CLOT. Vous n'avez donc personne en vue, et vous êtes décidée à prendre le directeur que je vous proposerai? MÉL. Mon excellente amie, oui, encore une fois, oui de grâce; ne me faites plus languir. Quel est-il ? CLOT. C'est celui d'Adelaïde. MÉL. Ah! j'en suis bien aise ; j'avois déjà pensé à lui; c'est le directeur des Carmélites. CLOT. Précisément : rendez-vous digne de ses soins; témoignez pour lui le plus profond respect, il tient la place de Dieu. Ouvrez - lui votre cœur; déclarez-lui sans réserve, et vos fautes, et vos tentations, et vos peines, et vos inquiétudes, et les grâces que vous recevrez dans les voies de perfection où il va vous conduire. Il est votre père spirituel, votre ange tutélaire; obéissez-lui, et n'oubliez jamais les paroles mémorables de Ste. Thérèse : « On peut se tromper dans les extases et les ravissemens; on ne se trompe jamais dans l'obéissance. » MÉL. Je suivrai en tout ses conseils et m'en rapporterai à ses lumières. CLOT. Souvenez-vous encore qu'il ne faut point changer de confesseur, lorsqu'on en en a un bon. L'inconstance, en ce point, est préjudiciable au salut. Votre confesseur, ma chère Mélanie, ne peut trop vous connoître; mieux il vous connoîtra, plus sa direction vous deviendra salutaire. Sontelles jalouses de leur salut, ces personnes qui volent de confesseur en confesseur? C'est le défaut des femmes, elles aiment tout ce qui est nouveau. Prenez-y garde, ma douce amie, et ne changez point. MÉL. Ah! mon excellente amie, oseroisje vous prier d'engager M.lle Adelaïde à lui parler pour moi? Elle lui parleroit demain ; et j'irois ensuite le trouver avec plus d'as surance. CLOT. C'étoit mon intention; je vais lui écrire un petit mot: elle ne vous refusera pas ce plaisir. Adieu, ma douce amie; persévérez dans vos sentimens. Comme il vous faut quelque temps pour achever votre confession générale, je compte, pendant cela, vous parler du sacrement de l'Eucharistie : c'est la source de toutes les grâces divines. Il est essentiel d'être parfaitement instruit de ce qui concerne ce mystère d'amour. Ce sera, à l'ordinaire, chez M.lle Adelaïde. XVI. ENTRETIEN. Sur l'Eucharistie comme Sacrement. CLOTILDE, CHRISTINE, ADELAÏde, mélanie, MÉLANIE. EUPHRASIE ÉLANIE. Que je vous ai d'obligation, mon excellente amie ! Je commence à respirer. Hier, encore, j'étois toute saisie de crainte, par l'idée de ma confession; mais aujourd'hui, ce n'est plus de même. Le premier pas est fait, les autres ne me coû→ teront rien. J'ai déjà témoigné toute ma reconnoissance à ma petite sœur ; je vous remercie, l'une et l'autre, du vertueux guide que vous m'avez procuré. CLOT. Telle est la bonté du Seigneur, dès que nous faisons un pas vers lui, il vole au devant de nous, il nous comble de douceurs, et il allége ainsi le poids qu'il nous impose. EUPHR. Ah! qu'il est doux de revenir à ce tendre Père ! quel bonheur de rentrer en grâce avec lui! ADEL. Nous l'éprouverons plus sensiblement, quand notre ame parfaitement purifiée recevra sans obstacle les rayons de sa grâce et de son amour. CLOT. Pour vous faire goûter de plus en plus combien le Seigneur est doux, je vais vous parler du sacremeut adorable de l'Eucharistie. EUPHR. Ah! que je suis contente! Il y a long-temps que je désire cet entretien. CHRIST. Vous avez raison, ma chère Euphrasie, point de sujet plus intéressant. L'Eucharistie est un sacrement qui contient réellement et en vérité le corps, le sang, l'ame et la divinité de J. C. sous les espèces du pain et du vin. CHRIST. Que l'Eucharistie soit un sacrement, on n'en sauroit douter; car, qu'entend-on par un sacrement? Un signe sensible institué par Notre-Seigneur J. C., pour nous sanctifier. Or, l'Eucharistie est un signe sensible; on voit la couleur du pain et du vin; on en voit la forme, on en sent le goût et l'odeur. On entend le prêtre prononcer les paroles sacramentelles : « Ceci » est mon corps, ceci est mon sang, » et J. C. l'institua pour y être lui-même la nour riture de nos ames, et les combler de faveurs. CLOT. Voudriez-vous bien nous rappeler, M.lle Adelaïde, comment et quand est-ce que J. C. institua l'Eucharistie? ADEL. Ce fut la veille de sa Passion, après avoir fait la Pâque avec ses Disciples, et leur avoir lavé les pieds. Il se remit à table, il prit du pain, le bénit, le rompit, et le leur distribua, en disant : « Prenez et mangez; ceci est mon corps, qui est livré pour vous faites ceci en mémoire de moi. » J. C. prit ensuite le calice, il le bénit, et le leur donna, en disant : « Buvez-en tous, car ceci est mon sang, le sang de la nouvelle alliance, qui sera répandu pour vous, et pour plusieurs pour la rémission des péchés.»> CLOT. Rien de plus clair, rien de plus formel que ces paroles de notre divin Sauveur comment s'est-il trouvé des hommes assez aveugles pour leur donner un sens contraire à celui qu'elles présentent naturellement, et pour se séparer de l'Eglise, parce qu'elle a toujours cru que J. C. est réellement et substantiellement dans l'Eucharistie ? CHRIST. Le schisme dont vous parlez, |