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ont cherché dans leur raison la solution des hautes questions qui touchent aux destinées de l'humanité ; durant cinq siècles les plus grands esprits de l'antiquité ont été en travail : expérience décisive! L'observateur, dans ces travaux des sages, ne trouve qu'obscurité, confusion, incertitude; rien qui l'éclaire et l'instruise, sinon de l'infirmité de la raison et de l'impuissance de l'homme à s'élever par lui-même à la connaissance de son auteur et de sa propre nature.

Cependant, tandis que l'idolâtrie couvre de ses ténèbres la face de la terre, que le rationalisme des sages, sacerdotal ou philosophique, se résout dans un panthéisme mystérieux, ou vient aboutir à un vain scepticisme, un peuple, un seul peuple isolé dans un coin du monde suit une loi qui le conserve pur des égaremens du reste des hommes. Egalement en garde contre l'erreur grossière du vulgaire et contre les fausses lumières des habiles, ce peuple reconnaît l'unité de Dieu, sa providence, sa souveraine justice; il honore ce Dieu créateur et conservateur par un culte uniforme et saint. Ce spectacle frappe le philosophe; dès-lors il se propose d'examiner à fond ce peuple et le livre qui renferme son histoire et sa doctrine.

Pascal;

L'auteur a pris le même point de départ que il arrive au même résultat, qui est de constater l'impuissance naturelle de la raison livrée à elle-même dans la recherche de la vérité; de reconnaître les déréglemens de tous les peuples de la terre dans la pratique du culte et de la morale; de signaler l'antique existence d'un peuple préservé de cette dégradation universelle par ses lois et ses mœurs qui l'isolent du genre humain. De là, la nécessité impérieuse pour un ami de la vérité de tourner ses regards vers cette lueur solitaire qui brille

Preuves extérieures du Christianisme.

daique.

au sein des ténèbres dans lesquelles le reste du monde est enveloppé. Notre philosophe étudie donc le dogme et la morale de la loi mosaïque.

Ce n'est pas sans un sentiment d'étonnement qu'il §. Religion ju- considère d'abord ce personnage initié dans le secret de la création, qui raconte avec assurance et simplicité l'œuvre de Dieu, qui dit l'histoire du premier homme et de sa race s'étendant successivement sur la terre. Il s'attache au récit majestueux, naïf, animé de ce législateur obéissant à la parole de Celui qui est, et promulguant, dans le Décalogue, la loi fondamentale de la société humaine. Il est frappé de la sublimité du dogme juif touchant le grand Être et ses attributs. Il parcourt avec admiration les livres hébreux dans leurs enseignemens sur les perfections de Dieu, sur sa providence, sur les sentimens et les devoirs qu'elle impose à l'homme.

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y trouve la manifestation d'une justice sainte et vénérable dans ses récompenses et dans ses rigueurs. Puis venant à la morale du peuple singulier dont il étudie les origines, il reconnaît que les livres sacrés des Juifs ont embrassé, dans leur prévoyance, toutes les situations de la vie humaine pour toutes, ces livres ont tracé des préceptes ou des conseils empreints d'une profonde sagesse. Il n'est pas un sentiment du cœur, pas une haute pensée de l'esprit, pas un besoin de l'ame qui n'ait son expression dans ce tableau fidèle et complet des prospérités et des misères de l'homme. Mais un trait de lumière sorti des premières pages des livres qu'il examine a particulièrement frappé l'esprit du philosophe : c'est la révélation d'une grande infraction qui a fait déchoir la nature humaine de sa condition originelle; chute mystérieuse qui lui explique toutefois l'impénétrable énigme

de cette nature double, grande et misérable qui avait déconcerté sa raison. Dieu, en faisant l'homme, l'avait laissé dans la main de son propre conseil. (Eccli., xv, 14.) La créature a mal usé du libre arbitre : delà le déréglement de la volonté et l'origine du mal. Ces livres lui expliquent encore le nœud d'un autre mystère de la condition humaine, ce désir insatiable de bonheur qui nous tourmente, et que la nature créée est impuissante à satisfaire. Partout les livres juifs enseignent que ce vrai bien dont l'homme poursuit en vain la trompeuse image est dans l'innocence et la paix du cœur, dans l'union intime de l'ame à l'auteur de son être, dans l'observance de la loi divine. Des solutions aussi relevées sur les questions qui ont exercé l'intelligence des hommes étonnent notre philosophe, touchent son cœur, et le saisissent déjà de respect pour les livres qui les renferment.

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Mais ces livres parlent de signes surnaturels dont l'Être tout-puissant aurait frappé les sens du peuple juif pour manifester son intervention divine, pour sanctionner les commandemens qu'il promulguait, pour tenir en garde ce peuple séparé contre la corruption de l'idolatrie qui avait infecté tous les peuples. Telle dut être en effet la conduite de la sagesse suprême pour autoriser sa parole. Car l'excellence de la loi morale, toujours sujette à être contredite par l'inquiète mobilité de l'esprit humain, ne saurait toucher que les hautes intelligences; et le vulgaire des hommes devait - il rester sans preuves? Si ces signes surnaturels ont éclaté

'Signa faciam quæ nunquam visa sunt super terram nec in ullis gentibus, ut ceruat populus iste in cujus es medio..... (Exod., cap. XXXIV, U. 10.

sur la terre, la religion juive qu'ils ont confirmée est de Dieu. Or les miracles sont irrécusablement vrais si l'histoire qui les rapporte est sincère et authentique.

Notre philosophe s'enquiert donc avec soin de la sincérité des livres juifs et de leur authenticité. Moïse a-t-il voulu, a-t-il pu tromper? La nature et la multiplicité des actes que le chef des Hébreux opère à la clarté du soleil, devant tout un peuple appelé en témoignage de son récit, repoussent invinciblement l'une et l'autre de ces suppositions. Si Moïse est l'auteur du Pentateuque (et une tradition aussi ancienne que le livre même est constante sur ce point de fait), ce livre adressé aux contemporains est nécessairement sincère dans le récit qu'il expose.

Mais le livre, dans la suite des temps, n'aurait-il pu être altéré, corrompu, supposé? Doutes inadmissibles pour quiconque connaît les Juifs et leur histoire. Dépôt sacré de la religion, des lois, de la morale, des coutumes du peuple juif; rendu vivant dans son texte par des cérémonies commémoratives et pratiquées à tous les instans de la vie, le Pentateuque, à aucune époque, n'eût pu être altéré sans que le faussaire eût été démenti par tout un peuple.

Ainsi les livres juifs, archives sacrées des actes de la puissance divine, sont empreints au plus haut degré du double caractère de sincérité et d'authenticité qui commande à la fois le respect et la croyance. Dès-lors la Religion judaïque, déjà si grande et si belle aux yeux du philosophe, devient pour lui marquée du sceau divin. Il embrasse avec ardeur cet exemplaire de la vérité qu'il cherche.

Il s'attache alors à étudier l'histoire du peuple juif dans l'ensemble de ses livres. Il y voit une succession

d'événemens et de prodiges qui le frappent d'admiration et le confirment dans l'opinion qu'il s'est déjà faite que l'existence de ce peuple sur la terre et sa conservation sont l'objet d'une providence toute spéciale. Cette histoire, à ses yeux, est un tableau suivi où Dieu exécute et met à découvert les traits de la conduite mystérieuse de sa providence dans le gouvernement du monde.

Les signes surnaturels qui ont accompagné l'établissement de la Religion judaïque ne sont pas la seule preuve irréfragable de son institution divine. Elle possède une autre marque non moins frappante de l'intervention directe du souverain Être : ce sont les prophéties.

On trouve établie dans l'antiquité la croyance universelle que la connaissance de l'avenir est l'un des attributs de la Divinité, que Dieu peut la communiquer à l'homme, et qu'il en a doué en effet quelques personnages privilégiés : les oracles et les prophéties font partie de la religion de tous les peuples. Comme l'a dit celui des philosophes qui a sondé le plus à fond le fort et le faible de l'esprit humain : « Il y a eu de très-grandes <«< choses véritables qui ont été crues à ce titre par de

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grands hommes; et cette impression a été cause que << presque tout le monde s'est rendu capable de croire « aussi les fausses. » On peut ajouter que les hommes naturellement curieux, ignorans, craintifs, impatiens dans leurs besoins et dans leurs peines, ont dû se plier partout avec une facilité extrême à une croyance qui avait des racines dans leurs passions et dans leur faiblesse. Mais ici les choses fausses sont une imitation de la vérité, et celle-ci a des caractères qui ne permettent pas à des yeux attentifs de la confondre avec

Pascal.

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