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procurera-t-il l'étoffe ? N'a-t-il pas le choix entre les peaux de phoques et les peaux de chèvres? Il donne la préférence à ces dernières, comme plus moelleuses, et le voilà taillant, coupant avec la pointe de son couteau; quant au fil, c'est le grand fragment de toile qui le fournit; et, deux jours après, il se trouve, tout flambant, habillé à neuf.

Dire quelle fut la stupéfaction délirante de Marimonda lorsqu'elle aperçut son maître sous cet étrange costume est chose impossible. Elle le retrouvait presque semblable à elle, vêtu comme elle, le poil en dehors. Ne pouvant se lasser de le regarder, de l'examiner curieusement, elle sautait, gambadait autour de lui, tantôt se roulant à ses pieds, en poussant de petits cris de joie, tantôt suspendue sur sa tête du faîte du pilier central et roulant des yeux inquiets et effarés. Quand elle l'eut ainsi inspecté de bas en haut, elle alla se tapir dans un coin, la face contre la muraille, comme pour réfléchir; puis, tournoyant sur ellemême, elle fit retour vers lui, ramassa en route le vêtement qu'il venait de quitter, portant alternativement son regard sur celui-ci et sur l'autre, très-anxieuse de savoir lequel des deux faisait réellement partie de son individu.

Après avoir joui pendant quelques instants de la surprise et des transports de sa compagne, Selkirk prit sa Bible, sa pipe, et, posant le livre sur la table, il s'y accouda, se disposant à lire et à méditer. Mais, soit par suite de sa joyeuse excitation, soit qu'elle se sentît enhardie par l'espèce de fraternité que le costume établissait entre elle

et lui, Marimonda, sans hésiter, se dirigea vers la petite étagère, y choisit une pipe à son tour, se la plaça gravement entre les dents, fort ébahie de ne pas voir la fuméc s'élever en spirale; et, d'un air important, toujours à l'instar du maître, elle vint s'asseoir vis-à-vis de lui, le front penché et le coude sur la table.

Se prêtant volontiers à la fantaisie, Selkirk lui retira la pipe des mains, la bourra de son tabac le plus aromatisé, l'alluma et la lui rendit.

A peine Marimonda eut-elle aspiré longuement la première bouffée, que, laissant tout à coup tomber sa pipe, renversant la table, rendant la fumée par la bouche et par les narines, elle s'enfuit en poussant des glapissements plaintifs, comme si elle venait de humer de la lave ardente.

A la vue du pauvre sapajou ainsi mis en désarroi, Selkirk, pour la première fois depuis son séjour dans l'ile, laissa échapper un éclat de rire retentissant qui poursuivit la fuyarde jusqu'à la grotte où elle s'était réfugiée, et que les échos étonnés prolongèrent de la grotte à l'Oasis. de l'Oasis au sommet de la Découverte.

L'exilé venait de rire enfin, de rire à gorge déployée..., et, dans ce même instant, un désastre terrible le frappait à son insu; une nouvelle guerre se préparait pour lui, durant laquelle ses armes lui deviendraient inutiles... X.-B. SAINTINE.

(La suite au prochain numéro.)

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LES DEUX MONTRES.

FABLES.

Denx quidams disputaient à qui savait mieux l'heure.
- Il est midi.. Ceci n'est jamais en défaut,
C'est un Bréguet. - Monsieur, d'un gros quart il s'en faut,
Vous dis-je en quittant ma demeure,

J'allais bien au palais Bourbon.

- Même au cadran, monsieur, on n'y dit rien de bon... Tenez..., les douze coups sonnent aux Tuileries. -Tarare! Pensez-vous que l'horloge des rois A notre confiance ait conservé des droits? - Laissons-là les plaisanteries...

Ce Bréguet à mon père a coûté cent louis...
Sur son exactitude on sait mainte anecdote...

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LE POMMIER ET LE PEUPLIER. Vers le temps où parlaient le chêne et le roseau, Un peuplier jeune, élégant et leste,

Un jour qu'octobre enfin rendait l'onde au ruisseau,
Dit an pommier :- Bonté céleste!
Pourquoi courber ainsi le front?

Pour quel crime les dieux t'ont-ils fait cet affront?
Vois comme au moindre vent je plie et je m'efface...
Es-tu donc un bloc, pauvre vieux?

Fais comme moi..., lève les yeux......
Regarde le soleil en face...

Mais quoi? déjà pour soutenir
Tes bras inclinés vers la terre

Il te faut, que sera-ce, hélas! dans l'avenir, -
Emprunter des bâtons le secours salutaire?

Ecoute un conseil d'amitié...

J'entends du bruit, garde bien tes béquilles; Car ces joyeux enfants pourraient bien, sans pitié, Les prendre pour jouer aux quilles.

- Voilà bien nos oisons sortant de leurs coquilles! Répond le pommier irrité.

Je penche vers le sol; tu dis la vérité...

Mais tu ne vois donc pas tous ces fruits que je porte?
Et qu'en m'étayant de la sorte,
On rend hommage à ma fécondité?

Jeunesse folle autant qu'aride,
Ceci s'adresse à vous souvent :
Si le vieillard avait aussi le cerveau vide,
Il porterait le nez au vent.

JOURNAL DU MOIS.

Il est des éloges qui viennent de si haut et qui sont si glorieux, qu'il est difficile de les passer longtemps sous silence. Après avoir annoncé que le principal ouvrage de son rédacteur en chef, la Bretagne ancienne et moderne, avait été honoré d'un bref de Sa Sainteté Pie IX, que la discrétion de l'auteur avait tenu secret jusqu'à ce jour, le Musée des Familles ne peut refuser à ses lecteurs un extrait de ce Bref, et la signature autographiée du Souverain Pontife, tels qu'ils sont joints aux livres de M. PitreChevalier, déposés dans nos bureaux.

EXTRAIT DU BREF DE SA SAINTETÉ PIE IX.
PIUS P. P. IX.

DILECTO FILIO N. PITRE-CHEVALIER, LUTECIAM PARISIORUM.

« Dilecte fili, salutem et apostolicam benedictionem... Opus a te exaratum ac typis in lucem editum mox accepimus, cui titulus præpositus est: La Bretagne ancienne et moderne... Porro gratulamur tibi, dilecte fili, qui Britanniæ eximia decora, successiones et vicissitudines litteris consignare studueris, quam norunt omnes, quo sanctissimæ catholicæ religionis studio, quà christianæ pietatis laude, quibus denique incorruptæ fidei documentis, ac filialis in humanam hanc Beati Petri Sedem devotionis et observantiæ sensibus maxime emineat... Multas tibi pro eodem libro gratias agimus, dilecte fili, ac præcipuæ qua te in Domino prosequimur caritatis pignus esse volumnus apostolicam benedictionem, quam, omnis auspicem gratiæ celestis, tibi eidem, intimo peterni cordis affectu, amianter impertimur.

«Datum Romæ, apud S.-Mariam Majorem, die 29 martii, anni 1847. « Pontificatus nostri, anno 1.

« PIUS P. P. IX. »

EDMOND SAINTE-MARIE (1).

TRADUCTION LITTÉRALE.

PIE IX, PREMIER PONTIFE.

A NOTE FILS CHÉRI, PITRE-CHEVALIER, A PARIS.

« Fils chéri, salut et bénédiction apostolique. Nous avons reçu l'ouvrage exécuté par vous, et publié sous le titre de: La Bretagne ancienne et moderne... Nous vous feli citons, fils chéri, d'avoir consacré vos études à signaler dans l'histoire les gloires exquises, les annales et les vicissitudes de la Bretagne, pays le plus illustre, aux yeux de tous, par son zèle pour la très-sainte religion catholique, par l'éclat de sa piété chrétienne, par les monuments de sa foi incorruptible, et enfin par les gages de son dévouement filial et de sa soumission à cette Chaire terrestre de saint Pierre... Nous vous rendons beaucoup de grâces, fils chéri, pour ce même ouvrage; et nous voulons placer un témoignage de la tendresse particulière que nous vous portons en notre Seigneur, dans la bénédiction apostolique, gage de toute grace céleste, que nous vous octroyons avec amour du fond de notre cœur paternel.

« Donné à Rome, à Sainte-Marie-Majeure, le 29 mars 1847, année première de notre Pontifical.

«PIE IX, PREMIER PONTIFE.

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(1) Ce modeste pseudonyme cache un nom important dans l'ad ministration et des plus illustres dans l'Église.

-Il n'est pas besoin d'être un journal politique, il suffit d'être un journal français, pour payer son tribut d'admiration au courage de nos soldats d'Afrique, dans le sanglant assaut de Zaatcha. Ajoutons toutefois, comme chrétiens, que notre admiration n'a pas été sans douleur à la lecture de ces trois lignes de la dépêche : « Bouzian et tous les Arabes, au nombre de sept à huit cents, se sont fait tuer jusqu'au dernier. » (Voyez au Mercure les détails sur l'oasis de Zaatcha.)

On parle beaucoup, et avec justice, de M. DuvalLecamus pour remplacer, à l'Académie des beaux-arts, M. Granet, qui vient de mourir à Aix. Si le talent de M. Duval-Lecamus n'était depuis longtemps populaire, nous rappellerions à nos lecteurs ses charmants tableaux reproduits par le Musée, notamment ses Poissonniers du dernier Salon. M. Duval est en outre un des hommes qui ont rendu les plus grands services à l'art, par son dévouement, son esprit et son habileté d'organisation. Toutes ces qualités sont autant de titres académiques.

- La statue d'argent de 25,000 fr., tirée le 20 décembre, a été gagnée par M. Louvrier, abonné du journal Illustration, qui transmettait, comme le Musée des Familles, les billets à ses souscripteurs, au prix coûtant, et sans en faire marchandise. Voilà une bonne leçon pour les journaux qui se donnent les airs de faire cadeau des billets et des primes des artistes, et qui promettent à tout venant 112,000 fr. pour rien. Le hasard lui-même s'est mis du coté de la franchise et de la vérité. (Revoir notre caricature de décembre.)

Du reste, l'heureux favori du sort à la loterie des artistes est un philosophe stoïcien qui avait perdu son fameux numéro 514, et que les commissaires du tirage ont eu toutes les peines du monde à décider à en faire la recherche. Il l'a enfin retrouvé, dit-on, dans sa commode, attaché à un collet de chemise; et ce n'est que sur de nouvelles instances qu'il a fait retirer la statue d'argent, devenue sa propriété. Gageons que celui qui gagnera dans un mois le service de 70,000 fr. ne se fera pas tant prier pour en prendre possession.

Courage! voici encore, au Théâtre-Français, une comédie honnête, et qui n'en a que plus de succès et de mérite. C'est Gabrielle, de M. Émile Augier, l'auteur de la Cique. Il a osé flétrir la séduction, dont on rit si souvent sur les planches. Son héroïne est la femme d'un homme de cœur et de courage, travailleur infatigable, excellent père de famille, et qui, par conséquent, ne perd pas sa vie à la mener au bal ou à lire des romans avec elle. Elle en conclut qu'elle est incomprise, et elle veut avoir un roman dans son existence. Heureusement, son mari l'arrête au bord de l'abîme, avec une éloquence que M. Régnier a rendue saisissante:

Croyez-vous qu'à travers sa fenêtre, Elle verra venir d'un œil bien aguerri La moindre paysanne au bras de son mari? Ou que vous conduisiez son exil adultère, Vous la verrez baisser le regard et se taire, Lorsque les bonnes gens, se tenant par la main, Sans ôter leur chapeau, passeront leur chemin! l'auvre femme! ses yeux, errant dans l'étendue, Comme pour y chercher la paix qu'elle a perdue, Tachent de découvrir, par delà l'horison, La place bienheureuse où fùme sa maison...

-M. l'abbé Le Guillou, chanoine honoraire de Quimper, aumônier de la Charité, vient de publier, chez Saer et Bray, une brochure dont les pages éloquentes ériteraient d'être lues dans nos assemblées nationales : De grandes questions sociales, au point de vue biblique, Nous regrettons que notre cadre ne nous permette que de signaler cet ouvrage à nos plus graves abonnés..

-La science et l'art s'affranchissent de plus en plus du monopole de Paris. Nous recevons à l'instant une publication (l'Art en Province), qui sort des presses de M. Des

rosiers, à Moulins, et qui brave la comparaison avec les modèles de la typographie parisienne. Une remarquable introduction de M. le comte Eug. de Montlaur et des poésies touchantes de M. de Gondrecourt, deux talents connus de nos lecteurs, annoncent le plus bel avenir à l'Art en Province, dont le passé est déjà fort honorable. De telles œuvres sont une bonne fortune pour ceux qui gardent encore le feu sacré. « Il y a, dit M. de Montlaur, une chanson populaire de la campagne de Rome, que chantent, les soirs d'été, les moissonneurs descendus des montagnes de la Sabine, et qui finit ainsi :

Bocca che quando parli cacci un fiore.

Cette jeune fille, qui répand des fleurs autour d'elle, ne serait-ce pas la Muse immortelle qui verse aux esprits las et découragés ses frais enchantements et des illusions nouvelles? >>

RECTIFICATION. Certains détails trop énergiques des Souffrances de Michel-Ange, par M. Alex. Dumas, publiées dans les premiers numéros de ce volume, ont pu étonner quelques-uns de nos lecteurs. Nous devons leur dire que nous n'avons pas été maîtres de revoir cet article, imprimé et cliché avant notre entrée en possession du Musée des Familles. Nous demanderons désormais à notre illustre collaborateur des sujets plus analogues à nos habitudes et à notre programme. Son talent est assez vaste et assez souple pour s'y conformer.

Le Français, né malin....., rit de tout, même de ses représentants. Il rirait de lui-même, s'il n'avait autre chose à faire que de se regarder au miroir. L'an dernier, à cette époque, le grand succès de rire appartenait à l'ouvrage de M. L. Reyband: Jérôme Paturot à la recherche de la meilleure des Républiques, illustré avec tant de ressemblance par M. Tony Johannot. (Voy. le Musée de décembre 1848 et de janvier 1849.) Cette année, la palme de la gaieté française revient à l'Assemblée nationale comique, texte de M. Lireux, dessins de M. Cham, dont le crayon réjouit parfois nos colonnes. L'éditeur de Paturot, M. Michel Lévy, est aussi l'éditeur de l'Assemblée comique. C'est vous dire que les deux font la paire, et que le cadet rejoindra l'aîné dans toutes les bibliothèques. Figurez-vous l'histoire, jour par jour, de la Constituante et des constituants, telle que M. Lireux la jetait au vent du Charivari, du fond de la tribune des journalistes. Dans cette histoire, moins politique que philosophique et humoristique (voilà pourquoi nous en parlons), tous les événements de l'an dernier se reflètent par leur côté plaisant, tous les discours ont leur écho railleur, tous les originaux se reconnaissent à leur charge frappante. On y voit la proclamation de la République en plein air, dominée par un trop célèbre fouriériste, dont la queue s'entortille aux colonnes du temple; on y voit les interpellations à grand orchestre; le chemin de la Montagne gravi par les ours; la fête de la Concorde où il fait grand faim; l'Assemblée en récréation, qu'il faut voir pour y croire; les séances à la vapeur, avec leurs locomotives, sans garantie du gouvernement; les stupeurs de la proposition Rateau; les tournois parlementaires où les combattants se prennent aux cheveux; les séances travesties du mardigras; le coche politique versé par les postillons étourdis; les adieux des représentants, où M. Proudhon coupe une nèche de cheveux à M. Pierre Leroux, etc., etc. Le public n'est point oublié dans le compte-rendu du spectacle; il a sa large part de moquerie et d'enseignement, comme vous en pouvez juger par la gravure ci-jointe des Pétitionnaires désintéressés et peints par eux mêmes. M. Lireux n'a encouru qu'un reproche, mais un reproche grave. Pourquoi son ironie, si aimable d'ordinaire, n'a-t-elle eu de fiel que pour les hommes qui en méritent le moias, pour M. de Falloux, par exemple? S'il est difficile de faire rire aux dépens d'un talent si élevé, est-ce une raison pour traduire en injures le dépit de la satire? Que l'auteur raye cette page de la prochaine édition de son livre; ce sera un trait d'esprit de plus, et une tache de moins.

- Conçoiton, depuis un mois, le si

lence de nos journaux sur l'exposition des produits français à Londres? Ce silence est d'antant plus honteux que les feuilles anglaises ne tarissent pas d'éloges sur les chefs-d'œuvre de notre industrie, qui promettent d'éclipser, l'an prochain, toutes les industries européennes, dont le concours s'ouvrira sous

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Exposition française à Londres. Vases de Sèvres. Surtout de table, de Villemsens.

Typographie HENNUYER et C, rue Lemercier, 24. Batignolles.

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