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CAND. O mesdemoiselles, que c'est beau! j'aurois bien voulu y être !

CHRIST. Rien, en effet, de plus consolant, que de voir une ame fidèle s'endormir tranquillement dans le baiser de son Dieu! c'est alors qu'on connoît tout le prix de la

vertu.

ADEL. Que les mondains ne sont-ils témoins d'un pareil spectacle! ils envieroient le sort d'une ame vertueuse, ils mépriseroient le monde et ses faux plaisirs.

CHRIST. Il n'en est aucun qui ne souhaite de mourir saintement; mais quand on leur parle de réforme, de ferveur, de mortification, de renoncement, de sacrifice, cela les effraie. Qu'arrive-t-il de là? On vit dans le relâchement, et l'on meurt dans l'impénitence: car il ne faut pas se flatter, on meurt comme on a vécu. Vivons de Dieu et pour Dieu, mes chères amies, et la mort ne fera que resserrer les nœuds qui nous unissent à lui.

ADEL. Puissé-je mourir comme M.lle Clotilde! A son exemple, je vais suivre mon divin Epoux, je n'aimerai que lui, je l'aimerai sans partage. Oserois-je vous prier, maman, de continuer la lecture? J'espère

toujours que mademoiselle Clotilde nous aura laissé quelques mots d'édification.

CHRIST. (achève la lecture.) « Ravie de joie, dans la possession de son Dieu, elle demeura le reste du jour tout absorbée en lui. Je respectai son recueillement; je croyois entendre l'Epcux, qui me disoit comme aux filles de Jérusalem: « Ne réveillez point ma Bien-aimée, laissez-la jouir, dans mon sein, du repos délicieux qu'elle y goûte. » Quelquefois pourtant elle s'écrioit dans un transport extatique : « O que je suis heureuse! ô mon amour ! que vous êtes doux! Je vais vous voir! ô vous l'unique objet de mes désirs! » Puis elle retomboit dans une douce ivresse. A dix heures du soir, elle m'appela, j'étois auprès de son lit: << Ma fille, dit-elle, le moment approche, je vais vous quitter pour aller à mon Dieu. Je quitte la terre sans regret, étant persuadée que vous demeurerez toujours fidèle à notre Seigneur. N'oubliez pas, dès que vous aurez reçu mes derniers soupirs, d'en instruire mes compagnes, dites-leur que je les laisse dans le cœur adorable de JésusChrist; qu'elles ne quittent jamais cet asile sacré, elles y puiseront avec le pur amour toutes les vertus. Que ma chère Adelaïde oublie toutes les créatures; qu'elle écoute et obéisse à mademoiselle Christine: elle lui suffit et l'aidera à suivre les desseins de son unique Epoux. Je prie mademoiselle Christine de croître chaque jour en humilité, en pureté, en amour de Dieu. Je la supplie d'acquérir toute la perfection dont elle est capable, et de servir de mère spirituelle à mes chères enfans, Adelaïde, Euphrasie et Mélanie. Mes tendres adieux à Candide et Angèle. Puis elle s'écria: « Voici mon Epoux qui vient, il est devant mes yeux; je le contemple, je l'admire! 6 amour! blessez mon cœur: vous m'avez fait vivre, faites moi mourir. Adieu, ma fille, » et collant ses lèvres sur la Croix, elle expira. Vous jugez, mes chères compagnes, de l'excès de ma douleur, dans ce cruel instant. Je me laissai tomber sur le corps de ma tendre mère: j'eusse voulu la ranimer et y faire passer mon ame. Inutiles efforts! hélas! j'ai perdu la douceur de ma vie! je n'ai plus de consolation qu'en vous: aussi n'en chercherai--je après Dieu qu'auprès de vous. Nous mêlerons nos pleurs; et nos soupirs, bien mieux que nos paroles, feront l'éloge de madenoi

selle Clotilde. Puissions-nous retracer ses

vertus! c'est à quoi je m'appliquerai constamment. Je suis avec toute la tendresse possible, votre sœur et parfaite amie, du Vivier de Valbert. >>>

ADEL. DEUX sentimens s'élèvent dans mon ame, l'un d'admiration, et l'autre de douleur: je ne sais lequel des deux triomphera. Mademoiselle Clotilde n'est plus sur la terre; mais elle vit dans le Ciel; elle vivra éternellement dans le sein de son Dieu.

CHRIST. Consolons-nous, dans l'espérance d'une mort semblable à celle de notre excellente amie : imitons ses vertus; marchons sur ses traces, vivons comme elle a vécu, et nous mériterons de mourir comme elle est morte.

FIN.

XXXIII.

Clotilde fait part à ses compagnes

du mariage d'Euphrasie. Petit éloge de la virginité,

XXXIV.

462

Lettre d'Euphrasie à ses com

pagnes: elle leur annonce la maladie et la mort de Clotilde,

482

FIN DE LA TABLE.

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