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LES BOULES DE NEIGE, POLKA, DE M. AULAGNIER.

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JOURNAL DU MOIS.

LE CHARIOT D'ENFANT.

Quand les théâtres quittent l'ornière de la politique et du scandale, nous sommes toujours prêts à louer leurs efforts littéraires. L'Odéon nous en fournit une occasion nouvelle. Pour le mérite et le succès, le Chariot d'enfant sera le pendant de François le Champy. Le second Théatre-Français a rempli sa plus noble mission, en confiant à deux poëtes, comme MM. Méry et Gérard de Nerval, la révélation de ce curieux ouvrage du roi indien Soudraka, qui vivait cinquante-six ans avant l'ère chrétienne. C'est le cas de dire avec Gaspard, notre maître d'école: Rien de nouveau sous le soleil!-Ce roi-poëte de l'ancien monde en remontrerait à nos plus habiles dramaturges pour l'étude des caractères, l'agencement de l'intrigue et les combats de la passion.

Cependant les Indiens, comme les Grecs, n'avaient point de théâtres suivis. Les représentations dramatiques etaient chez eux des cérémonies religieuses, données par le gouvernement, à de longs intervalles, en plein air, ou dans des cours extérieures, disposées pour la circonstance, Cette circonstance était le couronnement d'un roi, ou la fête de quelque divinité. Il y avait, en outre, dans chaque palais, un salon appelé salon de musique, où l'on faisait alterner les chants, la danse et la comédie. On lit à ce sujet dans le Sanjita Ratnácara:

«La salle où la représentation à lieu doit être spacieuse et élégante. Elle doit être couverte d'une toile supportée par des piliers richement décorés et garnis de guirlandes. Le maître de la maison doit être placé au centre, sur un trône; à sa gauche doivent être assises les habitantes des appartements princiers; à sa droite, les personnes de distinction; derrière lui doivent être assis les principaux officiers de l'Etat ou de sa maison; les poetes, les astrologues, les médecins et les hommes de science doivent être placés au centre. Des femmes de service, distinguées par leur beauté et leur extérieur, doivent être auprès de la personne du maître, avec des éven tails, tandis que des hommes avec des cannes doivent être disposés pour maintenir l'ordre, et des gardes armés placés dans les différentes directions. Quand tout le monde est assis, les musiciens doivent paraître exécuter quelques airs; après quoi la principale danseuse doit s'avancer de derrière le rideau, saluer l'assemblée, au milieu de laquelle, en même temps, elle jette des fleurs; puis elle déploiera son talent. >>

Ces plaisirs étaient le privilége des grands et des lettrés. Les pièces indiennes sont presque toutes écrites en sanskrit, langue savante, qui était pour les peuples indous ce qu'est le latin pour les peuples de l'Europe. Ces pièces se composaient invariablement de dix actes et duraient au moins cinq heures. Il nous en reste une soixantaine. Calidâna, le plus célèbre auteur, n'en a laissé que trois. Le théatre indien se divisait en trois genres: le ratya (drame parlé), le nritya (pantomime), et le nritta (ballet). Ces trois genres se subdivisaient en opéras, tragédies, comédies, vaudevilles, mélodrames, pièces militaires, arlequinades, drames joués par un seul acteur ventriloque, imitant plusieurs voix, etc., etc. On voit qu'au lieu de rien inventer depuis deux mille ans, l'art théâtral s'est plutôt simplifié et réduit. Chaque représenlation commençait par un prologue historique ou biographique, et se terminait par une bénédiction et une prière. Le prologue du Chariot d'enfant rappelle ainsi l'auteur de cet ouvrage. «Il fut un poëte dont l'extérieur avait la majesté de l'éléphant; les yeux, la vivacité de la perdrix; le visage, l'éclat de la pleine lune, etc. Issu de la race des Tchatriyas, il se nommait Soudraka. 11 vit son fils

assis sur le trône, et centenaire il entra dans la flamme. Le drame que nous allons représenter est son œuvre.»>

Pendant les intermèdes, un acteur, placé près du théâtre, expliquait les points obscurs de la pièce, et un autre acteur, espèce de clown, divertissait le public par ses tours.

Trois grandes règles dominaient la poétique dramatique 1 les héros ne devaient jamais déroger à leur vertu; 2° la femme d'autrui ne pouvait être l'objet d'une séduction (L'application de cette loi supprimerait aujourd'hui les dix-neuf vingtièmes de nos pièces); 3° les dénoûments malheureux étaient rigoureusement interdits.

Voici maintenant le fond du Chariot d'enfant (Mritchtchati), mot à mot: Chariot de terre cuite.

Tcharoudatta, ancien ministre, disgracié et ruiné pour avoir été trop honnête, vit dans un pauvre réduit, avec şa femme Madhavia, Rohsena, son enfant, et son fidèle serviteur Metreya. Une Madeleine de l'Inde, Vasantasena, qui expie ses fautes par le repentir, et qui a la plus pure affection pour Tcharoudatta, se réfugie un soir chez lui contre les poursuites de Samsthanaka, frère débauché du roi régnant. Sauvée par le sage et touchée de sa misère, elle lui laisse en garde ses bijoux qu'elle compte ne jamais reprendre. Puis elle découvre un horrible complot tramé par le jeune prince pour se défaire de Tcharoudatta et lui enlever sa femme. Ici vient la charmante scène qui explique le titre. Le fils du ministre pleure parce qu'on ne lui a donné qu'un chariot de terre cuite. Vasantasena lui remet des pierreries pour avoir un chariot d'or et le remplir de diamants.

Puis, se régénérant par un dévouement déjà presque chrétien, elle expose sa vie pour la femme de l'ancien ministre. Le prince a tendu à ses deux victimes un piége infaillible, en rappelant Tcharoudatta et Madhavia à la cour, au nom du roi son frère. Le mari sera arrêté en route, et l'épouse ravie par les agents de Samsthanaka. Vasantasena se livre à la place de celle-ci; le prince trompé la poignarde, et accuse du crime Tcharoudatta, trouvé sanglant à côté d'elle, au moment où il lui prodiguait ses secours. Mais un voleur-artiste, personnage fort plaisant du drame, se réhabilitant aussi à la fin, démasque le vrai coupable devant le roi, qui reprend tout de bon son ancien ministre, et punit son frère comme il le mérite. Vasantasena, rappelée à la vie par un mendiant bouddhiste, reparaît sur la scène, et Madhavia lui tend la main, en lui disant: Ma sœur! ce qui la rachète et lui donne le rang d'épouse.

MM. Méry et Gérard de Nerval ont jeté des flots de poésie sur ce canevas. Le directeur l'a encadré de décorations magnifiques, et les acteurs, MM. Deshayes, Clarence, et Mme Laurent, ont complété le succès.

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WORDSWORTH. MM. DE BLAINVILLE ET GAY-LUSSAC.

Il n'est rien de tel que la mort pour varier les choses de la vie ! Le mois dernier, le crayon de nos dessinateurs se jouit aux portraits des nains et des géants; et voilà que, ce mois-ci, trois figures des plus graves et des plus illustres viennent prendre rang dans notre galerie: le célèbre poëte anglais Wordsworth, et MM. de Blainville et Gay Lussac de l'Académie des sciences, tous trois disparus presque en même temps de la scène de ce monde; sans compter l'empereur de la Chine, qui vient aussi d'entrer dans la flamme, comme dit le roi Soudrako, et dont vous parlera notre prochain numéro, si la grande muraille chinoise laisse transpirer quelques détails.

William Wordsworth, le chef de l'école des poëtes lakistes (Lach-School), ainsi nommés à cause de leur prédilection pour les lacs, était né en 1770, à Cockermouth,

dans le Cumberland. Il étudia à Cambridge, et se révéla poëte avant d'être homme. Sa Promenade du soir, ses Ballades lyriques, son Excursion, ses Souvenirs d'un Touriste, lui firent d'autant plus de réputation que leur mérite fut plus violemment contesté. Son originalité consiste à dire les plus grandes choses le plus simplement possible. Cette prétention le mène parfois à la trivialité, mais le conduit souvent au sublime et à la profondeur. Personne n'a mieux rendu les sentiments intimes du cœur et les merveilles inaperçues de la nature. Notre poëte Sainte-Beuve et son école se rattachent à lui par feurs qualités et par leurs défauts. Wordsworth a vécu et s'est éteint dans un charmant ermitage de Grassmere (Westmoreland). Il a eu le courage, dans ses dernières années, de renier les excentricités radicales et les bouta

des misanthropiques (on dirait chez nous socialistes) des ouvrages de sa jeunesse.

-Le 1er mai, un train du soir partait sur le chemin de fer de Rouen. Un homme fort âgé, mais encore vigoureux, prit place dans un wagon, et s'y endormit au bout de quelque temps. Ses compagnons de route admiraient la profondeur de son sommeil. Rien ne pouvait le réveiller, ni les coups de sifflet si aigus du conducteur, ni les conversations les plus bruyantes, ni le roulement foudroyant du convoi sous les tunnels, ni les rumeurs diverses et les appels retentissants des stations. On s'inquiéta enfin de cette étrange immobilité; on appela, on secoua le dormeur..., il était mort!

Ses bagages et ses papiers indiquèrent aussitôt son

nom.

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C'était une des illustrations de la science contemporaine, M. Ducrotay de Blainville, membre de l'Institut et successeur de Cuvier dans la chaire d'anatomie comparée, au Muséum d'histoire naturelle.

Né, en 1778, à Arques (Seine-Inférieure), M. de Blainville s'était fait remarquer de bonne heure à Paris. Il suppléa Cuvier, son illustre maître, avant de le remplacer. Il se fit recevoir docteur en médecine, sans renoncer à l'anatomie. Il disséqua des milliers d'animaux, qu'il classa de la manière la plus ingénieuse. Il publia une foule de Mémoires, et continua les travaux de Vicq-d'Azir. Ses leçons au Muséum étaient des plus suivies et des plus agréables. Au don d'une parole facile, claire, abondante, il joignait un talent de dessinateur qui rendait ses démonstrations palpables.

Un jour, il visitait un de nos plus célèbres artistes. Ne le trouvant pas dans son atelier, il examina un de ses tableaux, où figurait un groupe de lions. Ce groupe était défectueux. M. de Blainville prend un crayon et une grande feuille de papier; il l'applique sur la toile et y des

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sine les lions avec une perfection telle, que l'artiste, en rentrant, effaça son groupe et copia celui du savant.

Suivant les goûts simples et modestes de sa vie, M. de Blainville a été inhumé sans autre pompe que le concours empressé de ses collègues, de ses amis et de ses élèves.

-Neuf jours après, une renommée plus grande encore s'éteignait au Jardin des Plantes: M. Gay-Lussac (NicolasFrançois), ancien élève de l'Ecole Polytechnique, ancien député, ancien pair, professeur de physique au Collège de France, et de chimie au Muséum, membre de l'Académie des sciences, collaborateur de MM. Thénard et de Humboldt, auteur de découvertes importantes dans toutes les branches de la physique et de la chimie, etc. Né la même année que M. de Blainville, à Saint-Léonard (HauteVienne), victime, en pleine leçon, d'une expérience trop hardie, M. Gay-Lussac souffrait depuis longtemps, et s'était fait transporter du Limousin, il y a trois mois, dans un état désespéré. Toutes les sommités de l'Institut ont rendu des hommages publics à sa tombe. Sa mort laisse dans la science un vide difficile à combler.

Paris, 1850. Typographie HENNUYER et Ce, rue Lemercier, 24. Batignolles.

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Bouquet d'après Van-Huysum. Roses, pavots, mauves, etc. ((1) Voyez le numéro de mai dernier.)

JUILLET 1850.

37 -DIX-SEPTIÈME VOLUME.

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