COSMOLOGIE

CHAPITRE XXXII

DES CARACTÈRES ESSENTIELS DU MONDE
ET DE SA DISTINCTION D'AVEC DIEU.
DU PANTHÉISME

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EXAMEN

559. Place de ce traité. Après avoir traité de l'être en général, dans l'ontologie ou métaphysique générale, nous abordons la métaphysique spéciale, qui traite des différents ordres d'êtres. Ils se ramènent à trois : la nature ou le monde, l'âme humaine et Dieu. D'où la cosmologie, la psychologie et la théodicée. Nous commencerons par la cosmologie ou philosophie de la nature; car l'attention. de l'homme se porte d'abord sur les objets sensibles. Il arrive ensuite à se connaître lui-même dans ce qu'il a de meilleur et de plus intime, dans son âme, qui est l'image de Dieu.

560. Le monde. Sciences qui s'en occupent. La cosmologie est donc la science philosophique du monde (1).

(1) M. Nys préfère restreindre la cosmologie aux corps inanimés : << La cosmologie, dit-il, est l'étude philosophique du monde inorganique.» (Cosmologie, 1903).

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Le nom de monde, mundus en latin, cosmos en grec, été bien choisi. Il signifie, en effet, l'ordre, l'arrangement, la belle disposition des choses qui a changé le chaos primitif en cette demeure spacieuse et magnifique où passent les générations (1). Le monde fut créé en un moment ; mais Dieu paraît avoir employé bien des siècles à débrouiller les éléments confus et à les combiner pour en faire le séjour orné et le riche patrimoine de sa créature raisonnable : Perfecti sunt cæli et terra, et omnis ornatus eorum, dit la Genèse (2).

Une foule de sciences traitent de la nature; mais seule la cosmologie s'en occupe au point de vue philosophique : elle explique le monde par ses premières causes, elle cherche ses origines et sa dernière fin. Les principes sur lesquels elle s'appuie sont métaphysiques par eux elle féconde l'expérience et toutes les données positives qui lui sont fournies par les autres connaissances. On ne saurait donc la confondre même avec les plus générales d'entre elles la cosmographie, la cosmogonie, la géologie, etc.

La cosmographie décrit le monde, les astres et leurs révolutions; l'astronomie détermine les lois de tous ces grands mouvements: mais ces sciences s'arrêtent à l'état présent du monde ou du moins se bornent aux antécédents sensibles des choses. Ce n'est pas à elles de déterminer les premiers éléments des corps, la première origine et la dernière fin.

La cosmogonie s'attache à l'histoire de la formation du monde; elle décrit les temps qui s'écoulèrent avant l'ap

(1) « Mundus, ayant les deux sens d'ornement, bon arrangement et de monde, est la traduction du grec xócμos, qui a aussi ces deux sens. Dans xócμos, le sens d'orner, d'arranger est le premier, et celui du monde est secondaire, dû, suivant Plutarque, aux pythagoriciens, qui considéraient le monde comme un arrangement. La même idée a déterminé l'emploi latin de mundus; au sens de monde, il se trouve dès Ennius et Plaute. » (Littré, Dictionn. V° Monde).

(2) Cf. S. Th. Summa theol. Ia, q. 70.

parition de l'homme : mais elle sortirait de son domaine, si elle traitait de la création, ou si elle affirmait l'éternité de la matière et agitait d'autres questions de pure métaphysique.

La géologie décrit la formation du globe et l'état de ses diverses couches; mais elle ne tranche par elle-même aucune question philosophique. Il en est de même de l'histoire naturelle, de la biologie, de la physiologie; car elles n'atteignent que les formes et autres manifestations de la vie. Seule, la philosophie peut traiter de la vie en elle-même ; les substances, les natures, les premiers principes lui appartiennent. Et il serait particulièrement injuste que certains savants, après avoir regardé comme chimérique l'objet même de la métaphysique, prétendissent le découvrir et le définir, sans sortir des sciences physiques et naturelles dont ils sont les interprètes.

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561. Division de la cosmologie. La cosmologie se divise en trois parties. Dans la première, nous traiterons du monde en général (ses caractères, son origine, sa fin, ses lois); dans la seconde, des corps inorganiques (leurs premiers principes et leurs principaux accidents : quantité, qualité); dans la troisième, des corps vivants (vie en général: vie végétale et animale). Nous procéderons ainsi du général au particulier, du moins au plus composé. Nous ne dirons rien de l'existence même du monde corporel niée par les idéalistes: nous l'avons établie en réfutant le scepticisme et l'idéalisme (chap. xI et XII).

Au sujet du monde en général, nous étudierons d'abord ses caractères essentiels, ceux qui empêchent de le confondre avec Dieu; ensuite son origine ou la création et sa fin dernière, ses lois générales, avec la possibilité du miracle et celle de l'évolution. De là des chapitres importants. Voici la thèse qui résume le premier :

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THÈSE. Le monde est composé — muable — fini contingent -et essentiellement dépendant. Il est donc

absurde de supposer, avec les panthéistes, qu'il a même être, même nature, même substance que Dieu.

562. - Le monde est composé. Il l'est de plusieurs manières, disons même de toutes: 1o Il est composé comme être ; car son essence n'est pas son existence, c'est-à-dire qu'il ne lui est pas essentiel d'exister : il existe, mais il pourrait ne pas être, et l'on conçoit parfaitement que chacune de ses parties et que toutes ensemble n'aient jamais été.

2o Il est composé ensuite dans son essence; car il résulte de matière et de forme: chacune de ses parties est altérable, corruptible, sujette à des transformations profondes; en particulier, les êtres vivants sont engendrés, périssables, mortels.

3o A plus forte raison le monde est-il composé accidentellement, c'est-à-dire fait de substance et d'accident, comme le prouvent toutes les transformations accidentelles, toutes les modifications sans fin qui affectent les corps. En ce qui concerne la quantité, elle est divisible indéfiniment, et avec elle se multiplient les parties du monde, sans qu'on puisse assigner la limite de cette multiplication. D'ailleurs, sans recourir à d'autres divisions possibles, le nombre des individus dont se compose le monde est incalculable. Qui comptera jamais les plantes, les animaux, les hommes, les étoiles du ciel, les grains de sable du désert? Et cette composition numérique, toujours instable, puisque les individualités corporelles ne font que passer sur la scène, ajoute encore aux compositions pré cédentes; elle fait du monde et de toute la nature quelque chose d'infiniment complexe, qui se décompose, se divise se subdivise toujours, de quelque côté qu'on le considère, et aussi loin que peut se porter l'imagination.

563. Le monde est muable, changeant. - Changer, c'est se transformer, c'est passer d'une forme à l'autre, d'un état à un autre état, c'est perdre ou acquérir quelque perfec

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