Obrazy na stronie
PDF
ePub

terre: Allez et instruisez. Concluons avec l'Apologiste : (( l'Evangile nous montre Dieu tel qu'il est, tel que la << raison conçoit qu'il doit être, tel qu'il nous importe « que nous le trouvions aujourd'hui et à jamais! »

Les livres du Nouveau Testament répandent la même lumière sur la nature de l'homme. Nous leur devons la pleine connaissance de nous-mêmes. Oui, sans doute, d'après les seules lumières d'une droite raison, nous nous tenons pour assurés que cette portion de notre être n'est point matière, qui interroge le passé et scrute les profondeurs de l'avenir, qui appelle l'univers entier à son tribunal, écoute, délibère et décide! Mais si nous voulons pénétrer la nature de notre esprit, sonder cet attrait invincible qui nous porte vers le bien, et notre impuissance radicale à y arriver; alors notre raison s'éblouit. Quand l'un des plus beaux esprits de l'antiquité disait : Je vois le bien, je l'approuve, et j'accomplis le mal: 1 qu'était-ce que cette vue de sa raison? Une vue stérile et sans application morale, l'observation d'un phénomène inexplicable de la conscience 2. Vers le même temps, un autre moraliste écrivait aux Romains: Je n'approuve pas ce que je fais, parce que je ne fais pas le bien que je veux; mais je fais le mal que je hais 3. Le grand maître du Christianisme et le philosophe païen se rencontrent ; mais écoutez celui-là jusqu'au bout. « Lorsque je veux «< faire le bien, je trouve en moi une loi qui s'y oppose, « parce que le mal réside en moi. Que si je fais ce « que je ne veux pas, ce n'est plus moi qui le fais,

Video bona, proboque, deteriora sequor. (Ovid.)

2 Aliudque cupido, mens aliud suadet. (Le même.) 3 Rom., VII, 15.

«

I

mais c'est le péché qui habite en moi. Malheureux « homme que je suis, qui me délivrera de ce corps << de mort? Ce sera la grâce de Dieu par Jésus-Christ << notre Seigneur! » Quel sentiment profond dans la clairvoyance du chrétien! Comme il est pénétré de ce qu'il sait et de ce qu'il espère! C'est qu'il écrit ces éloquentes paroles sous l'inspiration de celui qui est la vérité et la sagesse!

La révélation judaïque avait déjà expliqué la mystérieuse énigme. Elle avait découvert la racine du mal en racontant la chute de l'homme; elle avait aussi montré le remède dans la promesse du Médiateur qui devait réparer la nature déchue. Toutefois ces hautes vérités, voilées sous les figures de l'Ancien Testament, faisaient peu d'impression sur le peuple Juif absorbé dans la contemplation et dans l'attente des biens temporels 2. Ce peuple était porté à ne sentir la misère de l'homme que sous le joug des Babyloniens, et à placer sa grandeur dans la domination, la richesse et la puissance. Mais les idées grossières qu'un peuple sensuel s'était formées de la condition de l'homme, d'après la sanction que Dieu avait donnée aux préceptes de la première alliance, sont pleinement rectifiées par l'Evangile. Tous les voiles de l'Ancien Testament sont levés par le livre de la loi nouvelle. C'est du fond du cœur de l'homme que l'Evangile fait jaillir sa misère et sa grandeur. Et avec quelle

1 Rom., VII, 20, 21, 23, 25.

2 Si ergo obedieritis mandatis meis quæ ego hodiè præcipio vobis ut diligatis Dominum Deum vestrum, et ambuletis in omnibus viis ejus, dabit pluviam terræ ut colligatis frumentum, et vinum, et oleum..... disperdet omnes gentes istas ante faciem vestram, et possidebitis eas, quæ majores et fortiores vobis sunt. (Deuter., x1, 13, 14, 23.)

est la même pour tous les hommes. Oui, mais les vérités abstraites dont vous parlez, n'engendrent aucune obligation morale. Pensez-y bien, et vous conviendrez que la science d'où découlent tous nos devoirs devait être placée hors de discussion pour demeurer certaine.

Ces mystères inaccessibles à l'esprit de l'homme sontils à son égard des dogmes purement spéculatifs dont la contemplation stérile n'a d'autre effet que d'humilier sa raison? L'incrédule, en tenant ce langage, montre sa témérité et son ignorance. Ces vérités, liées entre elles dans un plan suivi qui révèle une profonde sagesse, offrent à la méditation des convenances merveilleuses avec notre nature, des enseignemens sublimes à mettre en pratique. Un cœur droit y découvre l'œuvre d'une providence divine, qui, bien qu'incompréhensible dans ses voies, a tout disposé dans sa bonté pour éclairer et sanctifier les hommes.

La postérité d'Adam frappée de dégradation pour une faute personnelle au père des hommes est un mystère de rigueur et de justice que mon esprit ne conçoit pas. Mais si la transmission du péché originel déconcerte ma raison, les effets de cette dégradation n'en sont pas moins marqués dans toutes les facultés de mon être. Les misères et les contrariétés de la nature humaine avaient frappé les sages du Paganisme. Le plus habile des maîtres de la philosophie antique avait pressenti même qu'il fallait que la Divinité, la parole éternelle du Tout-Puissant descendît du ciel en terre pour instruire et redresser les hommes. Ainsi, le péché originel, ce mystère des mystères, cette clef de la voûte, dit l'Apologiste, est dans

'Platon, dans l'Alcibiade.

que

essence infinie. « Il faut en partie, dit Bossuet, que Dieu << descende à nous; c'est ce qu'il fait par la révélation. «< Il faut aussi que nous montions à lui ; c'est ce que nous « faisons par la foi. Sans cela nous n'aurions jamais de << société avec Dieu : cette bonté inestimable demeurerait «< comme resserrée en elle-même, et l'homme resterait << éternellement dans son indigence. » 1 Il serait étrange la raison de l'homme s'offusquât de ne point comprendre l'essence du souverain Être, tandis que l'œuvre du créateur, la nature sensible lui offre à chaque moment des mystères impénétrables! La Religion satisfait pleinement aux droits de la raison en l'appelant à scruter avec indépendance les motifs qu'elle a de se soumettre. Que celle-ci examine donc à fond les preuves d'une révélation divine; puis, si Dieu a parlé, son office est rempli, celui de la foi commence. Or, la clarté de la Religion est du côté des preuves qui sont le fondement de la foi; l'obscurité reste du côté des dogmes qui en sont l'objet : rien n'était mieux assorti à notre nature orgueilleuse, présomptueuse, inquiète.

Considérez en effet qu'il était nécessaire que les principes de la Religion fussent placés dans une région supérieure aux pensées humaines. Il le fallait pour que l'homme pût s'appuyer sur une autorité qui l'éclairât et le fixat dans sa croyance, une fois qu'il l'aurait embrassée, Imaginez une doctrine morale dont le principe nous soit maniable avec la mobilité de notre raison et l'inconstance de notre esprit, il n'y aurait ni croyance fixe, ni communauté de sentimens sur la terre. Il est pourtant, direz-vous, des vérités premières dont l'évidence

' Pensées chrétiennes et morales, no 1. Edit. de Vers., tom, xv,

[ocr errors]

est la même pour tous les hommes. Oui, mais les vérités abstraites dont vous parlez, n'engendrent aucune obligation morale. Pensez-y bien, et vous conviendrez que la science d'où découlent tous nos devoirs devait être placée hors de discussion pour demeurer certaine.

Ces mystères inaccessibles à l'esprit de l'homme sontils à son égard des dogmes purement spéculatifs dont la contemplation stérile n'a d'autre effet que d'humilier sa raison? L'incrédule, en tenant ce langage, montre sa témérité et son ignorance. Ces vérités, liées entre elles dans un plan suivi qui révèle une profonde sagesse, offrent à la méditation des convenances merveilleuses avec notre nature, des enseignemens sublimes à mettre en pratique. Un cœur droit y découvre l'œuvre d'une providence divine, qui, bien qu'incompréhensible dans ses voies, a tout disposé dans sa bonté pour éclairer et sanctifier les hommes.

La postérité d'Adam frappée de dégradation pour une faute personnelle au père des hommes est un mystère de rigueur et de justice que mon esprit ne conçoit pas. Mais si la transmission du péché originel déconcerte ma raison, les effets de cette dégradation n'en sont pas moins marqués dans toutes les facultés de mon être. Les misères et les contrariétés de la nature humaine avaient frappé les sages du Paganisme. Le plus habile des maîtres de la philosophie antique avait pressenti même qu'il fallait que la Divinité, la parole éternelle du Tout-Puissant descendît du ciel en terre pour instruire et redresser les hommes 1. Ainsi, le péché originel, ce mystère des mystères, cette clef de la voûte, dit l'Apologiste, est dans

' Platon, dans l'Alcibiade.

« PoprzedniaDalej »