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les rites du culte chrétien, symboles énergiques de l'union de l'ame à Dieu, sont en même temps des motifs touchans de lien et d'amour entre les hommes. Mais quelque vénérable que soit ce culte par ce caractère qui lui est propre; c'est particulièrement dans les rapports qu'il établit de l'homme à Dieu que nous devons considérer son excellence, parce que c'est là où nous trouvons une preuve nouvelle de la vérité de la Religion qui nous l'impose.

L'acte essentiel du culte est le sacrifice. Ainsi l'ont pratiqué tous les peuples de la terre. C'est une chose bien frappante sans doute que sans distinction de lieu, de temps, d'opinion ou de circonstances, l'homme social ait cru qu'il vivait sous la main d'une puissance supérieure qu'il fallait honorer par le sacrifice et fléchir par l'expiation! Le dogme du salut par le sang se retrouve dans tous les usages et dans toutes les traditions cérémonie que la raison n'indique point et que le sentiment repousse. D'autre part, les nations les plus célèbres et les plus éclairées ont été d'accord sur l'efficacité merveilleuse du sacrifice volontaire de l'innocence qui se dévoue elle-même à la Divinité comme une victime propitiatoire. Des erreurs, des superstitions sans nombre, des crimes déplorables, tels que les sacrifices humains, ont dégradé chez tous les peuples idolatres cette tradition universelle mais vous y retrouvez le fond primitif et vrai d'une doctrine aussi ancienne que l'humanité, qui est : la dégradation de l'homme, la nécessité d'une satisfaction et la réversibilité des mérites. Voilà, dans son type, le sacrifice du culte chrétien. Il est entré dans les incompréhensibles desseins de l'amour tout-puissant de perpétuer jusqu'à la fin du monde le sacrifice offert matérielle

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ment une seule fois pour le salut du genre humain. Sacrifice mystique et réel, acte lui-même et commémoration du grand acte; sacrifice conforme à l'état avancé de la société humaine et à l'adoration en esprit : acte sublime par lequel le Médiateur divin, à la fois pontife et victime, perpétue chaque jour et en tout lieu le grand œuvre du salut des hommes.

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La grandeur et la perfection du culte chrétien se montrent également dans la prière. Une religion qui pose en principe que la Providence de Dieu règle tout et que l'homme ne peut rien sans le secours de la gràce du Tout-Puissant; cette religion, pour conformer son opération à sa doctrine, devait établir une communication habituelle de l'homme à Dieu aussi la prière est-elle l'essence du culte chrétien. Lorsqu'elle est l'expression des besoins intimes de l'ame, ou qu'elle expose à Dieu ces misères secrètes dont elle implore la délivrance ou le remède, la prière est mystérieuse. Comme la pudeur, elle se couvre d'un voile; elle dérobe aux hommes ce qui n'est que pour le ciel. Mais lorsque le peuple réuni dans le temple fait éclater ses gémissemens ou ses actions de grâces par un concert général, il faut alors d'autres accens pour répondre à l'élan des ames. La prière emprunte les accens sublimes des anciens prophètes; leurs chants immortels comme l'esprit qui les dicta résonnent dans l'univers chrétien ; notre culte célèbre avec le prophète-roi les merveilles de la création ou les merveilles du Messie dans des chants inspirés pour lui mille ans avant son avénement sur la terre.

Les sacremens sont les signes extérieurs et sensibles d'un effet intérieur et spirituel que Dieu opère dans l'ame de l'homme. Laissons parler Goethe selon son

système religieux. « Ils sont, «Ils sont, dit-il, ce que la Religion << a de plus haut, parce qu'ils offrent les symboles vi«sibles de l'amour et des grâces extraordinaires de «< Dieu. Dans le culte catholique, un cercle de céré<< monies saintes, dont la beauté surpasse toute autre « beauté, unit étroitement, quelque éloignés qu'ils << soient l'un de l'autre, le berceau et la tombe du «< chrétien. » Considérez d'un regard élevé ces cérémonies du culte, vous y découvrirez les vues d'une admirable sagesse pour produire ou conserver dans l'être intelligent et moral la pureté du cœur qui est le titre de son excellence.

Parmi les sacremens, les uns impriment à l'homme un caractère indélébile et ne devaient pas être renouvelés; ceux qui ont été institués comme le remède à sa faiblesse et la source du secours divin sont sans cesse accessibles à l'ame chrétienne. Porté au bien par ses principes, entraîné vers le mal par ses penchans, l'homme flotte entre la vertu qui l'attire et le vice qui le séduit. Plus souvent faible que fort, il tombe; la Religion le relève. Elle a institué la pénitence pour fermer et guérir les plaies de son ame. Dans une religion d'amour qui ne demande au pécheur repentant que la conversion du cœur, il ne devait point y avoir de crime inexpiable. Il ne fallait pas non plus que l'espoir du pardon vînt à favoriser l'entraînement des passions ou la mollesse des mœurs. La Religion, dans sa sagesse, y a pourvu. « Quoiqu'elle donne des craintes et des es« pérances à tous, elle fait assez sentir que s'il n'y a << point de crime qui, par sa nature, soit inexpiable, << toute une vie peut l'être; qu'il serait très-dangereux << de tourmenter sans cesse la miséricorde par de nou«veaux crimes et de nouvelles expiations; qu'inquiets

«sur les anciennes dettes, jamais quittes envers le Sei<< gneur, nous devons craindre d'en contracter de nou« velles, de combler la mesure et d'aller jusqu'au << terme où la bonté paternelle finit. » C'est M. de Montesquieu qui rend ce témoignage à la sage discipline du culte chrétien 1. L'Eucharistie, communion du Fidèle au sacrifice, impose à l'ame qui s'unit au Dieu de sainteté, l'obligation d'être sainte elle-même. « Vous vous étonnez, dit un ancien philosophe, que << l'homme s'élève à Dieu; c'est Dieu lui-même qui vient << à l'homme; bien plus qui descend dans l'homme. Un <«< Dieu (quel est-il? je l'ignore), un Dieu habite au «fond du cœur de tout homme vertueux 2. » Plus d'un grand esprit de l'antiquité a eu, comme on le voit, le pressentiment de l'union intime de Dieu à sa créature, du mystère de l'amour infini; ce qu'un bel instinct de la philosophie faisait entrevoir à travers un nuage à quelques ames privilégiées, la Religion l'expose à découvert au plus vulgaire d'entre les chrétiens, dont le cœur est docile à la Foi.

Toutes les nations du monde ont honoré les morts par des hommages funèbres: protestation éclatante de l'humanité contre le néant. Mais partout cet autre instinct, aussi touchant que vrai, est flétri par le sentiment de son inutilité. Une inscription gravée sur un tombeau, un arbre planté près du monument, ailleurs une cérémonie commémorative du respect aux ancêtres : voilà tout ce qui reste entre les survivans et

Esprit des Lois, liv. XXIV, chap. XIII.

2 Miraris homines ad Deos ire? Deus ad homines venit; imo quod proprius est in homines venit. In unoquoque virorum bonorum (quis Deus, incertum est) habitat Deus. (Sen. Epist. XLI.)

ces morts qu'ils ont aimés! Le culte de l'espérance adresse à Dieu cette prière : Souvenez-vous, Seigneur, de ceux qui nous ont précédés avec le signe de la foi et qui dorment du sommeil de paix 1. C'est qu'au-dessus d'une cendre insensible que la terre recouvre, le culte chrétien nous rappelle une ame immortelle à soulager par la prière, ou un ami de Dieu qui intercède en notre faveur. Ainsi ce culte fonde une société éternelle et sainte qui embrasse l'humanité entière sur la terre et dans le ciel. Ainsi le lien de la charité, tissu par la Religion, s'étend au-delà du tombeau pour aboutir au sein de Dieu, source de lumière et d'amour.

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Tout culte suppose un sacerdoce; et ce n'est pas sans raison que le publiciste célèbre dont je me plais à reproduire ici le témoignage, a dit que les peuples qui n'ont point de prétres sont ordinairement barbares 2; car cet état de choses annonce ou l'oubli de la Divinité, ou la grossièreté du culte qui lui est offert. Dans les religions d'institution humaine, le sacerdoce est le privilège d'une caste ou l'attribut d'une dignité. Indépendamment de toute vue politique, les fondateurs de ces religions ont cru sans doute honorer la Divinité en déclarant le commun des hommes inhabile à communiquer avec elle. Nous voyons même que sous l'ancienne loi, le vrai Dieu, dans les desseins de sa providence sur son peuple, s'était consacré une famille réservée aux fonctions du sacrifice, aux soins du culte. Jésus-Christ, en choisissant ses Apôtres parmi les derniers et les plus petits, marquait par là que l'élection de sa grâce et les

Prières de la Messe. (Mémoire des Morts.)

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