parfaite pour garantir entièrement l'homme de ses mauvais instincts.

Mais, si ces temps vous paraissent trop éloignés de nous, si vous craignez que l'erreur ou l'exagération se mêlent à mes paroles, prenons une époque plus voisine, et choisissons des malheurs dont nous avons été ou dont nous connaissons les témoins.

Qui croyait à Dieu et à la vie future en 93? A l'époque où sur nos autels profanés des insensés faisaient asseoir une prostituée qu'ils appelaient la Raison? Les philosophes qui venaient de mourir avaient de toutes leurs forces sapé cette double croyance, ils s'étaient moqués du Christianisme de leurs pères; ils nous avaient injuriés et appelés infames, nous qui portons entre nos mains le trésor des hommes et des peuples, la foi ferme et certaine en la vie future et en Dieu. Aussi le châtiment nécessaire ne s'est point fait attendre; la Terreur est venue, et avec elle l'organisation impu: dente du vice. Le vol public a été sanctionné par les lois, la proscription a dépeuplé nos villes, la guillotine s'est installée en permanence sur nos places, et la mitraille et les noyades sont venues en aide aux bourreaux fatigués, pour faire marcher plus vite leur sanglante besogne. Tout tombait en

poussière sous le marteau des démolisseurs les arts, la littérature, les sciences étaient remplacés la débauche et les orgies; encore un pas de plus, et si Dieu n'avait point eu pitié de notre France, la société sombrait tout entière, abimée dans la boue et dans le sang.

par

Voilà ce que nous avons vu de nos yeux et toupour ainsi dire de nos mains; mais faut-il s'en étonner?

ché

Non, sans doute; Dieu et la vie future sont dans la société comme les principes dans toute science; c'est sur eux que tout l'ensemble repose. S'ils viennent à trembler, tout vacille; s'ils sont convaincus d'erreur et de mensonge, toutes les conclusions suivent le même sort et le travail est à reprendre en son entier. Dieu et la vie future sont comme le soleil dans le ciel; s'il s'obscurcit pour un moment, aussitôt le jour commence à baisser; s'il se cache sous l'horizon, à l'instant les ténèbres envahissent la terre, l'homme se retire dans sa demeure, et les animaux féroces témoignent par leurs cris que leur moment est venu. Dieu et la vie future sont les deux colonnes sur lesquelles s'appuie tout l'édifice social; les ignorants ou les impies peuvent ne point le savoir, mais elles n'en donnent pas moins à l'ensemble sa force et sa solidité. Quand

elles viennent à être sapées et à tomber, tout s'écroule; et à la place d'un temple élevé à la gloire de Dieu, il ne reste que des débris informes qui disparaissent tous les jours et que le sable ensevelit.

Concluons donc et instruits à la fois par la théorie et par le spectacle des choses accomplies, disons qu'il est nécessaire pour les individus, nécessaire et absolument nécessaire pour les sociétés, de croire en Dieu et en la vie future, ou, en d'autres termes, d'avoir une religion,

C'est pourquoi je vous en conjure par votre âme et par votre vie, par votre épouse, par vos enfants, si Dieu vous en a donné, par votre père et par votre mère; je vous en conjure par le devoir par la justice, ou par tout ce que vous croirez plus saint et plus sacré; laissez-vous convaincre, écoutez mon conseil et ma prière, ayez une religion: soyez Chrétien.

et

Je vous en supplie à cause de vous-même; car maintenant vous ne pourrez plus dire que vous n'avez point assez réfléchi et que vous avez manqué de lumière; à partir de ce moment où nous sommes, toute résistance de votre part devient un crime, que Dieu vengeur punira. Je vous en sup

plie à cause de vos frères; car vous savez que tout exemple entraîne, et le vôtre plus peut-être que celui de plusieurs qui n'ont point autant reçu. Craignez d'être pour eux une cause de ruine éternelle, et d'avoir à porter un jour devant Dieu le fardeau de leur perte et de leur condamnation. Je vous en supplie à cause de votre patrie : chaque citoyen a sur elle sa part d'action et d'influence, et dans cette lutte gigantesque entre le bien et le mal, entre l'incrédulité et la foi, il se peut que votre conversion fasse pencher la balance et assure la victoire de la vérité et du bien. Je vous en supplie enfin au nom de l'univers entier où vous tenez votre place; ne retardez pas sa marche vers le salut, ne soyez pas un obstacle placé sur la route de son progrès; mais plutôt, par votre fidélité, préparez ces jours heureux où le mal aura disparu de la terre; et où le monde devenu Chrétien ne sera plus qu'une famille de frères, unis sous un même Dieu, dans la lumière d'une même foi et dans l'ardeur d'un même amour.

CHAPITRE IV.

Objection: la religion naturelle suffit.

Eh bien! direz-vous peut-être, je me rends à votre prière; ou plutôt vous n'avez fait qu'exprimer ce que je ressentais depuis longtemps dans mon cœur. Oui, je veux avoir, je dirai même, j'ai déjà une religion; mais pourquoi m'attirer à la religion Chrétienne qui, par tant de doctrines obscures et incompréhensibles, éloigne maladroitement les âmes bien disposées, et ternit la splendeur de son dogme et la perfection de sa morale, par tant de préceptes arbitrairement imposés ? Pourquoi m'attirer dans une religion où l'homme, pour se mettre en rapport avec son Dieu, et recevoir de lui la lumière, a besoin d'une longue série de témoins sujets né