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LA BERCEUSE DE BERLIN. MÉLODIE NATIONALE.

DÉDIÉE A MADAME PITRE-CHEVALIER. PAROLES DE M. ÉTIENNE CATALAN.

Accompagnement de M. TH. LABARRE.

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MODES DE JANVIER.

Voilà les Parisiens et les Parisiennes en danse; le goût n'a plus qu'à ouvrir les yeux pour admirer les vraies modes, et qu'à saisir la férule pour châtier les modes fausses. Le triage est cependant assez difficile, car le beau et le laid, le convenable et l'indécent, le possible et l'impossible se mêlent et se confondent partout, aux bals de l'Hôtelde-Ville et de l'Elysée, dans les journaux et dans les magasins, au Jardin-d'Hiver et au grand Opéra. Si vous youlez être à la vraie mode, vous n'avez presque rien à changer à vos toilettes de bal. Gardez ou adoptez l'arrangement de cheveux que vous conseille votre miroir, les guirlandes de fleurs un peu tombantes, les corsages en pointe, les volants petits et nombreux, toute blonde et toute dentelle, ou blonde et taffetas pareil à la robe, alternant du haut en bas. Remplacez les mantilles par des garnitures de blonde, de ruban ou de dentelle. Portez le Bouquet à la ceinture, à gauche, ceci est de rigueur. Ne me demandez pas pourquoi.

Pour soirées et diners, posez-vous sur le haut de la tête un petit bonnet d'où s'échappent des fleurs et des rubans; mais prenez garde qu'il ne vous donne l'air éventé, ce qui arrive parfois (voir notre gravure). Préférez en ce cas un carré d'étoffe riche, bordé de blonde, et laissant tomber des fleurs, des rubans ou des velours. Joignez-y une robe montante ouverte par devant sur un fichu trèsorné, ou façon Louis XV, décolletée en carré par devant, en rond par derrière, avec jupe à volants pareils découpés. Les manches pagodes survivent au froid et sont de plus en plus indispensables. Elles se doublent d'une autre manche de même forme, en tulle garni de dentelle, ou en mousseline garnie de mousseline brodée. On porte beaucoup de corsages à basques, et des bracelets de velours à nœuds avec pendants. Cela ne vaudra jamais, bien entendu, l'or et les pierreries.

Pour la ville, tous les chapeaux sont des capotes, trèsévasées, garnies en dessous de beaucoup de fleurs, rubans ou velours, et en dessus de blonde posée sur chaque rang et sur le bavolet. On y ajoute souvent de petites plumes. La popeline à carreaux écossais, les draps Chambord, amazone, Montpensier, Amélie, foncés, disputent la vogue aux soieries de Lyon. On fait des pardessus en forme de chale, velours avec dentelle ou drap avec passementerie. Les inconvénients de la soutache n'ont pu la détrôner encore; mais je crois qu'elle baisse sensiblement.

A l'intérieur, les coins-de-feu tiennent bon, surtout pareils aux robes, et à manches pagodes, comme le reste.

Maintenant regardez nos dessins, qui en diront plus que toutes les phrases. Nos modes bien portées ont été copiées sur de vraies élégantes, et nos modes mal portées, exagérées à peine, ont été prises sur des originaux et dans des recueils, qui vous feront rire comme nous. Voilà cependant où peuvent mener une gravure de journal et la fantaisie d'une modiste, d'un tailleur et d'un chapelier! Pour les détails et les anecdotes des salons, consultez le Mercure du présent numéro. ANNA de B.

LES MORTS DE 1850.

Il y a des années meurtrières aux hommes célèbres,comme il y a des années productives de grands hommes. On a déjà souvent remarqué que 1769 avait vu naître, en même temps que Napoléon, la plupart de ses illustres contemporains; 1832 vit mourir cour sur coup Cuvier, Goethe, Walter Scott, Casimir Périer, le général Lamarque, etc. 1850, qui vient de finir, a été une année meurtrière, surtout pour les hommes d'Etat... Il n'existe presque aucun point important du monde où elle n'ait enlevé un prince ou un personnage de premier rang. Comme ce tyran de Rome, elle abattait les plus hautes têtes de pavots. Il suffit de citer, en politique: Louis-Philippe, la reine des Belges, Robert Peel, le général Taylor, le général San-Martin, le duc de Palmela, le comte de Brandebourg; dans les sciences, Beudant, Blainville, Gay-Lussac,

Fouquier, Marjolin, H. Royer-Collard, etc.; en littérature, Balzac, Wodsworth, Droz, Feletz, Monteil, Bazin, Lenau Oelenschlager, etc. Dans les arts, un fait étrange s'est produit mesdames Saint-Aubin, Gavaudan et Boulanger, qui avaient chanté les mêmes rôles au même théâtre (à 10péra-Comique), sont mortes à peu de mois de distance. (Voyez, au Mercure, la nécrologie de 1850.)

HIPPOLYTE ROYER-COLLARD.

Nous avons nommé Hippolyte Royer-Collard, le fils de l'illustre homme d'Etat. Rappelons, à ce sujet, deux fails trop ignorés.

L'ancien chef de division des lettres et des arts, le membre éminent de l'Académie de médecine, le spirituel professeur d'hygiène à la Faculté, n'avait trouvé de conclusion à ses grands travaux, et de consolation à ses vives douleurs que dans l'humble foi chrétienne du charbonnier. Il a donné aux esprits forts de notre siècle le noble spectacle d'une mort sainte, après de longues années de piété sincère.

A l'époque où l'émeute traquait les professeurs jusque dans leurs chaires, Hippolyte Royer-Collard fut un jour expulsé de la sienne par les clameurs d'une jeunesse en démence. Non contents de ce honteux succès, une ceataine de forcenés le poursuivirent jusqu'à l'Institut. Arrive là, le jeune maître s'élance sur le pont des Arts, et présente 5 francs au surveillant du péage. Ses ennerais qui, en leur qualité d'anarchistes, n'avaient pas le sou, hésitaient à le suivre à un prix aussi élevé... Mais l'invalide obstiné retenait Royer-Collard pour lui rendre 4 fr. 95 centimes. Cette honnête importunité allait le livrer aux tapageurs, losqu'il se retourne avec un sourire aussi charmant qu'intrépide, et dit à haute voix au vieux soldat: Gardez les cent sous, c'est pour ces messieurs et pour moi! En France, l'esprit triomphe de tout. Ce trait, si bien lancé, désarma les jeunes gens. LES ÉTRENNES DE PARIS.

Que diriez-vous, si vous lisiez quelque part le tableau suivant :

«Il y avait une fois une ville peuplée d'un million d'àmes. Une nuit que tous les bourgeois dormaient, comme le timbre des horloges frappait douze coups, un brillant cortège de fées parcourut les boulevards de cette ville, les fées du travail, de l'industrie, de la persévérance, etc. Aussitôt après le passage du cortége, une population laborieuse s'est subitement répandue sur les deux côtés de la route, ei, en quelques minutes, à la lueur des lanternes des voitures, une suite de petites constructions légères s'est élevée comme par enchantement. Il fallait voir l'activité de tous ces travailleurs! Des familles entières étaient là, manœuvrant avec une ardeur extraordinaire. Après le complet achèvement des édifices, on procédait au déballage des merveilles fabriquées à l'avance.

«La même activité régnait à l'entrée des faubourgs et encore sur mille autres points épars dans l'étendue de la grande ville.

« Il serait impossible d'énumérer les mille petites merveilles qui ornaient ce bazar immense; il y avait des ménages complets à cinq sous, des montres avec chaines et breloques à trois sous, des polichinelles de toute beauté à un sou, de petits établis à donner la passion de la menuiserie, des rouets à rendre fileuses toutes les petites filles; les trompettes s'y trouvaient en telle abondance, que si celles-ci eussent été toutes embouchées à la fois, les murailles fortifiées de la ville auraient pu avoir le sort de celles de Jéricho. Que dire des montagues de bonbons, des cascades d'oranges et des pyramides de pain d'épice? Parmi les nouveautés du moment, on remarquait des Napoléons d'or à deux liards, deux pour un sou; d'élégants petits paniers à ouvrage dont la coque soutenue par des rubans était formée d'une demi-coquille d'œuf; l'aeronaute Poitevin en compagnie de l'Aérienne; l'hiver et l'été sous cloches; et enfin une riche collection de grimaciers po

litiques en caoutchouc, qui n'était pas l'objet le moins recherché de cette curieuse exposition. Du reste le principal mérite de toutes ces merveilles, c'était leur incroyable bon marché.

«Cependant la baguette des fées avait également atteint les riches magasins sous leurs volets fermés. Là aussi la transformation s'opère les glaces, les dorures, prennent un éclat nouveau, tandis que de nombreux chefsd'œuvre se rangent artistement dans de brillants étalages. Là, l'utile dispute la place à l'agréable, et les nombreux produits de l'industrie tiennent à honneur de figurer tous dans les montres, d'attirer à qui mieux mieux Tattention des chalands.

Bref, le jour va bientôt paraître, on donne le dernier coup de plumeau, on met la dernière perfection dans l'arrangement des marchandises, tandis que les arbalétriers disposent leurs statuettes de plàtre, et sortent de leurs cages les lapins gris et même blancs, destinés aux tireurs habiles, car la fête va bientôt commencer; et à côté des marchands, il y aura de nombreux jeux d'adresse pour l'agrément des curieux pendant ces journées de plaisir. »>

Si vous lisiez cela, dis-je, ne croiriez-vous pas lire un conte fantastique dans un livre d'étrennes? Eh bien, cela n'est point un conte d'étrennes; c'est l'histoire même des étrennes de Paris, écrite par un témoin oculaire. Cette nuit est la dernière nuit de 1830. Ces fées sont les commissaires de police, qui ont livré, pour la dernière fois, dit-on, les boulevards aux petits marchands nomades. Ces travailleurs nocturnes sont les industriels et les ouvriers parisiens, qui ont improvisé un bazar en plein vent de la Bastille à la Madeleine, et sur toutes les grandes artères de la ville. Ces merveilles sont les réalités qu'un million de curieux ont vues, achetées ou enviées, du 31 décembre au 2 janvier, à travers un mouvement de louis, de francs, de sous et de liards, qui s'est élevé à je ne sais combien de millions (1). Depuis cent ans que Paris fait des émeutes et des révolutions, il n'avait jamais été aussi beau à voir que dans ces jours de fête pacifique et commerciale. Puisse-t-il s'en souvenir en 1851, et comprendre entin quelles sont sa vraie grandeur et sa vraie prospérité!

-A propos d'étrennes, constatons l'échec subi par le ridicule usage des cartes de visite. Beaucoup de gens d'esprit, ayant enfin le courage de leur opinion, se sont bornés à embrasser leurs familles, et à visiter leurs amis, à l'occasion du jour de l'an. Quant aux personnes qu'ils ne pouvaient ou ne voulaient pas aller voir, ils n'ont fait avec elles aucun échange des ces hommages en carton-porcelaine que les courtisans et les badauds s'envoient par des commissionnaires, ou distribuent eux-mêmes, en courant la poste aux quatre coins de la ville, et qui ne sont pas seulement bons à allumer le feu, depuis là multiplication des journaux et l'invention des boulettes de résine. Ce progrès du sens commun a été constaté par une baisse sensible dans la fabrication des cartes et dans les bénéfices des messagers auvergnats et savoyards.

LE SALON DE 1850 (2).

Quand nous vous disions que le Salon ouvrirait ses portes à la fin de décembre, nous comptions sans notre (1) On a calculé, en moyenne, que du 30 décembre au 3 janvier, depuis dix heures du matin jusqu'à dix heures du soir, il était passé chaque jour sur les boulevards 20 personnes par seconde, 1,200 par minute, 72,000 dans une heure, 864,000 en douze heures. La foule était aussi compacte qu'elle l'est sur la place de la Concorde les jours des plus grandes fêtes publiques. On évalue à cinquante mille le total des boutiques foraines qui auraient été établies le long des chaussées des boulevards, aux barrieres, rue Saint-Denis, rue Saint-Martin, rue Rambuleau et sur divers autres points. Ces marchands ont tous fait d'excellentes affaires, et l'on peut, sans exagération, porter à cinq millions le chiffre de leurs recettes.

La facilité des communications avait permis aux habitants des départements voisins de venir assister à la fête foraine des étrennés. Quelques-uns portaient leurs provisions dans des paniers, et, repartis le soir dans les spectacles des boulevards, ils transformerent le paradis en salle à manger. (2) Voyez notre numéro de décembre dernier.

hôte. Nous sommes bien entré au Salon le 30 décembre; mais nous n'y avons trouvé que le quart des objets admis à l'exposition. Les trois autres quarts attendent que le premier étage soit disposé pour les recevoir dans le PalaisNational. D'où viennent cet étrange retard et cette déplorable inégalité? Nous ne voulons accuser personne. Mais, pendant que la foule nous poussait dans le rez-de-chaussée, nous avons ouï les plus terribles histoires, racontées par les rapins les plus barbus, sur les dernières séances du jury d'examen. Les deux écoles, l'Académie et l'atelier, s'y seraient prises aux cheveux. Il y aurait eu de gros mots, et des cartels échangés entre les gloires officielles et les génies méconnus... On se serait traité de barbouilleurs de paravent, et autres gracieusetés de la même couleur. On se serait disputé, pouce à pouce, les bonnes places du grand salon et des galeries. Le mênic tableau aurait été accroché et décroché plusieurs fois, par ordre et par contre-ordre; de telle façon que les ouvriers et les marteaux ne savaient plus auquel entendre. Nul n'aura de lumière que nous et nos amis! Telle aurait été l'impartialité des juges. Hélas¦ gardons-nous de croire un mot de tout cela, pour T'honneur du suffrage universel appliqué aux beaux-arts. Nous aimons mieux énumérer aujourd'hui ce qui est ou doit être exposé, en renvoyant l'examen et les détails à notre prochain numéro.

Les objets d'art admis au Salon sont au nombre de 3,923, savoir: 3,150 tableaux, 106 projets d'architecture, 129 gravures, 70 lithographies, 466 sculptures. Le nombre total des exposants des deux sexes est de 1,697, savoir: dames et demoiselles 148, hommes 1,549. Les 1,697 exposants se divisent comme suit: peintres, 1,336; sculpteurs, 203; architectes, 43; graveurs, 83; lithographes, 32. Sur ces chiffres énormes, devinez combien il y a de travaux commandés par le gouvernement de tous? 68 tableaux, 29 sculptures et 5 gravures! Plaudite, cives!

Les ouvrages qui ont tout d'abord fixé l'attention publique sont, entre autres, un Ours sculpté, les statues: la Pieta, de M. Clesinger; la reine Mathilde, de M. Elschoct; l'Atalante, de M. Pradier; l'Enigme, de M. Jouffroy; l'Ange, de M. Démy; les tableaux : l'Appel des victimes de la Terreur, de M. Muller; les Enrólements volontaires, de M. Vinchon; la Cléopâtre, de M. Gigoux; le Senat de Venise, et la Jane Shore, de M. Robert-Fleury; le Van den Velde, de M. Lepoitevin; l'Incendie, de M. Antigna; le Testament de Louis XIV, de M. Alaux; l'Embarquement de Ruyter, de M. E. Isabey; le Lazare, de M. E. Delacroix; le Banquet des Girondins, de M. Philipoteaux; la Vision de Zacharie, de M. Laemlein ; les portraits de femmes, de MM. H. Lehman, Jacquand et A. Duval; ceux du Prince Louis-Napoleon, par M. H. Vernet; de M. Dupin, par M. Court; de M. de Falloux, par M. Guignet; l'Enterrement à Ornans, de M. Courbet; les toiles puissamment colorées de MM. Leleux, Hédouin, Penguilly, Diaz, Decamps; le Chancelier de L'Hospital, de M. Decaisne; la Controverse, de M. Tourneux; les miniatures de M. David, etc., etc.

Deux mots encore; un éloge et un reproche: 1° le Salon de 1850 est en progrès évident sur les trois derniers, et fait le plus grand honneur à l'art français contemporain. Des talents jeunes, robustes, hardis, y surgissent à la place des renommées éteintes ou défaillantes. 20 Jamais on n'avait exposé tant de nudités, et quelques-unes sont tellement honteuses qu'on ne s'explique pas la tolérance du jury. Notre siècle veut-il donner raison à J.-J. Rousseau, en prouvant que le développement des arts entraîne avec lui la corruption des mœurs? Les derniers pas de la civilisation la feraient-ils retourner à la sauvagerie?

LE MIRACLE DE SAINT-SATURNIN.

Comme nous écrivions les réflexions qui précèdent, nous avons reçu la nouvelle suivante de Saint-Saturninlez-Apt, bourg de 2,300 àmes, à neuf lieues d'Avignon :

Il y a dans ce bourg une pieuse fille, une Jeanne-d'Arc peut-être, Rosette Tamisier, qui, ayant eu des visions d'en

haut, comme la paysanne de Vaucouleurs, demandait à Dieu un miracle pour la conversion des impies, et faisait à cette intention, tous les jours, depuis quelque temps, par la chaleur, la pluie ou la gelée, le pélerinage du chemin de Croix, dont la quatorzième station est à la chapelle du Calvaire, au sommet d'une colline qui touche Saint-Saturnin. Or, le lundi 16 décembre, raconte M. Dalmières, qui a tout vu de ses yeux, Rosette et d'autres personnes priant devant l'autel de cette chapelle du Calvaire, remarquèrent quelque chose de rouge sur le corps de notre Sauveur, dans un tableau représentant une descente de croix elles s'approchèrent, elles examinèrent de près, et elles crurent voir couler comme du sang des plaies de Jésus-Christ. Le curé, M. Grand, fut appelé aussitôt; il monte sur l'autel, il touche, et le liquide rouge mouille l'extrémité de ses doigts; il applique un linge blanc, et ce linge est teint de la même couleur. Tout le monde criait déjà miracle! Le curé fait appeler un médecin, M. Clément. Le médecin monte aussi sur l'autel! il touche le liquide, il porte le doigt sur sa langue; il s'écrie: c'est bien le goût du sang humain ! c'est du sang! c'est du sang ! Il demande qu'on détache le tableau pour le retourner et l'examiner. Par derrière, le tableau et le mur ne présentent que de la poussière et quelques toiles d'araignée!...

La foule augmente sans cesse. Il faut les gendarmes pour la contenir. Arrivent d'Apt toute la brigade avec son capitaine, le sous-préfet, M. Grave, le juge d'instruction, M. Guillibert. Procès-verbal est dressé, signé par tous les témoins, et envoyé à Mgr l'Archevêque.

Les fidèles effrayés commençaient à croire que ce sang annonçait de grands malheurs; mais Rosette Tamisier déclare hautement que ce miracle présage des desseins de miséricorde divine, et qu'il se renouvellera le vendredi suivant, 20 décembre.

Le miracle cesse à la fin de la journée du 16. On accourt, le vendredi 20, de tous les environs. Mgr l'Archevêque, M. d'Anselme, rédacteur en chef de la Commune d'Avignon, le maire, le sous-préfet, le juge, M. Jacques, substitut, et mille autres, arrivent de grand matin. Le miracle se renouvelle en effet. C'étaient des cris, des larmes, des transports impossibles à décrire. La Commune publié les documents et témoignages authentiques.

Voilà ce qu'on nous annonce, et ce qui va traverser la France et le monde, comme une traînée de poudre. Est

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ce une hallucination inconcevable? Est-ce un miracle réel? - Sont-ce des milliers d'hommes qui se trompent? Est-ce Dieu qui parle et avertit? Nous saurons bientôt à quoi nous en tenir, car une commission a été nommée de suite par Mgr l'Archevêque d'Avignon, pour informer sur la nature et la réalité du prodige. Cette commission se compose de MM. Barrère, vicaire général titulaire; Justamond, doyen du Chapitre, vicaire général; Sermand, vicaire général honoraire; Caval, supérieur du grand séminaire, vicaire général; Barrelle, supérieur du collége de Saint-Joseph.

Le journal le Siècle, qu'on ne soupçonnera pas de crédulité, avoue qu'un tel fait, appuyé de tant de témoignages, est un anachronisme inquiétant pour le scepticisme d'aujourd'hui. PITRE-CHEVALIER,

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ÉNIGME BIOGRAPHIQUE.

Quel est le peintre français qui fut un des plus habiles graveurs du monde, - dont l'histoire ressemble le plus à un roman, qui fut un bohémien dans l'enfance, un héros dans l'âge mûr et un saint au lit de mort, - dont la petite-nièce employa les chefs-d'œuvre à faire une batterie de cuisine, et dont le tombeau, trouvé en 1793 parmi ceux des souverains, fut brisé par les sans-culottes, parce que sa noble figure ressemblait à celle d'un grand-due?

N. B. Nous reprendrons bientôt notre revue des professeurs et des prédicateurs de Paris; nous descendrons même des chaires illustres aux humbles tribunes, où se cachent des talents de premier ordre. L'autre jour, par exemple, assistant au catéchisme de Saint-Th...-d'A..., nous avons été frappé de l'éloquence onctueuse, familière, captivante de M. l'abbé S***. Qu'il pardonne à notre mémoire d'attenter à sa modestie.

Mes enfants, disait-il à ses élèves, effrayés peut-être des travaux du catéchisme, ne croyez pas que la religion vous demande des efforts surhumains. Aimable et souriante comme votre âge, voici ce qu'elle vous raconte par ma bouche: «Saint Jean, l'apôtre bien-aimé, âgé de près de cent ans, se promenait dans une forêt. Il tenait à la main une petite perdrix qu'il s'amusait à caresser. Arrive un chasseur qui reconnaît le sublime apôtre, et qui s'étonne de le voir jouer ainsi avec un oi

EST

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SAL CMON

CHARLEVAGNE

NAPOLEON

seau.

Que portez-vous là? lui dit Jean.
Mon arc.

Et pourquoi la corde en est-elle lâchée ?

Parce qu'il perdrait sa force s'il était toujours tendu.

-Eh bien! reprit Jean, moi aussi, je perdrais ma force si je ne me reposais quelquefois.»

Jouez donc, mes enfants, concluait l'abbé S***, jouez comme le grand apôtre, et bien davantage, quoique vous ayez beaucoup moins de travail que lui.

Un orateur qui persuade si gracieusement ne mérite-t-il point d'être cité pour modèle ? Et quelles conquêtes ne ferait pas l'éloquence, si elle savait parler ainsi à tout le monde !

EXPLICATION DU RÉBUS DE DÉCEMBRE,

-Oh! si j'avais été là, à la tête de mes Francs!... Paroles prononcées par Clovis, entendant saint Remi lire la Passion de Notre-Seigneur.

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Typ. HENNUYER et C, Batignolles.

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