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toutes sortes de jeux et de plaisanteries bacchiques et galantes; par exemple, avant d'envoyer la coupe à sa maîtresse, on écrivait parfois son nom sur la table avec du vin, comme nous l'apprend Ovide, De Arte am. , lib. 1:

`Blanditiasque leves tenui præscribere vino;

Ut dominam in mensa se legat illa tuam.

D'autres fois on imposait la loi de boire, non pas autant de coups, mais autant de cyathes (1) qu'il y avait de

(1) On ne courait pas le risque de s'enivrer si le nom était court, et qu'on s'en tînt là, car le cyathe était la plus petite mesure dont on se servît à table: il n'excédait pas nos petits verres à liqueur. On verra dans le tableau suivant de toutes les mesures de capacité (pour les liquides) en usage chez les Romains et comparées aux nôtres, quelle était la contenance du cyathe:

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L'AMPHORA.

L'URNA.

Le MODIUS.

Le SEMODIUS.

Le CONGIUS.

litr.

26,4

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Le cyathe équivalait donc à 458 dix-millièmes du litre. Les Romains avaient des tasses ou coupes de grandeurs inégales, mais toujours proportionnées au nombre de cyathes qui pouvaient y entrer. Voici l'ordre progressif de ces coupes: Les petites : Les moyennes : cyat. Les grandes : L'UNCIA Contenant. 1 Le QUINCUNX.. 5 Le DODRANS.

cyat.

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cyat.

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Il paraît donc que pour certaines santés dont le nombre de cyathes était déterminé, on prenait des coupes de grandeur à contenir ce nombre de cyathes. Nous en trouvons la

lettres dans le nom de telle ou telle personne. C'est ce qui est prouvé par Martial, quand il dit :

Nævia sex cyathis, septem Justina bibatur;

Quinque Lycas; Lyde quatuor; Ida tribus;
Omnis ab infuso numeretur amica Faler no.

er

Cette épigramme est la 72° du liv. 1o, et l'on trouve encore dans la 51° du liv. viii, un vers qui a rapport à cet usage:

Det numerum cyathis instantis littera Rufi.

On suivait aussi le même usage pour porter des santés, même celles des personnes absentes. Ainsi, la santé de l'empereur, qui était devenue presque de rigueur, était marquée par six cyathes, CÆSAR; celle de GERMA➡ NICES, par dix, etc.

Horace, dans son Ode 4o du liv. iv, nous a transmis les vœux que l'on faisait pour Auguste, même dans les repas particuliers :

Hinc ad vina redit lætus, et alteris
Te mensis adhibet Deum.

Te multâ prece, te prosequitur mero
Defuso pateris, et Laribus tuum
Miscet nomen; uti Græcia Castoris,
Et magni memor Herculis.

preuve dans АTHÉNÉE : Il introduit un personnage qui se fait verser dix cyathes dans une seule coupe, et le fait parler ainsi : « Echanson, apporte une grande coupe, verses-y les

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cyathes qui se boivent à ceux qu'on aime: 4 pour les personnes qui sont ici à table; 3 pour l'amour; ajoute en& core 1 cyathe pour la victoire du roi Antigonus. Holà! <<< encore pour le jeune Démétrius son fils; verse présen«tement le 10e en l'honneur de l'aimable Vénus. » Il est certain que ces dix cyathes ont été versés dans une seule tasse, pour être bus d'un seul coup.

Longas, ô utinam, dux bone, ferias
Præstes Hesperia! dicimus integro
Sicci manè die, dicimus uvidi, (1)
Cùm sol Oceano subest.

Voltaire a ainsi traduit ce passage:

« Sois le dieu des festius, le dieu de l'alégresse:
Que nos tables soient tes autels;

Préside à nos jeux solennels,

Comme Hercule aux jeux de la Grèce!

Seul tu fais les beaux jours; que tes jours soient sans fin!
C'est ce que nous disous en revoyant l'aurore,

Ce qu'en nos douces nuits nous redisons encore

Eutre les bras du dieu du vin. »

Puis le traducteur ajoute : « On ne peut, ce me semble, faire entendre plus expressément ce que << nous entendons par ces mots : Nous avons bu à la « santé de votre majesté. »

Horace nous dit encore, Ode 13, liv. IV :

Nosque et profestis lucibus et sacris,

Inter jocosi munera Liberi,

Cum prole, matronisque nostris
Ritè Deos prius apprecati,

Virtute functos more patrum duces
Lydis remisto carmine tibiis

Trojamque, et Anchisen et almæ
Progeniem Veneris cauemus.

Ces deux passages d'Horace étaient conformes à des décrets que la flatterie avait rendus lorsqu'Auguste prit les rênes du gouvernement. C'est après la bataille d'Actium qu'il fut réglé qu'on ferait des libations à Auguste, non solùm in conviviis publicis sed privatis

(1) Je n'ai pas la traduction d'Horace par Dacier sous les yeux; mais est-il vrai qu'il a traduit, comme le dit Voltaire, les mots sicci et uvidi par « dans nos prières du soir et du matin? »

quoque. Voy. DION, liv. 51, à la fin de l'année 724; et en 725, il fut de nouveau décrété Augustum düs immortalibus ex æquo in hymnis adscriptum fore. Non seulement les hymnes étaient chantées en musique, mais le son des instrumens accompagnait souvent les santés que l'on portait à table, et les éloges des grands hommes que l'on mêlait à ces santés. C'est ce que prouve encore ce passage de Varron (apud Nonium); in conviviis pueri modestè ut cantillarent carmina antiqua, in quibus erant laudes majorum et assa voce et cum tibicene. On chantait donc à la fin des repas et parfois on y donnait le spectacle de baladins, de funambules, etc., etc. (1).

(1) Passe encore, si l'on se fût toujours contenté de terminer les festins par ces jeux innocens; mais souvent le plaisir de voir couler le sang humain se mêlait à celui de la bonne chère. Tantôt des combats de gladiateurs jusqu'à mort, tantôt des supplices venaient récréer les convives. Voici un trait de ce dernier genre qui peint bien le caractère farouche et cruel de ces maitres du monde.

« L. Quinctius Flaminius (dit Tite-Live), avait invité à sa table une courtisane de Plaisance dont il était épris. Pendant le repas, entr'autres traits de jactance, il se vanta d'un grand nombre de malheureux qu'il détenait alors en prison pour leur faire bientôt couper la tête. A ces mots, la courtisane qui était près de lui, repartit en riant qu'elle n'avait jamais vu trancher la tête, et avoua qu'elle serait curieuse de jouir d'un tel spectacle. Aussitôt le consul, jaloux de lui prouver sa complaisance, envoie chercher un de ces prisonniers, et ordonne qu'on lui abatte la tête dans l'appartement même, près de la table; ce qui fut exécuté à l'instant. N'est-ce pas le comble de l'horreur, ajoute Tite-Live,

Quoique le Trimalcion de Pétrone soit la description d'un repas burlesque, le petit extrait suivant nous donnera une idée de la manière dont on terminait le festin par des vœux pour l'empereur et pour la santé des convives. Voici la traduction de ce passage; le narrateur est Encolpe, l'un des convives :

« Présumant une intention religieuse dans ces par«<fums prodigués avec tant d'appareil, chacun se lève «‹ à la fois, et nous prions les dieux de combler de féli«< cité l'empereur, père de la patrie. Après cet acte de «< religion...., deux jeunes esclaves, vêtus de longues << tuniques blanches, marchant d'un pas solennel, et << portant sur une table les images des dieux domes<«<tiques de Trimalcion, entrèrent dans la chambre, précédés d'un autre esclave vêtu comme eux, faisant << des libations et répétant à chaque pas : CERDON « FELICION, LUCRON, Dieux de l'industrie, du bon« heur et de la fortune, soyez-nous propices! » L'i«mage de Trimalcion figurait dans cette imposante «< cérémonie ; et comme chacun s'empressa de la baiser << respectueusement, nous ne pûmes nous en dispenser, « Ascylte et moi. Un vœu général pour le bonheur et << la santé de chaque convive termina cette cérémonie religieuse..... >>

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de voir un consul au milieu d'un festin, pour satisfaire au caprice d'une femme impure, immoler une victime humaine dont le sang rejaillit sur cette table qui vient d'être consacrée en l'honneur des Dieux par les voeux solennels qu'on leur adresse?» Combien d'autres traits d'une barbarie au moins aussi révoltante nous pourrions encore citer! (Voyez notre Traité complet du luxe et de la somptuosité des Romains dans leurs repas.)

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