sibilité des ames tendres, verlueuses et chrétiennes. Je m'estimerai heureuse, si les jeunes Demoiselles me lisent avec plaisir; c'est pour elles que j'écris; mais je serai bien plus heureuse encore, si, Dieu bénissant cet ouvrage, je puis leur être utile, et les engager efficacement à vivre toujours selon les maximes de la Religion et de l'Eglise, hors laquelle il n'y a point de salut. M. d'ARONDEL, père de Mélanie. DE CLOTILDE, POUR SERVIR DE SUITE A CEUX D'ANGÉLIQUE. PREMIER ENTRETIEN. Eloge de mademoiselle Angélique. CLOTILDE entre avec CHRISTINE chez ADELAIDE, elle y trouve MÉLANIE. CLOTILDE. Je suis enchantée, Mesdemoiselles, de vous trouver ensemble. J'ai été chercher notre aimable Christine, afin de vous faire part à toutes en même temps, d'un bien qui doit nous être commun, et qui nous comblera de consolation. MÉLANIE. Mademoiselle Clotilde pique agréablement notre curiosité. Eh! quel est donc ce trésor ? ADELAÏDE. C'est peut-être quelque chose qui a appartenu à ma petite maman, et qu'elle a laissé à son intime amie, afin qu'elle nous en fît part. CHRISTINE. Que nous serions heureuses, si, en nous confiant quelques écrits de sa main, elle nous eût rendu sensibles en son absence, et son esprit, et ses sentimens ! CLOTILDE. Je ne vous laisserai pas plus long-temps incertaines; c'est une lettre de notre mère commune; c'est une lettre de mademoiselle Angélique. ADELAÏDE. O tendre amie! vous Vous souvenez de vos enfans, et vous allez conduire encore mes pas dans les sentiers de la vertu. MÉLANIE. Ma bonne maman va nous entretenir elle-même aujourd'hui ! Hâtons-nous de lire les expressions de sa tendresse et les avis charitables qu'elle nous donne. CLOTILDE. Je soupire autant que vous après ce plaisir : mais je vous avoue ma foiblesse, tout mon courage m'abandonne, et je n'aurai jamais la force de lire cette lettre chérie. Mélanie, s'élevant au dessus d'elle-même, toujours noble, toujours pleine de courage et de grandeur d'ame, vous rendra ce service. MÉLANIE prend la lettre. La commission dont vous me chargez est bien honorable. Donnez-moi la qualité de lectrice, chaque fois que ma bonne maman écrira, j'accepte cet emploi avec plaisir et reconnoissance. Voyons. ( Elle lit.) Vous « Mes aimables compagnes, mes tendres » amies, je ne suis encore éloignée de >> vous que de huit lieues, et mon premier >> soin, en descendant de la voiture, est >> de vous écrire. » Ah! chères enfans, vous avouerai-jema foiblesse ! Eh! pourquoi ne le fe» rois-je pas, puisque cela vous prouvera >> combien je vous aime? En vous quit» tant, je vous parus d'une fermeté iné» branlable. Les yeux secs, le cœur tran» quille, l'ame soumise et résignée, vous >> croyiez qu'il ne m'en coûtoit rien pour » m'éloigner de vous. Ah! que les choses >> sont changées! Dieu, qui m'avoit puis>> samment soutenue, sembla tout à coup >> m'abandonner. A peine étois - je dans >> la voiture, qu'Adelaïde, pâle, trem» blante, désolée, se présenta à mon ima»gination. Les cris de Mélanie me déchi> roient le cœur; ma mère elle-même |