prenne plaisir à l'outrager? Que de scandales! que d'irrévérences! que de profanations! l'abomination de la désolation n'estelle pas dans le lieu saint? ADEL. O mon Dieu pardonnez-moi mes irrévérences. Hélas! je le dis à ma confusion; combien de fois ne me suis-je occupée, pendant la célébration des saints mystères, que de parties de plaisirs, de fêtes mondaines, de parures, de conversations inutiles, souvent criminelles? Combien de fois y ai-je paru dans l'étalage de la vanité, et le scandale de l'indécence? N'étoit-ce pas comme les Juifs, ô mon Dieu! vous insulter, blasphémer votre nom, et défier votre pouvoir? O mon Sauveur que ferai-je pour expier tant d'offenses. CLOT. Les détester, chère amie, et ne plus les commettre? ADEL. Afin de m'en faciliter le moyen, M.lle Clotilde, parlez-nous, je vous prie, des dispositions avec lesquelles on doit assister à la sainte messe. CLOT. Les principales sont, une foi vive, une crainte respectueuse, et une tendre piété. EUPHR. La foi vive consiste à croire que Jésus-Christ est dans l'Eucharistie, et qu'il y est non-seulement comme nourriture spirituelle, mais encore comme victime pour nous. CLOT. Oui, ma fille, et cette première disposition fait naître la seconde, car pouvons-nous croire fermement que JésusChrist, Dieu et homme tout ensemble, s'immole pour nous, sans être pénétrés de respect, sans nous prosterner devant lui, l'adorer et lui rendre les plus profonds hommages? ADEL. Qui peut penser qu'il est en présence du souverain Seigneur du Ciel et de la terre, et ne pas être saisi de crainte. Ah! si l'on considéroit la grandeur et la puissance infinie de Dieu, on demeureroit prosterné la face contre terre; on n'oseroit seulement lever les yeux. CLOT. Une respectueuse crainte, une religieuse frayeur sont agréables à Dieu, puisque c'est un hommage que présente la Foi. Dieu qui est tout amour, veut que nous le servions par amour; c'est pourquoi, lorsque nous assistons à la sainte messe, ouvrons nos cœurs aux flammes de la charité; laissons-nous pénétrer de ses saintes ardeurs, et et donnons un libre cours aux tendres sentimens, aux affections brûlantes d'une piété sincère; élevons nos pensées vers le Dieu qui est notre victime; remercions-le de sa bonté; exprimons-lui notre gratitude, notre zèle pour sa gloire, notre amour, notre confiance; demandons-lui, avec une simplicité d'enfant, toutes les grâces dont nous avons besoin; jetons-nous dans ses bras comme dans ceux d'un père dont nous attendons tout, et nous abandonnons à lui sans réserve. Rien de si délicieux, que ces tendres colloques avec le Sauveur : l'ame fidèle y trouve sa consolation, force et sa félicité. sa ADEL. De toutes les manières d'entendre la messe, je ne sais laquelle choisir. Je voudrois, M.lle Clotilde, savoir quelle est la meilleure. CLOT. Les uns lisent, les autres pendant la messe sont en oraison, plusieurs partagent le temps entre la lecture et la prière; tout cela est bon, pourvu qu'on s'unisse aux intentions de l'Eglise. Une pauvre femme qui dit son chapelet, peut très-bien entendre la messe. Dieu regarde principalement la disposition du cœur, et la pureté de l'intention. Q EUPHR. Mais, ma petite mère, je n'ai pas envie d'adopter toutes les méthodes, et je vous demande quelle est la meilleure, quelle est la vôtre, afin que nous l'adoptions ma sœur et moi. CLOT. La plus simple, la meilleure, du moins à mon avis, c'est de suivre le Prêtre dans toutes les cérémonies, et de nous unir ainsi à Jésus-Christ crucifié. ADEL. Ce simple exposé me plaît déjà infiniment. Entrez dans le détail, M.lle Clotilde, je veux suivre toujours cette excellente méthode. CLOT. Au commencement de la messe, j'adore Jésus au jardin des Olives, prosterné le visage contre terre, et agonisant: j'unis ma douleur à la sienne, je pleure avec lui mes péchés, j'accepte les peines que Dieu m'envoie; je dis: O mon père, que votre volonté soit faite et non pas la mienne. ADEL. Que cette pratique est touchante! que ne l'ai-je suivie plutôt? CLOT. Depuis le Confiteor, jusqu'à l'Evangile, je suis les pas de Jésus-Christ, qui, lié comme un criminel, est conduit par ses ennemis de tribunal en tribunal; je l'adore ce divin Sauveur, souverain Juge des vivans et des morts; je lui demande pardon des humiliations que lui ont fait éprouver mes péchés, et le prie de m'enchaîner à lui par les liens de son amour. EUPHR. Voilà bien de quoi s'occuper pendant la messe. CLOT. Après l'Evangile, les mystères deviennent encore plus touchans. Au calice découvert, j'adore Jésus dépouillé pour la flagellation; à l'oblation du pain, Jésus flagellé; à l'oblation du calice, Jésus couronné d'épines. Quel cœur pourroit être insensible aux souffrances de son Dieu? Je contemple ses blessures, j'adore ses plaies, je regarde le diadême sanglant qu'ił porte sur la tête, j'essuie les larmes et le sang qui inondent son visage, et je prends la résolution de renoncer aux plaisirs du monde, pour ne choisir avec Jésus-Christ que les épines et les douleurs. EUPHR. Si tout le monde entendoit ainsi la sainte messe, le pavé des Eglises seroit arrosé de pleurs. CLOT. Au Lavabo, j'adore le Sauveur outragé par ses ennemis, et reconnu innocent par Pilate; je le conjure de me séparer des méchans et de leurs iniquités. A l'Orate, |