CAPUCINS (montée des), commençant à celle de St-Barthélemi et aboutissant à la rue de Montauban. Au plan de 1540, elle est nommée rue Confort, et une porte sous la même dénomination est figurée à son issue. Ce ne fut qu'en s'y établissant dans la suite que les Capucins lui donnèrent leur nom. La maison dont ces religieux formèrent la leur, appartenait aux Gadaigne, et c'était là que les Florentins établis à Lyon allaient, au quatorzième siècle, tenir des assemblées, pour conserver une ombre de liberté, et se faire regarder dans cette ville comme une nation indépendante. Elle fut achetée, en 1574, par l'entremise du P. Jérôme de Milan, religieux de cet ordre, grand prédicateur, et par les libéralités de plusieurs de ces mêmes Florentins qui contribuèrent à la fondation et à l'agrandissement du nouveau monastère. Depuis la révolution, l'église a été démolie; et le couvent, vendu nationalement, sert aujourd'hui d'habitation à un grand nombre d'ouvriers en soie. Si nous comparons maintenant les rues de la Cage et des Capucins, à ce qu'elles ont été, nous y trouverons un exemple frappant des changemens que le temps apporte insensiblement à la valeur des immeubles de cette ville, et par conséquent au choix à faire dans le placement des capitaux. La construction des maisons de la montée des Capucins, les ornemens extérieurs et intérieurs qu'on y voit encore, dénotent que ce quartier était, il y a deux siècles, le séjour des citoyens les plus riches et les plus qualifiés de la ville; aujourd'hui il est habité par la classe la plus pauvre, et c'est un de ceux où les locations sont au plus bas prix et d'une perception plus incertaine. La rue de la Cage offre un exemple contraire; les démolitions déjà opérées pour l'ouverture du quai du duc de Bordeaux assurent aux propriétaires de cette rue plus d'un tiers de valeur en sus, et cette hausse ne peut que s'accroître après l'achèvement du quai. Quant à la grande rue des Capucins, ouverte depuis peu d'années et située au centre du commerce, elle offre, en ce moment, un capital immense, et les loyers y semblent portés à leur plus haute valeur, quoique les maisons y manquent généralement d'eau. Cependant cette valeur pourrait augmenter encore par l'exécution du projet d'une machine hydraulique qui, élevant les eaux du Rhône à la Croix-Rousse, les distribuerait d'abord dans tout le quartier neuf des Capucins et ensuite dans le reste de la ville. CARMELITES (Côte des ), commençant à la rue St.Marcel et se terminant à l'embranchement des rues Tourret et des Chartreux. On la trouve au plan de 1540, sous la dénomination de côte St-Vincent. Lorsqu'ensuite des religieuses carmélites s'y furent établies, elles lui donnèrent leur nom. On voit dans cette rue l'ancien monastère des religieuses de l'Annonciade, vulgairement appelées Bleues-Célestes, à cause de la couleur de l'habit qu'elles portaient. Les religieuses de l'Annonciade vinrent à Lyon, en 1624, et se fixèrent d'abord dans le quartier de Bellecour; mais, en 1639, Gabrielle de Gadaigne, veuve de Jacques Mitte de Chevrières, marquis de St-Chamond, leur donna l'emplacement sur lequel elles firent bâtir, à la côte des Carmélites, une église assez singulière par sa grande élévation au-dessus de la rue. Cette église a été restaurée, dans ces derniers temps, avec une parcimonie qui annonce le peu de ressources dont l'établissement qui la possède avait à disposer: cependant sa décoration intérieure est décente et manque seulement de noblesse. Sa façade, qui n'a rien de remarquable sous le rapport de l'art, et qui est même d'un vieux style, produit néanmoins un effet très-pittoresque, vue s'élançant au-dessus des touffes de verdure qui environnent la partie du jardin des plantes, qu'on appelle l'orangerie. A la révolution, les religieuses annonciades furent supprimées comme tous les ordres monastiques, et leur maison devint une caserne de vétérans. L'église fut momentanément convertie en un théâtre qui conserva le nom de Bleus-Célestes, et qui fut exploité, pendant quelque temps, par des jeunes gens de Lyon, formés en troupe de comédiens, et dont plusieurs ont fini par suivre cette carrière. Les mêmes causes qui avaient provoqué l'établissement des théâtres de la gaîté et des jeunes artistes dont nous avons parlé à propos du quartier des Célestins et qui en amenèrent ensuite la décadence, influèrent sur l'existence et sur la fin du théâtre des Bleus-Célestes. Le bâtiment et l'église sont actuellement occupés par la congrégation des sœurs de St-Charles, auxquelles ils ont été concédés gratuitement par décret du 3 février 1808. Ils avaient été réunis antérieurement à la dotation de la sénatorerie de Lyon, et n'en furent distraits que sur les pressantes sollicitations de M. Fay de Sathonay, alors maire de Lyon. Les sœurs de St-Charles, dont nous venons de parler, méritent que nous fassions une mention particulière de leur institut. Elles s'établirent à Lyon, en 1670, sous l'autorité de l'archevêque Camille de Neufville, qui en a été un des premiers bienfaiteurs, et furent ensuite confirmées par lettres patentes du du mois de mai 1680. Elles sont vouées à l'instruction gratuite des jeunes filles pauvres, comme les frères de l'école chrétienne le sont à l'instruction des garçons. Il existe dans chacune des douze paroisses de la ville une école dirigée par ces sœurs, qui forment leurs élèves à la connaissance de la religion et des devoirs qu'elle impose, et qui leur enseignent la lecture, l'écriture et la couture. Cette communauté jouit d'une existence légale, en vertu d'un décret antérieur à la restauration. Elle est dirigée par une supérieure générale, au choix de l'assemblée des sœurs, sous la surveillance du jury des petites écoles, dont M. le maire est prési dent né. Un peu au-dessus des Bleus-Célestes, existaient, il y a quelques années, la maison et l'église des religieuses carmélites, communauté fondée, en 1616, par Jacqueline de Harlay, femme de Charles de Neufville de Villeroi, seigneur d'Halincourt, gouverneur de Lyon et de la province. Elle acheta, pour ces religieuses, le tènement appelé de la Gella, et fit bâtir leur monastère qui était d'une construction noble. Par acte du 13 novembre 1659, le consulat donna son adhésion à leur établissement, qui avait été autorisé, sous le rapport ecclésiastique, par permission de l'archevêque, en date du 23 octobre précédent. En 1668, M. le maréchal de Villeroi leur fit élever une très-grande église, avec une chapelle destinée à la sépulture de sa famille. La façade de cette église fut construite, à grands frais, en 1682, sur les dessins de François Dorbay, qui y avait prodigué tout le luxe du goût, assez peu estimé de nos jours, des écoles de son temps. L'église des Carmélites était surtout remarquable par la solidité de sa construction, la beauté de son appareil et l'habileté avec laquelle les sculpteurs employés à sa décoration intérieure avaient traité les ornemens architectoniques. C'est une chose digne de remarque que la rapidité avec laquelle s'est élevé ce nouveau quartier. Celui qui n'aurait pas vu, depuis quelques années, l'ancien emplacement des Carmélites, serait certainement embarrassé de s'y retrouver; et, s'il envisageait sous un autre rapport que celui de l'art les travaux dont nous parlons, il ne saurait se refuser à y reconnaitre le mérite de l'utilité, puisqu'ils ont pour résultat définitif de rendre plus faciles les communications du bas avec le haut de la ville. Toutefois il pourrait encore regretter l'effet que produisait l'ancien édifice des Carmélites. couronnant si bien par ses magnifiques ombrages et son architecture imposante ce beau coteau qui est aujourd'hui écrasé sous un amas informe de maisons disparates, et dont quelques-unes sont, en partie, bâties en pisé. Ce n'est qu'en 1822 que s'est opérée la démolition de l'église des Carmélites, et déjà toute une rue, celle qui porte le nom de Tholozan et dont nous parlerons à son tour, semble être sortie des ruines de cet édifice. Les restes des Villeroi, qu'on retrouva dans les fouilles, en furent alors religieusement extraits, et transportés, par ordre de M. le maire, dans l'église des Chartreux, aujourd'hui St-Bruno, sous l'assistance de M. le curé et du clergé de cette paroisse. CARMES (place des), aboutissant de la place des |