Obrazy na stronie
PDF
ePub

dispositions du cœur étaient les véritables titres à l'exercice du saint ministère. Dans le culte chrétien, tout Fidèle, membre de Jésus-Christ, peut devenir prêtre du Dieu vivant ; et tout prêtre arriver aux dignités les plus élevées du sacerdoce. Sous la loi de grâce et d'amour, le zèle, la science et la vertu devaient être les seules conditions requises pour corriger, instruire et sanctifier les hommes.

Selon l'institution du culte catholique, le prêtre dégagé des affaires et des sollicitudes du siècle, voué à la virginité des sens qui maintient la pureté du cœur et la vigueur de l'esprit, est consacré dans toutes les facultés de son être au service de Dieu et des hommes. Ministre du culte de Dieu dans la célébration du sacrifice, il est vis-à-vis des hommes l'instigateur de la vertu par les sacremens qu'il administre, et le propagateur de la vérité par la transmission de l'enseignement.

Considérez à l'œuvre le prêtre chrétien, non pas dans ces hommes d'élite de la Providence : Vincent de Paul ou François de Sales: regardez plus bas, dirigez vos yeux vers la terre ; le simple pasteur du village, s'il est fidèle à sa vocation, est un sage près duquel pâlit et s'efface toute la sagesse antique. Pourquoi, direz-vous?-Parce qu'il fait le bien partout où il passe, parce qu'il le fait chaque jour, parce qu'il le fait sans éclat, parce qu'il le fait, je ne dirai pas sans orgueil, mais dans la pensée qu'il est redevable envers les hommes lorsqu'il a épuisé pour eux toutes les ressources de la charité.

Mais c'est dans la mission de conserver le dépôt de la vérité et de la propager parmi les hommes qu'il faut admirer surtout l'économie du sacerdoce, la constitu

tion de l'Eglise. Depuis celui qui est le premier, parce qu'il tient la maitresse branche qui influe sur le tout (PASCAL), jusqu'au plus humble pasteur; l'autorité de l'enseignement distribuée selon la hiérarchie se ramifie partout pour arriver à toutes les intelligences. Afin de perpétuer la tradition dans son exactitude et l'enseignement dans sa pureté, il fallait une autorité permanente, visible et souveraine. « Il faut une autorité qui arrête << nos éternelles contradictions, qui détermine nos in«< certitudes, condamne nos erreurs et nos ignorances: << autrement la présomption et l'esprit de contradiction << ne laisseront rien d'entier parmi les hommes1. » Douze siècles avant le dernier des Pères de l'Eglise, Saint Augustin avait dit : « Ou la providence de Dieu ne préside pas aux choses humaines, alors il est inutile << de s'occuper de la Religion; ou elle y préside, et <«< alors il ne faut pas désespérer que Dieu n'ait établi <«<lui-même une autorité qui nous soit un chemin sûr «< pour nous élever jusqu'à lui 2. » Comment la vérité a-t-elle subsisté en effet? Pascal vous répond : « Ou << elle a été sans contestation; ou si elle a été contes«tée, il y a eu le pape, et sinon il y a eu l'Eglise 3. » La vérité a donc subsisté dans l'unité de l'Eglise. Et cette unité, à son tour, dont nul ne s'est séparé sans se perdre, s'est maintenue ferme à toute épreuve en traversant la succession des âges. Et comment? Par l'infaillibilité renfermée dans cette promesse : Voilà que je suis avec vous tous les jours jusqu'à la consommation

[ocr errors]

Bossuet. Pensées chrétiennes et morales, no 14.

2 De l'utilité de croire.

3 Pascal, chap. Ix, pensée 11.

S. Caractères généraux du

des siècles. Et cette promesse (remarquez bien ceci), qui fut pour les premiers Chrétiens un article de foi, se trouve aujourd'hui vérifiée sous vos yeux par l'uniformité constante de doctrine maintenue pendant dix-huit siècles!

Considérez la conduite de la Providence. Dans tous les temps elle a fait luire la vérité sur la terre comme un phare plus ou moins apparent, selon les desseins mystérieux de sa sagesse. Les oracles de Dieu et ses prophètes sont les canaux de la vérité jusqu'à l'avènement du Christ. Une fois que la vérité elle-même s'est mise en communication directe avec les hommes, ces moyens préliminaires de la Providence, les prophéties et les oracles, ont dû cesser : l'oracle de la vérité éternelle subsiste désormais dans l'autorité de l'Eglise.

Après avoir montré la grandeur et la perfection du Christianisme. Christianisme dans son dogme, dans sa morale et dans son culte, l'Apologiste expose divers caractères qui lui sont propres, et qui, en témoignant de son excellence, marquent encore sa vérité. Ces caractères peuvent se résumer dans trois propositions: le Christianisme est une source de lumière; il place l'homme et la société dans la voie du bonheur; la Religion chrétienne, convenable à l'universalité des peuples, a pour elle la perpétuité dans sa durée. Donnons jour à ces vues générales qui couronnent le grand tableau dont nous avons tracé l'ébauche.

1o Le Christianisme est une source de lumière. On a dit avec vérité que si la morale fait les individus, c'est

Math., xxvIII, 20.

le dogme qui fait les peuples 1. La pensée sociale s'élabore sur le fond des croyances, et selon l'expression animée d'un écrivain moderne, les traditions d'un peuple forment son atmosphère. Or ce dogme d'où la société tire son individualité et sa vie propre : c'est sa religion qui le lui donne. Ecoutons maintenant M. de Montesquieu « Ce n'est pas assez pour une religion « d'établir un dogme, il faut encore qu'elle le dirige. « C'est ce qu'a fait admirablement bien la religion «< chrétienne. Tout, jusqu'à la résurrection des corps, << nous mène à des idées spirituelles 2. » La spiritualité dans le dogme est donc le type du Christianisme; et c'est pour cela qu'il a formé la société la plus éclairée, la seule éclairée.

<«< Notre foi est hardie, a dit Bossuet; rien de plus « hardi que de croire un Dieu-homme et mort. » 3 Je me permettrai de suivre la pensée du grand évêque et j'ajouterai que si notre croyance était fausse, elle serait la plus absurde qui eût eu cours parmi les hommes ; le chrétien serait le plus insensé des sectaires. Et toutefois cette croyance étrange et hardie a été tenue ferme pendant dix-huit siècles par tout ce que l'humanité a produit de plus grand, de plus éclairé, de plus vertueux, de plus pur pour qui a réfléchi sur la nature de l'esprit humain et sur la nature de l'erreur, cela n'eût pas été possible si la croyance n'eût été vraie. Et comment une erreur monstrueuse eût-elle enfanté la lumière? Là seulement, je veux dire au fond

1 M. de Bonald. De la Chrétienté.

2 Esprit des Lois, liv. xxiv, chap. xix.

3 Pensées chrétiennes et morales, n° 16.

de cette croyance, se trouvent résolues d'une manière satisfaisante pour l'esprit et efficace pour la morale ces questions qui ont préoccupé le genre humain : ce que je suis, d'où je viens? où je vais ? C'est avec la solution chrétienne donnée à ces questions primordiales que la société européenne s'est constituée dans une mesure de bien-être, de force et de dignité sociale dont les nations privées de la lumière du Christianisme n'approchèrent jamais.

Bien plus nous pouvons soumettre notre croyance et ses résultats à une contre-épreuve. La vérité chrétienne languit-elle? s'affaiblit-elle? s'efface-t-elle? La solution des questions fondamentales pour l'humanité subit cette dégradation successive; elle devient incertaine, se fausse et s'efface. L'esprit humain arrive à l'incertitude de toute doctrine, aux ténèbres du scepticisme; la lumière s'éteint. L'expérience s'en est faite au grand jour; récuserons-nous notre propre histoire?

:

Au commencement du seizième siècle, un homme formule en principe cette proposition que la raison individuelle a le droit d'interpréter l'Ecriture d'après ses seules lumières; et cet homme ruine parmi ses sectateurs l'autorité de l'Eglise. Un autre dogmatise à son tour et fait prévaloir cette seconde proposition: que si la raison vient à s'aheurter contre un passage de l'Ecriture, le sens propre doit céder et se transformer en allégorie ; celui-ci ruine l'autorité de l'Ecriture. Arrivent à la suite d'autres rationalistes qui déclarent nettement que tout dogme mystérieux et incompréhensible à la raison doit être banni de l'intelligence humaine comme irra

[blocks in formation]
« PoprzedniaDalej »