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sement au sein de l'Eglise chrétienne la continuité du miracle subsistant sous nos yeux.

Les prophéties ont cessé. Le sceptre est sorti de Juda. La providence de Dieu a disposé successivement la scène du monde pour le grand événement qui doit en changer la face. La Judée, province romaine, est comme perdue dans cet empire universel qui réunit par un lien commun tous les peuples voie naturelle offerte à la propagation de la parole de vie. Voici venir alors celui qui va entretenir les hommes des secrets de Dieu en leur en parlant naturellement et sans en étre étonné, parce qu'il est né dans ce secret et dans cette gloire 1.

La divinité de Jésus-Christ reluit dans ses miracles, dans sa doctrine, dans sa vie toute céleste qui est elle-même le plus grand des prodiges.

Les instituteurs de l'humanité qui ont trouvé dans la supériorité de leur génie et dans la force de leur volonté la mission d'éclairer les hommes, de leur imposer des lois, de façonner leurs mœurs, ont tous et sans exception recueilli parmi les peuples déférence, autorité, respect, la plupart le commandement et la puissance. Moïse lui-même en serait un exemple. Jésus, qui, selon sa prédiction, devait attirer tout à lui, ́ a passé dans une obscurité telle que les historiens, qui n'écrivent que les choses importantes, l'ont à peine aperçu 2. C'est qu'en effet, dans le cours de cette vie, symbole en action de l'asservissement des sens à l'esprit, vous ne trouvez pas un sentiment, pas une pen

Bossuet. Disc. sur l'Hist. univ.

2 Pascal, chap. VII, art. 1, pensée 2.

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sée qui fasse allusion à ce qui dans tous les âges a préoccupé tous les hommes, je veux dire le train du monde et les affaires du siècle. Rome maîtresse de l'empire, la Grèce dépositaire de la science, le roi Hérode et sa famille cette figure du monde qui passe n'existe pas pour Jésus-Christ. Sa pensée est dirigée vers la vie future. Tel est aussi le type de sa doctrine et le fondement de sa morale. Ses paroles tendent toutes à la manifestation claire et jusqu'à lui obscurcie ou voilée de ce dogme sublime d'une autre vie, qui absout la Providence dans la conduite de ce monde.

En commençant sa vie publique, il a su et il a déclaré qu'il avait en face de lui la persécution, les outrages et la mort, non pas comme un péril à subir, mais comme un sacrifice à consommer. Il a poursuivi sa carrière dans cette vue et avec cette certitude. Quel être mu par des sentimens humains se fût proposé jamais une mort sanglante pour le terme de sa mission?

Il est le seul instituteur des hommes qui ait mis constamment l'exemple à côté du précepte, parce qu'étant la lumière et la vérité, il devait nous offrir à la fois l'enseignement et le modèle. Chacun des actes du Christ est un bienfait; et le plus souvent l'acte qu'il accomplit dans le temps est la signification mystérieuse d'une vertu divine qui, de même que la parole d'enseignement, doit étendre son influence à toute la suite des âges. Jésus, après avoir prié pendant la nuit sur la montagne, dit l'Evangéliste, descendit dans la campagne où il se vit entouré d'une multitude accourue du pays d'alentour. « Ce peuple venait pour l'entendre «< et pour être guéris de leurs langueurs. Et ceux qui << étaient tourmentés des esprits immondes étaient gué«ris. Et toute cette foule cherchait à le toucher,

parce qu'il sortait de lui une vertu qui les guérissait << tous 1. » Cette vertu efficace qui guérissait les langueurs du corps par la seule présence du Sauveur, et en chassait les mauvais esprits, n'était-elle pas la figure de cette autre vertu puissante et merveilleuse par laquelle l'ame qui s'approche de sa divinité trouve le remède aux langueurs qui l'accablent et se sent affranchie de ces mauvaises passions dont le joug ne peut être soulevé que par sa grâce?

En méditant la vie de Jésus-Christ, considérez à fond ces trois choses: Il a enseigné au monde que Dieu étant pur esprit doit étre adoré en esprit et en vérité; il a renfermé toute la morale dans le précepte de l'amour de Dieu et de l'amour des hommes; il a donné pour principale marque de sa mission que l'Evangile était annoncé aux pauvres 2. De même que le dévouement et les actes du Messie excèdent et surpassent les forces humaines, de telles vues étaient en dehors de la pensée de l'homme, elles n'ont pu être exprimées que par la sagesse éternelle.

Le mystère de miséricorde et de justice a été accompli sur le Calvaire tout a été consommé. L'édifice dont le fondement a été posé sur l'Ancien Testament va être achevé par le Nouveau. Le concours d'Israël au grand œuvre de la Religion cesse. Il ne reste plus au peuple Juif, meurtrier du Messie, qu'à subir les effets éclatans de la vengeance divine. L'ancienne loi est abolie. La réalité succède aux figures, et l'Eglise prend la place de la Synagogue. Nous arrivons avec

1 Luc, vi, 18, 19.

2 Jean, 1y, 24. Matli., xx11, 36, 37. Luc, vii, 22.

S. Etablissement de la reli

dans les esprits.

l'Apologiste à l'établissement de la religion chrétienne, de tous les événemens de l'histoire le plus grave et le plus frappant, de toutes les preuves de la Religion, sinon la plus solide, du moins la plus manifeste. Donnons jour à une réflexion.

Les faits préoccupent notre esprit d'autant plus forgion chrétienne. tement qu'ils sont plus nouveaux, et leur impression sur La Religion nous s'affaiblit en raison de leur éloignement, bien que d'une et d'autre part la certitude puisse être égale. Ces effets tiennent à l'infirmité naturelle de nos facultés que les choses extérieures passionnent et que le présent domine. Il arrive de là que les faits accomplis, lorsqu'ils sont séparés de nous par l'intervalle des âges, s'amoindrissent à nos yeux dans la proportion du temps écoulé : trompeuse disposition de notre ame que la réflexion tend à rectifier sans parvenir toutefois à restituer à ces faits anciens tout leur poids et toute leur valeur. Les faits de Socrate dont personne ne doute, a dit Rousseau, sont moins attestés que ceux de Jésus-Christ. Quelle eût dû être pour une raison épurée la conséquence à déduire de cette proposition vraie? La divinité et la vérité d'une religion qui produit en sa faveur des faits surnaturels dont la certitude est irrécusable. Mais il est un fait qui s'est passé sur un tout autre théâtre qu'un coin de la Judée, dont le retentissement s'est étendu au monde entier douze pêcheurs, douze hommes obscurs, sans crédit, sans puissance et sans lettres ont converti à leur doctrine les peuples de la terre les plus éclairés et les plus polis. Voilà le fait éclatant, incontesté, dont il nous faut peser les conséquences. — Cela s'est passé il y a dixhuit cents ans, direz-vous, et je n'y puis voir complètement clair. Oui, les siècles se sont écoulés entre les circonstances du fait et nous. Mais veuillez considérer

que l'éloignement ne jette ancune ombre sur ce grand événement, parce que les hommes qui y ont pris part, dissemblables à nous dans les mœurs, nous égalaient dans les facultés. Vivant au sein d'une civilisation avancée, comme nous ils avaient une raison subtile et savante; ils avaient au fond du cœur les mêmes penchans et les mêmes passions. Ce qui s'ouvrit un accès dans leurs ames eût également pénétré dans les nôtres. Qu'importe alors l'ancienneté du fait? Elle n'altère non plus sa gravité qu'elle ne diminue sa certitude. Franchissons donc en arrière le temps et l'espace. Plaçons-nous par la pensée en face des Apôtres, et jetons un regard philosophique sur leur dessein, leur œuvre et leur succès.

Quel fut leur dessein? Fléchir à leur doctrine les esprits et les cœurs de la génération contemporaine. Il leur fallait, pour y réussir, ruiner l'idolâtrie, lui substituer leur dogme et persuader leur morale. Que penser d'abord d'une telle entreprise?

Ruiner l'idolatrie? Mais ce culte était consacré par les lois et par les habitudes des peuples. Il avait pour lui la force publique et la puissance des mœurs. Sans doute ici la force eût été inhabile à défendre ce que les mœurs eussent abandonné. Mais quelle apparence que ce qui était si profondément ancré dans les mœurs sociales par l'ancienneté des coutumes, par l'exemple universeł, par les passions qu'exaltait un culte sensuel, par les intérêts enfin quelle apparence, dis-je, que tous ces liens vinssent à se briser simultanément à la voix de douze inconnus, fussent-ils les plus doctes et les plus éloquens des hommes? Quoi! c'est ce colosse de l'idolâtrie soutenu par le bras puissant de toutes les nations; c'est cet antique assemblage de grandeur et de vanités, de délices et de corruption que les Apôtres ont le dessein de renverser!

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